Nicolas Demorand s’affronte ce matin sur France-Inter à Frédéric Lefebvre, le porte-parole de l’UMP-aux-cheveux-longs-et-gras, porte-flingue de la droite (et il a vraiment les cheveux très-longs-et-très-gras) mais il faut quand même bien admettre que Demorand est éligible à la médaille d’or du roquet-club. Quelle triste transformation. Ce garçon était un vrai régal de l’esprit quand il officiait le matin sur France-Culture avec finesse et subtilité, animant de vrais débats matinaux d’intellectuels ou de politiques, prenant le temps d’écouter et de comprendre. Aujourd’hui il a rétrogradé dans la catégorie des pisses-vinaigres radiophoniques provoquant, interrompant, abusant, manipulant ses interlocuteurs, privilégiant l’agression sur le débat, la petite phrase sur la réflexion, le scoop pipole sur l’information, bref, il est devenu vendeur de bouillie instantanée sur les ondes matinales de France-Inter (et de soupe télévisuelle sur France-5). Quelle régression pour un garçon pourtant agrégé de lettres et de philosophie…
Certes ses interlocuteurs politicards s’y entendent aussi en matière de rouerie et de manipulation, mais est-ce une raison pour se mettre à leur niveau ? Hélas, oui sans doute. Après tout Demorand compromet avec les objectifs de son employeur, ce n’est pas un crime et il suffit de ne plus l’écouter.
Mais alors qu’on le croyait irremplaçable lorsqu’il a quitté les matins de France-Culture en 2006, son successeur Ali Badou et l’a fait oublier rapidement. Mais hélas encore, trois fois hélas, Ali, autre normalien et agrégé de lettres, a lui aussi cédé aux sirènes de la télé et abandonné France-Culture l’an passé. Il est remplacé par Marc Voinchet, qui tient bien la route pour le moment.