David Bowie is… (1)

Bowie à l'affiche dans tout Paris et les dîners en ville. La consécration d'un vrai artiste !David Bowie est à l’affiche dans tout Paris avec l’exposition David Bowie is de passage pour quelques mois à la Philharmonie de Paris et, autour, nombre d’évènements célébrant l’artiste et son influence : concerts, conférences, installations…, sans parler de nombre d’émissions médiatiques et de suppléments de journaux spécialisés à grand renfort de couvertures facilement composées à partir des multiples facettes jouées par le personnage tout au long de sa carrière.

Il se dit que Bowie était venu anonymement visiter l’exposition lorsqu’elle est passée à Londres. On le verra peut-être à Paris d’ici le 31 mai fin de l’étape parisienne de la caravane David Bowie is.

Ce soir, la Philharmonie présente l’orchestre national d’Ile de France interprétant deux symphonies écrites par Philip Glass, compositeur américain de musique contemporaine, sur des variations des albums mythiques Low et Heroes. Durant Low un film noir et blanc est projeté sur un grand écran placé au-dessus de l’orchestre, on y voit un Berlin en friche, comme dévasté au milieu de ruines urbaines dans lesquelles erre un homme. A l’issue de cette symphonie l’orchestre se retire et l’homme errant entre (en vrai) sur scène où il récite le livret du disque Outside narrant les aventures du détective Nathan Adler spécialiste en crime mis en scène comme œuvre artistique, et enquêtant sur le meurtre de Baby Grace Blue. Deux musiciens l’accompagnent aux claviers et à la guitare. Les textes sont complètement surréalistes et délirants, fruit de l’imagination débordante de Bowie, et la beauté de la mise en scène est que le film précédent est repassé et le spectateur découvre que le journal de Nathan Adler en est en fait le scénario. La récitation se termine par l’interprétation très pure de Where are we now? morceau présent dans le dernier disque surprise de Bowie sorti en 2013 et se déroulant à… Berlin : Had to get the train/ From Potsdamer Platz/ You never knew that/ That I could do that/ Just walking the dead/ …/ Where are we now?/ The moment you know…

Après l’entracte, l’orchestre revient pour interpréter la Symphonie 4 « Heroes » avec en fond un film sur un couple de danseurs (dont la femme offre une frappante ressemblance avec Bowie) évoluant toujours dans des environnements en ruine et prestant une danse contemporaine un peu saccadée et répétitive, sans doute dans l’air de la modernité.

Tout ceci est bel et bien beau, inspiré par l’œuvre musicale majeure de Bowie, mais sans doute un peu trop intellectuel et contemporain, bobo-arty pour faire plus court… On perd un peu de la fulgurance bowienne. C’est bien que cela existe mais ne représente sans doute pas le format idéal pour les compositions de David Bowie, sans doute plus adaptées au concert rock ou au CD.

La représentation a lieu dans la nouvelle grande et polémique salle de concert de cet ensemble dédié à la musique inauguré en janvier 2015. Un peu tarabiscotée et kitsch, sans doute de bonne qualité acoustique pour les puristes, le spectateur-contribuable ne peut s’empêcher de se demander s’il était bien raisonnable de dépenser des fonds publics pour une nouvelle salle de concert à Paris qui en compte déjà bon nombre. Bien entendu cette Philharmonie n’est pas programmée pour être rentable et les contribuables vont bien entendu devoir en subventionner le fonctionnement que le prix des places à payer par les spectateurs ne suffira pas à équilibrer. C’est l’exception culturelle à la française.

Voir aussi David Bowie is…(2)

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