Le cynisme des marchés

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Encore un exploit de « Monsieur le Marché ». Les bourses n’arrêtent pas de dévisser et la dernière explication avancée serait que « Monsieur le Marché » estime insuffisant les plans de relance mondiaux mis en place pour refinancer ses propres errements. C’est à se taper la tête contre les murs ! Les marchés que l’on découvre aujourd’hui peuplés de banquiers divas, d’analystes mondains et moutonniers, et de traders parfois fraudeurs, ces marchés qui depuis 15 ans s’évertuent à pousser les entreprises à cracher du cash-flow au-delà du raisonnable à grand coups d’OPA hostiles, de synergies industrielles, de dézinguage de patrons, de démontage de filières, d’extraction de valeur, et autres pipeautages divers, ces marchés par définition parfaits ont conduit la planète finance à la banqueroute totale.

Pour éviter la fin du monde, les Etats sont en train de pressuriser leurs contribuables à un point tel que nos arrière-petits-enfants continueront à payer des impôts pour rembourser les dettes colossales accumulées pour combler les pertes abyssales générées par les visions de « Monsieur le Marché » (il est  d’ailleurs ces dettes ne pourront jamais être intégralement remboursées mais c’est une autre histoire dont nous reparlerons un jour). A côté de ces montagnes de dettes, la RDS/CRDS mise en place par Juppé pour combler les déficits sociaux sur 10 ou 15 ans est de la petite bière. Et donc « Monsieur le Marché » estimant insuffisants ces efforts de plusieurs générations de contribuables et continuent à casser les bourses histoire de marquer son mécontentement. C’est l’hôpital qui se moque de la charité.

Petit coin d’espoir dans ce monde fou, les ex-patrons britanniques des banques RBS (la plus grosse perte jamais enregistrée par une entreprise au Royaume-Uni : 27 milliards d’euros en 2008) et HBOS, nationalisées par le contribuable anglais pour les sauver de la faillite, ont fait acte de contrition à Westminster avec quelques formules sans doute plus ou moins imposées du style : « je présente mes profondes excuses sans réserve », « nous sommes désolés de la tournure des évènements », « j’accepte pleinement ma responsabilité », « nous avons échoué à prédire ce qui s’est passé sur les marchés du financement » sans pour cela s’empêcher de tempérer leurs fautes personnelles par l’aveuglement collectif : « je ne me sens pas particulièrement coupable à titre personnel. »

Malgré tout, Sir Fred Goodwin, 50 ans, ex-directeur-général de RBS se fait servir une retraite à vie de 720 000 euros/an, sans doute pour bons et loyaux services, qui fait actuellement scandale à Londres où même le premier ministre s’en est ému.