BUBER-NEUMANN Margarete, ‘Prisonnière de Staline et d’Hitler 1 – Déportée en Sibérie’.

Sortie : 1949, Chez : Editions du Seuil / POINTS P1191.

Margarete Buber-Neumann (1901-1989) fut une militante communiste allemande. Vivant avec Heinz Neumann, dirigeant du parti communiste allemand dans les années 1930, ils se réfugient tous les deux en Union soviétique à l’arrivée du nazisme en Allemagne avec nombre de membres du Kominterm, l’internationale communiste.

Arrivés à Moscou en 1935 ils vont être victimes des procès staliniens et des grandes purges qui s’en suivirent. L’auteure raconte l’incroyable mécanique bureaucratique qui entraîna la déportation et la mort de millions de personnes. Neumann est arrêté en 1937, déporté puis porté disparu. Margaret est arrêtée en 1938, condamnée à 5 ans de camp pour « activités contre-révolutionnaires ». Au bout de deux ans de goulag au Kazakhstan elle est remise par le NKVD (la police politique stalinienne) à… la gestapo dans le cadre de l’accord germano-soviétique et elle passera cinq ans dans le camp de concentration de Ravensbrück. Quel sinistre parcours !

Cette première partie raconte l’enferment soviétique, des interrogatoires en prison au goulag en passant par la condamnation. Car évidemment la dictature stalinienne doit faire « avouer » les « coupables » avant de les emprisonner ou de les exécuter. Le régime nazi ne s’embarrassera pas d’autant de préventions pour exterminer ses opposants ou les « races » qui lui déplaisent. On suit avec Margarete Neumann l’absurdité et la barbarie du monde concentrationnaire soviétique au cours de ce récit qui la mène de Moscou au goulag avant d’être livrée à la gestapo.

Publiée dès 1949, son expérience du goulag soviétique sera contestée par les partis communistes européens et elle sera sévèrement attaquée par tous les intellectuels de la « cause ». On sait qu’il faudra attendre le rapport Kroutchev en 1956, et plus encore l’œuvre de Soljenitsyne à partir des années 1960, pour que le monde prenne conscience de l’ampleur de la répression soviétique qui fit des dizaines de millions de morts dans la seconde moitié du XXème siècle. Margarete Buber-Neumann fut une lanceuse d’alerte, fort peu écoutée à l’époque.