La protection sociale française coûte cher

Intéressant (mais compliqué) rapport de l’INSEE (dit rapport « Cotis » du nom de son directeur général) sur le partage de la valeur ajoutée, des profits et les écarts de rémunérations en France : il en ressort que la part des rémunérations dans la valeur ajoutée des entreprises non financières (donc hors administration, sociétés financières et ménages, soit environ 60% de la valeur ajoutée nationale en 2007) est restée stable depuis 1950 aux environs des 2/3, avec un pic post-choc pétrolier dans les années 70 puis une redescente dans les années 90. Mais à l’intérieur de ce bloc de 2/3, la part consacrée aux charges sociales a progressé plus vite que le salaire net. De même que la progression du millième le mieux rémunéré a été plus forte que celle des salaires médians, elle-même moins forte que celle des bas salaires.

On y découvre que les 10% des plus hauts revenus salariaux appartiennent aux trois secteurs du conseil, des activités financières et du commerce de gros. En 2005 le revenu moyen (salaires + divers transferts) était de 20 500 EUR, avec une progression très forte à partir des années 90 pour les 0,01% des plus hauts revenus que pour les 90%. Il semble que le creusement de cet écart en faveur des plus riches soit beaucoup plus fort dans les autres pays. La France est dans la moyenne, entre les Etats-Unis où les inégalités sont les plus fortes et la Suède à l’autre bout de l’échelle.

L’excédent brut d’exploitation, c’est-à-dire les 40% de valeur ajoutée restant après déduction des 60% consacrés aux rémunérations, est réparti en 2007 est réparti entre l’autofinancement des entreprises (40%), les revenus du capital versés aux propriétaires du capital (25%), les impôts (15%), les frais financiers (10%) et divers dont (10%).

La conclusion note que malgré la stabilité sur longue période de la part de la valeur ajoutée consacrée aux rémunérations (60%), la faible « dynamique » (ce qui signifie croissance) des salaires nets s’explique notamment par l’augmentation de la part des salaires bruts consacrée au financement de la protection sociale de haut niveau (choix politique français), la montée en puissance de l’emploi précaire.

Bref, une réflexion sophistiquée afin de donner un peu de sens aux débats « café du commerce » que l’on entend dans les enceintes politiques relayées par les journaux de TF1.

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