Alors que les médias français épuisent leurs auditeurs à commenter les sondages de la campagne électorale présidentielle française, ils sont en train de passer à côté d’une étape majeure dans la poursuite de l’émancipation des dernières colonies françaises. Dimanche prochain aura lieu le troisième référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie dont la question est a priori la même que pour les deux premiers :
Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?
La partie kanake avait souhaité que cette troisième étape soit reportée compte tenu de la crise sanitaire et afin de ne pas interférer avec la campagne présidentielle. Cette demande ayant été repoussée, ce troisième référendum maintenu au 12 décembre, les Kanaks ont décidé de boycotter le scrutin rendant ainsi plutôt improbable la victoire de l’option « indépendance ».
C’est une mauvaise nouvelle pour ce territoire comme pour l’ensemble de la communauté française car indépendance il y aura un jour, et plus on attend plus celle-ci se déroulera dans la douleur. On peut craindre que le boycott Kanak soit opportuniste devant la difficulté prévisible que le « oui » l’emporte. Une nouvelle fois la France est confrontée à son dilemme de puissance coloniale du XXIème siècle : comment rendre leur souveraineté à des territoires qui montrent dans leurs comportements de tous les jours qu’ils la souhaitent mais qui n’ont pas le courage de demander le divorce, même avec « pension alimentaire » ? Le processus calédonien avait pourtant été conçu de façon intelligente, participative et apaisée depuis les accords dits « de Matignon » en 1988 suivis des accords dit « de Nouméa » en 1998, mais, comme souvent, au moment du grand saut, les partisans de l’indépendante risquent de reculer.
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Pourtant il va bien falloir trouver une solution et, dans le cas de la Nouvelle-Calédonie, rendre sa souveraineté à ce pays. Si l’issue du scrutin de dimanche prochain est le « non » nous allons repartir dans un nouveau processus de décolonisation qui va encore durer des décennies. Peut-être faudrait-il revoir la composition du corps électoral de façon à s’assurer que les indépendantistes y soient majoritaires ? Ou que la France prenne officiellement partie pour le retour à la souveraineté de la Nouvelle-Calédonie ? Tout ceci est délicat et annonciateur d’ennuis et de dépenses inutiles pour encore de très longues années, d’autant plus que les autres territoires « extra-marins » français s’enferrent dans les mêmes contradictions…
A moins d’une bonne surprise ce 12 décembre à Nouméa ?