Une nouvelle première ministre conservatrice, Liz Truss, désignée en catimini après la démission sans gloire de son prédécesseur, Boris Johnson, a lancé un collectif budgétaire bâclé délivrant des baisses d’impôt pour les plus riche et renonçant à l’augmentation d’impôt sur les sociétés décidée par le gouvernement précédent pour financer l’accroissement des dépenses du Royaume liée à la crise sanitaire.
Toutes ces annonces de baisses (ou de non-augmentations) d’impôt ont un peu inquiété Monsieur le Marché qui est d’habitude plutôt gourmand de ce genre de politique fiscale favorisant les investisseurs. Du coup la livre sterling a perdu beaucoup de sa valeur et les taux d’intérêt de la dette britannique ont augmenté. La banque centrale britannique a initié la hausse de ses taux d’intérêt de base pour lutter contre les attaques contre la monnaie nationale. Le nouveau ministre des finances qui a décliné ce budget a expliqué un peu négligemment que les baisses d’impôt seraient financées par un accroissement de la dette publique sans donner plus de détails. A priori Monsieur le Marché n’est pas très enthousiaste à l’idée de financer cette dette. Sans doute Londres croyait encore au mythe de l’argent magique éternel.
Du coup, branle-bas de combat au Royaume-Uni, un mois après sa désignation la première ministre vacille, le ministre des finances est démis de ses fonctions, la cote de popularité du parti conservateur est au plus bas et les baisses d’impôt sont repoussées à plus tard.
Tout ceci fleure bon un amateurisme auquel le Royaume-Uni nous a un peu habitué depuis les négociations pour sa sortie de l’Union européenne (UE). On dirait que ce pays protestant se rapproche du laisser-aller latin dans la gestion de ses finances publiques. C’est inattendu. Les opposants à la sortie de l’UE clament que c’est là le résultat de cette décision. C’est aller un peu vite en besogne tant le chaos d’aujourd’hui semble plutôt être le simple résultat de l’incompétence de dirigeants de rencontre plus concernés par leurs comptes Twitter que par la théorie économique pourtant largement élaborée en l’Angleterre au cours de l’histoire contemporaine.