Le musée de l’Orangerie expose la relation partagée entre Amedeo Modigliani (1884-1920) avec un de ses marchands, Paul Guillaume (1891-1934) à travers les tableaux du premier, dont nombre de portrait de M. Guillaume qui ne détestait manifestement pas se faire portraiturer et photographier. Modigliani, italien de religion juive arrive en France en 1903, après un séjour à Venise, se lance dans la sculpture, marque un grand intérêt pour les arts africains dont il s’inspire, fréquente Montparnasse, Montmartre et s’insère dans le foisonnement de la vie culturelle qui explose à cette époque. Ses amis sont Brancusi, Utrillo, Max Jacob, Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Diego Riviera… puis Paul Guillaume qui découvre, fortifie et monétarise son talent de peintre.
L’Orangerie montre une galerie de portraits caractéristiques du modernisme du pinceau de l’Italien : des personnages légèrement difformes, des yeux aux orbites souvent vides mais colorées, des cous surdimensionnés, des traits taillés à la serpe, des corps alanguis, souvent posés sur une chaise, attablés ou accoudés sur un meuble. Dans les tableaux il n’y a quasiment pas d’autres objets, encore moins d’ouvertures sur l’extérieur, tout est centré sur ses modèles qui sont pour la plupart issus des écrivains et artistes parisiens. Pendant que Picasso et Braque fondent le cubisme, Modigliani, qu’ils croisent parfois au Bateau Lavoir de Montmartre sans en être proche, reste fidèle à l’Ecole de Paris qui transforme le postimpressioniste en le modernisant sans le révolutionner.
La reconnaissance dont bénéficie Modigliani ne l’empêche pas de mener une vie dissolue. Alcool et cannabis expliquent sans doute en partie son décès à Paris à 35 ans. Son marchand Paul Guillaume décède quelques années plus tard. Une sombre histoire de détournement de sa succession dans laquelle est impliquée sa femme amène une décision de justice qui fait revenir l’essentiel de son immense collection à l’Etat français. Elle est visible à la suite de celle de Modigliani.