Sonia Kronlud est productrice-animatrice de l’émission « Les pieds sur terre » sur France-Culture. Elle a réalisé ce documentaire en souvenir de ses premiers amoureux qui étaient mythomanes. Celui objet du film est un Brésilien qui mène plusieurs vies sentimentales en parallèle, à Paris, en Pologne, aux Pays-Bas, après avoir sévi au Brésil et en Argentine. Il s’invente des nationalités, des métiers, des passés et réussit à séduire des femmes qui sont loin d’être des godiches jusqu’à construire des vies comunes. L’une d’entre elles est d’ailleurs enceinte de ses œuvres quand elle découvre la manipulation qu’elle va partager avec d’autres victimes dont elle retrouve la trace sur le profil de « Ricardo » laissé sur son propre ordinateur qu’il utilisait de temps à autre.
La réalisatrice a retrouvé certaines de ces femmes qu’elle fait témoigner dans le film, parfois via des actrices qui jouent le rôle de celle qui veulent rester anonyme. Mais surtout elle part à la recherche de Ricardo qu’elle va retrouver en Pologne et qu’elle fait apparaître dans le documentaire sans qu’il ne comprenne à qui il a à faire. Le final est plutôt burlesque pour le parcours d’un homme détestable. Mais Sonia Kronlud n’a pas de pouvoir de police, son but est seulement d’empêcher si possible de nouvelles victimes en dénonçant médiatiquement ce coupable. Il n’est pas violent, juste menteur. Il n’a tué personne mais seulement joué avec les femmes pour les séduire. Mais qui sait si un homme doué d’une telle duplicité ne serait pas capable du pire ?
On reste stupéfait de la facilité avec laquelle il a mené ses victimes en bateau, et sur la durée. L’une d’entre elles évoque l’aveuglement de l’état amoureux comme explication. Il y a certainement de çà, mais il s’agit surtout de la machiavélique habilité de « Ricardo » pour séduire via la tromperie. Le sujet est traité un humour pince-sans-rire de la réalisatrice et des victimes, atténuant quelque peu l’énormité des manipulations exécutées par le séducteur pervers.