Un chemin heurté vers l’inévitable indépendance de la Nouvelle-Calédonie

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Le territoire de la Nouvelle-Calédonie est de nouveau à feu et à sang depuis quelques jours, pillages, émeutes et guérilla ont fait quatre morts à ce stade, dont un gendarme, de nombreux blessés et des dégradations matérielles importantes. Les accords dits « de Nouméa » signés en 1998 entre l’Etat et les représentants de cet archipel ont reconnu le statut de « colonie » à la Nouvelle-Calédonie et la nécessité de mettre en œuvre un processus de décolonisation. Hélas, la succession de trois référendums organisés entre 2018 et 2020 n’a pas permis de dégager une majorité en faveur de l’indépendance et de permettre ainsi à ce territoire de voguer de ses propres ailes et à la France de se libérer du poids politique et financier de cette colonie.

Les accords de Nouméa précisaient dans leur préambule :

Le moment est venu de reconnaître les ombres de la période coloniale, même si elle ne fut pas dépourvue de lumière.
Le choc de la colonisation a constitué un traumatisme durable pour la population d’origine. …

… Le passé a été le temps de la colonisation. Le présent est le temps du partage, par le rééquilibrage. L’avenir doit être le temps de l’identité, dans un destin commun.

La France est prête à accompagner la Nouvelle-Calédonie dans cette voie. …

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000555817

Les émeutes en cours montrent qu’on est loin de cet objectif. La raison de cet échec est toujours la même, celle de la composition du corps électoral. La France est une démocratie qui ne sait pas différencier le droit de vote de ses citoyens, quand bien même ils résident dans une ancienne colonie déjà pourvue d’une grande autonomie. Une exception avait été incluse dans la constitution (Titre XIII) pour régir le statut spécifique de la Nouvelle-Calédonie et, notamment, la composition de son corps électoral. En gros, étaient autorisés à voter pour les trois référendums, les résidents sur le territoire depuis plus de dix ans en 1998. Rien n’a été changé depuis si ce n’est que le parlement français a voté le « dégel » du corps électoral puisque de nombreuses évolutions démographiques ont modifiés la structure de la population et de l’électorat depuis 1988, date du gel actuel.

Cela ne fait pas l’affaire des indépendantistes principalement composés des Kanaks, les populations originaires de l’île qui ne seraient toujours pas majoritaires aujourd’hui face aux Caldoches, les descendants des colons auxquels il convient d’ajouter les expatriés qui restent sur place plusieurs années.

Cela dérange encore plus les affaires de la France qui ne sait comment se tirer de cet imbroglio juridique. En réalité la seule solution pour assurer l’indépendance souhaitable de la Nouvelle-Calédonie serait de pouvoir concevoir un corps électoral ad hoc qui donnerait le droit de vote sur le « destin commun » uniquement aux populations indigènes. Cela reviendrait à exclure les Caldoches et les expatriés. Ce serait évidement très complexe à mettre en œuvre car il faudrait inventer des critères pour prouver « l’indigénéité » des « indigènes » qui seraient forcément subjectifs, « présence en Nouvelle-Calédonie depuis plusieurs générations » par exemple puisqu’il est difficile de retenir des critères physiques…

Une telle solution serait forcément injuste pour les Caldoches qui porteraient ainsi la responsabilité collective de la colonisation menées par leurs ancêtres sous l’autorité du gouvernement français mais il est des situations où l’intérêt général du pays peut mériter d’être défendu au détriment des intérêts particuliers. Il faudrait en échange garantir la nationalité française à tous les citoyens ainsi exclus du corps électoral et, probablement, financer leur rapatriement et installation en France pour ceux qui ne souhaitent pas rester sur place après l’indépendance. Il s’agit de 100 à 150 000 personnes qui, tels les rapatriés d’Algérie en 1962, garderont alors pour des générations une rancœur contre la France. Quels élus ou dirigeants auront le courage de lancer une telle réflexion ?

Ce qui devrait les guider est la question : « existe-t-il la moindre chance pour qu’un jour les Kanaks acceptent la tutelle de la France de façon apaisée et positive ? » La réponse est évidement non, ce qui devrait conduire des dirigeants à mener à bien le plus rapidement possible la décolonisation de ce territoire, fusse au prix d’une injustice au détriment des Caldoches !

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