Les Français ont voté et le résultat de leurs suffrages est une assemblée nationale divisée en trois tiers plus ou moins d’égale puissance en nombre de députés : la droite radicale composée majoritairement du Rassemblement National (RN), la gauche radicale, quatre ou cinq partis réunis dans l’alliance électorale Nouveau front populaire (NFP) dominée par sa composante propalestinienne et le centre droit. Aucune de ces trois tendances ne peut à elle-seule emporter la majorité absolue et donc faire appliquer son programme. L’assemblée est donc condamnée soit à l’immobilisme, soit à des alliances. Les partis ont déjà affiché leur défiance les uns envers les autres et expliquent qu’ils sont d’accord pour une alliance à condition que ce soit sur leur programme. Autant dire que la négociation s’annonce mal. Comme souvent, des dirigeants de rencontre élus par les Français privilégient leurs intérêts particuliers au détriment de l’intérêt du pays.
La solution de l’immobilisme ne serait finalement peut-être pas la pire des solutions. Elle entraînerait de fait une stabilité législative par l’impossibilité de faire voter de nouvelles réformes. Est-ce vraiment un problème ? Sans doute pas, préoccupons-nous déjà de faire appliquer les lois existantes. Le corpus législatif préexistant déjà très fourni suffit à occuper l’administration d’autant plus qu’un certain nombre de décisions ne relèvent pas d’un vote au parlement mais plus simplement de circulaires ou décrets qui pourront être pris par un gouvernement à mettre en place, quelle que soit sa couleur politique. On pourra attendre quelques temps pour envisager de nouvelles réformes législatives. En attendant, respirons un peu. Même la Loi de finances annuelle qui est le texte majeur de toute législature qui doit en principe être voté avant le 31 décembre de l’année précédente, s’il ne peut pas être voté du fait de l’irresponsabilité de partis incapables de s’entendre sur un texte commun, peut être mis en vigueur sans vote par renouvellement par douzièmes mensuels du budget précédent. La constitution de la Ve République a tout prévu.
Et si les électeurs sont insatisfaits de devoir renoncer, au moins provisoirement, aux réformes tonitruantes annoncées par les partis sur lesquels ils ont porté leurs suffrages, il leur suffira la prochaine fois de voter autrement. C’est ce qu’on appelle la responsabilité des citoyens.