« Surréalisme » au Centre Pompidou

C’est le centième anniversaire de la parution du « Manifeste du surréalisme » par André Breton, le Centre Pompidou se devait de fêter l’évènement avec cette exposition « Le surréalisme d’abord et toujours », l’une des dernières avant la fermeture du musée plusieurs années pour rénovation à partir de l’été 2025 jusqu’à 2030. Le mouvement, auquel ont participé des intellectuels et artistes très divers, intrigue par son aspect délirant. Fondé sur les ruines de l’Europe dévastée par la première guerre mondiale il se veut un mouvement d’expression globale où s’entremêlent la poésie, l’art pictural, la photographie, le cinéma.

Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue.

André Breton

Utilisant le ou les médias de son choix, les surréalistes sont sommés de laisser divaguer leur pensée pour ne se laisser guider que par leur créativité. Le résultat est souvent renversant : les tableaux de Max Ernst, Dali, Picasso, Magritte, les poèmes d’Apollinaire, d’Eluard, les revues animées par Breton, les références au rêve, à Freud, à l’inconscient, à la politique. Nombre des membres du mouvement ont été adhérents du Parti communiste français (PCF), beaucoup l’ont quitté. Breton a rédigé en 1938 le texte « Pour un Art révolutionnaire indépendant » qui, pour des raisons tactiques a été signé par Diego Riviera. Le tract évoque l’absolue nécessité de séparer propagande politique et subjectivité artistique. Malgré tout, Aragon sera chassé du mouvement au terme d’un « procès » mené par Breton qui l’accuse d’avoir trahi au profit de l’Union soviétique.

Le surréalisme a été exporté dans différents pays et continents. L’un de ses procédés, l’écriture automatique où le psychisme prend le pas sur la conscience, a même été utilisée par David Bowie qui découpait des phrases dans les journaux puis les associait de façon aléatoire :

I’m an alligator, I’m a mama-papa coming for you
I’m the space invader, I’ll be a rock ‘n’ rollin’ bitch for you
Keep your mouth shut, you’re squawking like a pink monkey bird
And I’m busting up my brains for the words

David Bowie (Moonage daydream)

Un livre du poète Claude Cahun est ouvert à la page de ce poème abscond :

J’ai mangé
à mon déjeuner ;
une gomme à effacer
un setier de grains de beauté
des graines de santé
en purée
la langue du chat
deux montres en chocolat
la queue d’un rat
salé du sel d’un sablier
des cheveux d’ange
et une orange

Claude Cahun

De Cahun à Bowie…

L’exposition est essentiellement picturale avec quelques références aux médias utilisés par le mouvement. Le visiteur non spécialiste n’est pas bien sûr de tout comprendre à ce parcours surréaliste, alors il achète les « Manifestes » (il y en a deux et même les prémices d’un troisième dans le Folio vendu pour 9,40 EUR à la librairie de musée) afin de retourner à la source.

Surréalisme

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