La Corse veut parler le corse

L’assemblée de corse a inclus dans son règlement intérieur il y a quelques années déjà que les « langues des débats sont le corse et le français ». Le site web de cette institution est d’ailleurs bilingue de même que les messages des élus sur leurs comptes des réseaux dits « sociaux ». Heureusement pour les francophones qui s’intéressent à cette communication nombre d’applications traduisent facilement le corse en français et, parfois, le site de l’assemblée de corse propose également une traduction en français des discours ou débats, au moins pour le moment.

La cour d’appel administrative de Marseille vient de rendre un arrêt dans lequel il est rappelé que « La langue de la République est le français », comme mentionné dans l’article 2 de la Constitution, et qu’il est donc illégal de parler le corse dans une institution publique comme l’assemblée de Corse. Cette position a évidemment provoqué localement une « indignation unanime ».

La collectivité de Corse, un autre machin administratif spécifique à cette île, a publié un communiqué ce 3 décembre :

Nous avons tous été impressionnés et émus par la sincérité de ces jeunes, leur incompréhension de voir leur langue interdite dans les institutions et dans l’espace public alors même que le système éducatif s’affirme favorable au bilinguisme, leur refus d’accepter cette injustice, leur volonté de la combattre de façon démocratique et pacifique.

Nous leur avons tous dit, chacun avec nos mots, que nous n’acceptons pas qu’ils soient aujourd’hui contraints de faire ce que nous avons fait quarante ou cinquante ans avant eux : aller dans la rue pour avoir le droit de parler notre langue.

Notre devoir est d’être aux côtés de cette jeunesse.

Pour lui dire que, oui, le droit à parler, écrire, chanter, rêver dans sa langue ou dans ses langues est un droit fondamental, au plan individuel et au plan collectif.

https://www.isula.corsica/Lingua-corsa-lingua-ufficiale-cumunicatu-di-u-Presidente-di-u-Cunsigliu-esecutivu-di-Corsica-e-di-a-Presidente-di-l_a5174.html

Pour le moment les négociations avec l’Etat sur une « autonomie » du territoire sont embolisées à cause de l’instabilité politique. Elles n’ont pas encore abouti à une modification de la Constitution reconnaissant la « langue corse » pas plus que le « peuple corse ». Le mieux serait que cette « autonomie » devienne un jour une indépendance afin que le « peuple corse » puisse se développer dans sa langue, loin de l’oppression française. Cela va prendre des générations mais il faut toujours revenir à la question basique : « existe-t-il une chance, si mince soit-elle, que les Corses soient un jour heureux et apaisés d’être partie de la République française ? » La réponse est hélas « non », les conséquences à en tirer sont donc claires : l’indépendance, mais une indépendance intelligente, convenue entre négociateurs responsables, sur la durée et qu’elle qu’en soit le prix.

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