Les médias français entre fébrilité et incompétence

Depuis la destitution du gouvernement « Barnier » du fait d’une motion de censure votée par la gauche propalestinienne alliée au Parti Socialiste et au Rassemblement National le 4 décembre, les médias bruissent de rumeurs sur le nom de son remplaçant potentiel. C’est d’ailleurs leur unique préoccupation, anticiper le nom du futur premier ministre. Depuis plusieurs jours le centriste François Bayrou semblait en bonne place pour le poste. Les journalistes qui ne savent pas attendre la décision pour la commenter vivaient dans une espèce de crise de fébrilité à grands coups d’éditions spéciales, de logos « Premier Ministre » et de trombinoscopes déroulant les bobines de ceux que les médias voyaient entrer à l’Hôtel de Matignon.

Ce matin M. Bayrou a été invité à l’Elysée par le président de la République à 8h30. Il ne devait pas y avoir grand monde dans cette réunion, les deux impétrants et peut-être un ou deux conseillers. Comme la réunion a duré presque deux heures, les médias ont passé la matinée à essayer de percer le secret de l’oracle. Vers 10h, le consensus médiatique penchait pour une nomination de Bayrou, quasiment acquise, mais vers midi il a tourné casaque et annoncé que cette réunion avait été provoquée pour permettre au président d’annoncer à François Bayrou qu’il ne serait pas désigné premier ministre et qu’une place de numéro 2 du gouvernement lui avait été proposée comme lot de compensation.

A 12h18 le journal Le Monde en ligne titre : « Au cours d’un échange tendu, François Bayrou a été informé par Emmanuel Macron qu’il ne serait pas nommé premier ministre, selon les informations du ‘Monde’ ». Las, à 12h44 Le même journal doit annoncer : « François Bayrou est nommé premier ministre, annonce l’Elysée dans un communiqué ». C’est la débandade médiatique, les journalistes ravalent leur chapeau et diffusent l’information officielle qui balaye leurs prévisions.

On se demande comment même Le Monde tombe dans ce piège de la recherche du scoop au détriment de l’intelligence. Quel était le problème d’attendre le communiqué de l’Elysée pour commenter la décision ? Le journal a bien mentionné à 12h18 « selon [nos] informations »… eh bien vos informations étaient fausses, ou vous vous êtes faits manipulés Messieurs les journalistes ! Seul le président de la République a le pouvoir de nommer le premier-ministre, tant qu’il ne l’a pas fait il n’y a pas de premier ministre. Il l’a désigné à 12h44, il suffisait d’attendre 37mn pour commencer à commenter et être intelligent plutôt que racoleur. Ce n’est pas le choix qui a été fait par les médias.