A l’occasion d’un cessez-le-feu convenu entre Israël et les belligérants palestiniens de la bande de Gaza, entré en vigueur ce 19 janvier, on constate que le mouvement terroriste religieux Hamas et ses affidés (Jihad islamique et différents petits mouvements assimilés) n’ont pas été anéantis comme le souhaitait le gouvernement israélien lorsqu’il a déclenché la guerre en réaction à l’attaque meurtrière du 7 octobre 2023 contre son territoire. Malgré sa puissance militaire et les destructions considérables réalisées par son armée depuis plus d’un an dans la bande de Gaza, malgré les assassinats ciblés d’une grande partie des états-majors de ces mouvements, à Gaza comme au Liban, il apparaît que cet accord de cessez-le-feu a été négocié entre Israël et… le Hamas. Les otages israéliens emmenés le 7 octobre sont restés emprisonnés tout ce temps dans les fameux tunnels de Gaza sans que l’offensive israélienne ne parvienne à libérer la majorité d’entre eux.
Les premiers échanges de prisonniers ont été réalisés la semaine dernière et « mis en scène » par le Hamas et le Djihad islamique d’une façon dont le professionnalisme ferait pâlir d’envie n’importe quel spécialiste de « l’évènementiel ». Des soldats en uniforme impeccable, affichant fièrement un armement rutilant, le front barré du bandana vert-islam, le site pavoisé de drapeaux palestiniens et des mouvements terroristes, une foule de Gazaouis plus ou moins menaçante et des opérateurs vidéo partout ; avant d’être remis à la Croix rouge, les otages israéliens sont passés sur une scène surélevée où leur ont été remis un « certificat de captivité » devant des slogans palestiniens graphés dans plusieurs langues sur une vaste toile en fond de scène. Avant de monter dans les véhicules de la Croix rouge ils ont fait un signe de la main en souriant à l’assistance sifflante. On peut imaginer aisément que ces manifestations « de joie » leur ont été imposées. On se croyait dans une émission de téléréalité…
A leur arrivée en Israël d’autres caméras attendent les otages pour filmer le retour dans leur pays et les embrassades familiales. Bien sûr, ces reportages télévisés sont moins racoleurs que ceux réalisés à leur départ de Palestine mais on aurait pu se satisfaire de pas d’image du tout pour laisser à ces otages, plus tard, la décision de paraître, ou pas, devant les médias israéliens.
L’armée de Tel-Aviv estime qu’une trentaine d’otages encore à Gaza sont morts. Ils sont probablement décédés soit du fait des bombardements israéliens, soit exécutés par leurs geôliers. Ce sont donc des cadavres qui vont être restitués. Sans doute le Hamas sera plus modeste pour la mise en scène de ces échanges, mais in ne peut jurer de rien.
Depuis le début de ces échanges, Israël a libéré des dizaines de Palestiniens emprisonnés dans ses prisons et dont certains ont été condamnés pour de graves crimes de terrorisme. L’histoire se rejoue à peu près dans les mêmes conditions à chaque échange de prisonniers des deux camps. Lors de la libération en 2006 du soldat israélien Gilad Shalit après cinq ans de détention par le Hamas, Tel-Aviv avait dû libérer 1 000 Palestiniens. Parmi ceux-ci se trouvait Yahya Sinouar devenu ensuite chef du Hamas à Gaza et qui aurait conçu et dirigé l’opération du 7 octobre 2023, puis éliminé par l’armée israélienne en octobre dernier. Quelques jours plus tard, le mouvement nommait son frère, Mohammed Sinouar pour le remplacer.
Près de 20 ans plus tard le même type de processus d’échange risque d’aboutir à des résultats comparables. Ces derniers jours ont montré que le Hamas et les autres mouvements sont toujours là, très certainement sévèrement affaiblis militairement parlant, mais, on peut le craindre, sans doute renforcés idéologiquement par suite des plus de 40 000 morts palestiniens (bilan présenté par le ministère de la santé de Gaza) et des destructions considérables du territoire.
Le Proche-Orient se retrouve aujourd’hui face au même dilemme qu’avant le 7 octobre : comment faire voisiner deux peuples qui se haïssent, et qui ont chacun leurs bonnes raisons pour fonder cette haine ? Le nouveau président américain Trump vient de proposer de réinstaller les Palestiniens de Gaza en Jordanie et en Egypte… Pas sûr que ce projet rencontre un franc succès côté arabe !
Accessoirement il va falloir dégager des financements importants pour reconstruire la bande de Gaza dévastée par cette guerre. Les pays européens vont sans doute être considérés comme de bons candidats pour cette mission. Un pays comme la France, financièrement exsangue, devra sans doute faire des choix raisonnables pour être à la hauteur des attentes : Jeux Olympiques 2030 ou reconstruction de Gaza ?