L’est de la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) est en guerre depuis des lustres. Cette région est toujours entre deux tentatives de sécession, trois mouvements de rébellion contre le pouvoir central et moult tentatives de pillage de ses importantes ressources minières par des puissances étrangères, du continent ou d’ailleurs. Cela a commencé à l’époque contemporaine par la revendication d’indépendance du Katanga au sud-est, soutenue par la Belgique et les colons qui y résidaient encore, juste après l’indépendance du pays.
Au nord du Katanga se trouve la région du Kivu qui est frontalière avec le Rwanda. Ce dernier pays, qui eut à subir l’un des graves génocides du XXe siècle en 1994, est gouverné par les Tutsis, l’ethnie victime de ce crime de masse (entre 800 mille et 1 million de morts en quelques semaines) globalement mené par l’ethnie Hutu,
Rien qu’en prenant en compte le Kivu, le Katanga et le Rwanda ce sont des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés qu’il faut déplorer dans ce territoire gigantesque que personne n’arrive à pacifier.
Depuis le génocide de 1994 le Rwanda cherche à étendre son espace vital en RDC voisine qui héberge des populations hutus, rwandaises ou d’origine rwandaise, comme congolaises, à la frontière du Rwanda. Parmi ces habitants, certains mènent des actions armées hostiles contre le Rwanda et son pouvoir tutsi, depuis le territoire du Congo, pour se venger d’avoir perdu la guerre civile qui a couvert le génocide. Il y a parmi eux les descendants des génocidaires de 1994 mais aussi des Congolais qui agissent par solidarité ethnique.
Le Rwanda souhaite se préserver de leurs incursions et établir une sorte de zone tampon au Congo sur laquelle l’armée rwandaise pourrait contrôler les populations et empêcher les attaques de son territoire en provenance de son voisin. Pour ce faire Kigali s’est allié avec le mouvement tutsi « M23 » qui sévit au Congo dans un gloubi-boulga de revendications ethniques, politiques et minières, tout en pratiquant crimes de guerre et actes barbares en tous genres. Avec les soldats rwandais qui agissent maintenant en dehors de leur pays sans plus se cacher ils viennent de prendre la ville de Goma, frontalière du lac Kivu partagé entre RDC et Rwanda. Ils ne comptent pas en rester là. Le M23 s’oppose d’abord au gouvernement congolais sis à Kinshasa, à plus de 1 500 km à vol d’oiseau, et ne néglige pas l’aide que peut lui apporter le voisin rwandais. Il n’oublie pas qu’en 1997 ce sont les forces rwandaises qui avaient permis le renversement de Mobutu, le satrape clownesque qui dirigea le pays 32 ans durant sous sa toque en léopard (hélas largement soutenu par la France depuis) pour y installer Laurent-Désiré Kabila qui sera assassiné quatre ans plus tard dans des conditions non encore totalement élucidées.
Un pays victime d’un génocide qui entre en guerre contre un pays frontalier pour tenter de « détruire » des mouvements ennemis et établir une zone tampon afin de sécuriser sa frontière cela vous rappelle-t-il quelque chose ? Israël bien sûr et les guerres actuellement menées contre le Hamas à Gaza et contre le Hezbollah au Liban !
Dans les deux cas le pays a été victime d’un génocide dans un passé plus ou moins lointain et affronte toujours l’angoisse existentielle que cela ne se reproduise. Dans les deux cas il est dirigé par un pouvoir fort et déterminé qui reste entouré d’ennemis qui continuent de lui en vouloir. Dans les deux cas il essaye de résoudre le problème par la force, faisant fi des recommandations de la « communauté internationale », sans véritablement y parvenir et les conflits s’éternisent : 30 ans depuis le génocide au Rwanda, 76 ans depuis la création de l’Etat d’Israël et même 3 000 ans si on part de la Genèse dans la Bible.
L’Histoire semble emprunter le même tortueux cheminement dans ces deux cas, les mêmes solutions donnant des résultats comparables. En attendant mieux…