Alors que des bruits de bottes retentissent en Europe et que les Etats-Unis d’Amérique semblent tourner casaque et revoir leurs alliances en faisant ami-ami avec la Russie, l’Europe géographique commence à se demander s’il ne lui faudrait pas envisager de disposer d’une défense autonome plutôt que de dépendre de l’allié américain aux humeurs changeantes. Mais le constat montre que les pays du vieux continent ont considérablement baissé la garde depuis les années 1990 et la chute de l’URSS. Les mauvaises langues galonnées avancent qu’en cas de guerre de « haute intensité », l’armée française ne disposerait aujourd’hui que de quelques semaines de munition pour lutter contre un potentiel envahisseur.
La nouvelle Russie apparaissant largement aussi nuisible et impérialiste que sa prédécesseuse soviétique l’Europe s’inquiète pour sa protection en cas d’attaque russe sur son territoire. C’est une saine réaction, certes un peu tardive mais salutaire. Le réarmement est sans doute la seule option raisonnable face à des puissances hostiles et de plus en plus agressives. Le problème est que tout ceci coûte beaucoup de sous et prend du temps. Les finances publiques de la France sont à la dérive depuis plusieurs décennies. Le pays est le mauvais élève de l’Union européenne. Heureusement certains autres sont en meilleure santé financière mais même en les additionnant, les financements nécessaires pour élever de nouveau l’Europe au rang de puissance sont considérables et d’un montant carrément vertigineux.
En France, après un embrouillamini budgétaire de première catégorie pour l’année 2025 l’un des sujets actuels majeurs est de revenir sur la réforme des retraites pour en rabaisser l’âge légal de départ. L’accumulation des déficits publics depuis 1974 a généré une dette de 105% du produit intérieur brut. Les règles basiques de bonne gestion, comme celles que nous suivons à la maison, voudraient que l’on baisse certaines catégories de dépenses si l’on veut augmenter celles réservée aux armées. Mais comme ce message est désagréable à appréhender par les citoyens électeurs qui ont totalement perdu l’habitude de l’entendre, on parle aujourd’hui d’un « grand emprunt européen » à lancer pour financer la remise à niveau militaire. C’est une nouvelle version du « quoi qu’il en coûte » qui évite de se serrer la ceinture. Nos enfants rembourseront nos dettes, ce n’est pas grave.
Personne n’a le courage d’annoncer « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » tels que Churchill les promit à son peuple en 1940. Maintenant on dit « on va s’endetter » et tout ira bien. C’est aussi le signe de la décadence européenne, particulièrement française d’ailleurs. Un pays ou Nabilla affiche 10 millions de suiveurs sur son compte Instagram et où Cyril Hanouna est potentiellement annoncé comme candidat aux élections présidentielles 2027 ne peut être un pays qui fait face à la réalité de ses nouveaux adversaires.