Un très intéressant article dans Le Monde sur le discrédit des journalistes : ceux qui couchent avec les politiques, ceux qui soutiennent les mauvais chevaux, ceux qui posent les questions les plus stupides qui soient. Après le tonitruant « Taisez-vous Elkabbach » lancé par Georges Marchais il y a quelques années, les plumitifs sont redevenus la cible des hommes politiques qui flinguent la presse dans leurs meetings. Dans un grand élan de démocratie participative les télévisions remplacent les questions des journalistes par celles des téléspectateurs ! Et les journalistes se demandent à quoi donc peuvent-ils servir ?
Beaucoup servent la soupe à des politiques qui se vautrent dans la bauge de la pipolisation avec délices : Chirac passe chez Drucker, Ardisson demande à Rocard si « sucer c’est tromper ? », etc. On se demande souvent pourquoi certains politiques ne quittent pas les plateaux quand les questions passent les bornes de la raison ou de la décence.
Sans doute les électeurs porteraient plutôt un tel geste à leur crédit. En attendant, l’unique préoccupation de la presse au cours des six derniers mois de l’année 2006 était de savoir qui se présente et quand (jour et heure) les impétrants annonceront leur décision ; depuis 2007 les questions journalistiques tournent uniquement sur le déversement des résultats de sondages par candidat avec la réflexion puissante du genre : « ça monte pour x, ça descend pour y ». Du fond, il n’est jamais question. Le discrédit n’est peut-être pas totalement injustifié. Et c’est un journaliste qui l’écrit dans Le Monde.