Tentative de reprise de contrôle des finances publiques françaises à la dérive

Alors que le dernier budget de la République à l’équilibre date de 1974, les dernières années ont été marquées par une perte de contrôle des dépenses publiques françaises et un accroissement considérable des déficits et de la dette qui en résulte. Comme d’habitude la France dépense plus et plus mal que ses congénères européens au point que le gouvernement s’inquiète de la crédibilité du pays sur les marchés financiers internationaux et de sa capacité à continuer à trouver des prêteurs pour financer ses dépenses à un taux acceptable.

Le gouvernement a présenté hier les grandes lignes d’un budget 2026 qu’il reste maintenant à faire voter. Le message principal est qu’il faudrait économiser 40 milliards d’EUR, non pas sur le budget 2025 mais sur ce que serait le budget 2026 si on le laissait dériver à la même vitesse que ces dernières années, ce qui veut dire nous aurons probablement quand même une hausse nominale des dépenses publiques en 2026 versus 2025.

La foire d’empoigne politique a déjà commencé, bien avant les annonces du 15 juillet, en recyclant les solutions « de gauche » : il suffit de taxer Bernard Arnaud pour augmenter les recettes et réduire le déficit ; et les propositions « de droite » : il faut baisser la dépense publique et continuer à favoriser les entreprises qui seules créent des emplois et de la richesse. C’est une querelle vieille comme le monde, il ne sert même plus à rien de chercher à convaincre une partie des arguments de l’autre, on en est à la guerre de religion. Il faut juste que le parlement adopte un budget, dans un sens ou dans autre, et que le gouvernement l’exécute, adviendra ensuite ce que pourra.

Par suite de la présentation d’hier par le premier ministre les élus et politiciens se sont déchaînés sur leurs réseaux dits « sociaux » en petites phrases assassines, en réactions pavloviennes et en slogans de circonstance, bien loin de la réflexion et de l’esprit de compromis qu’exige la situation. On est encore là en plein conflit entre l’intérêt général du pays et les misérables petits intérêts particuliers des hommes et des partis.

Petit florilège de ces commentaires publiés depuis hier par le journal Le Monde.

Leur bilan, c’est la ruine, et leur solution, c’est l’austérité 

Sébastien Chenu (Rassemblement national – droite dure)

Un budget brutal et inacceptable
Demander toujours plus à ceux qui ont peu… et si peu à ceux qui ont beaucoup n’est ni sérieux, ni efficace, ni juste

Boris Vallaud (Parti socialiste – gauche molle)

Ce gouvernement préfère s’en prendre aux Français, les travailleurs et les retraités, plutôt que de faire la chasse aux gaspillages

Marine Le Pen (Rassemblement national – droite dure)

Bayrou aurait pu faire le choix de la justice. Il a choisi la violence de mesures dont le cumul va frapper très durement les familles
Sur les bases actuelles, la seule perspective possible est la censure

Olivier Faure (Parti socialiste – gauche molle)

Ces mesures sont injustes, inefficaces et dangereuses pour le pays
Comme syndicaliste, je vais tout faire pour empêcher cette potion amère
[sur la suppression de deux jours fériés] On ne parle pas de n’importe quoi, on parle de la suppression du 8-Mai, jour de la victoire contre le nazisme. Alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir (…), le premier ministre nous annonce qu’il va supprimer le 8-Mai. C’est extrêmement grave

Sophie Binet (CGT – gauche syndicale dure)

Une nouvelle fois, ce sont surtout les classes moyennes qui seront mises à contribution alors même que c’est par leur mobilisation et leur puissance de travail que le pays peut s’en sortir : un contresens de plus !

Xavier Bertrand (LR – droite molle)

Nous n’accepterons jamais que le peuple paie les cadeaux faits aux plus riches en faisant courir un risque récessif au pays. Nous censurerons cette politique de malheur !

Mathilde Panot (LFI – gauche dure propalestinienne)

Dans ce tonnerre les voies du patronat et la majorité présidentielle résonnent faiblement pour globalement soutenir les grandes directions annoncées. Les discussions parlementaires débuteront à la rentrée car élus et partis politiques prennent des vacances. Elles promettent d’être animées, idéologiques et irréconciliables !