CONRAD Joseph, ‘Lord Jim’.

Sortie : 1900, Chez : Gallimard (folio n°1403).

Joseph Conrad (1857-1924) est un écrivain de langue anglaise, né dans une ville de l’actuelle Ukraine qui était alors dans l’empire russe. Grand écrivain de langue anglaise il acquit les nationalités polonaise et britannique. Il a mené une carrière dans la marine marchande et nombre de ses écrits sont inspirés par le monde maritime. L’histoire de Jim fait partie de ceux-ci.

Suite au naufrage du navire dont il était le commandant en second, Jim connait un moment de faiblesse et a une attitude manquant de noblesse face à ce drame. Il va passer le reste de sa vie à tenter d’expier ce moment fâcheux. Ne pouvant plus naviguer il mène sa vie comme commis maritime en Asie, de port en port, avant d’échouer comme représentant de commerce dans une île isolée peuplée de tribus plus ou moins musulmanes, on est sans doute dans l’archipel indonésien, et toujours entre deux batailles, généralement arbitrées par les sages avant qu’elles ne fassent trop de dégâts. Après avoir franchi différentes étapes initiatrices Jim, le seul blanc sur l’ile, y est reconnu comme un demi-Dieu. C’est là qu’il décide d’enterrer sa vie pour expier son péché originel, loin de ceux qui connaissent son passé.

Le narrateur est lui aussi un homme de mer, qui s’est pris d’affection pour Jim mais le croise rarement au cours de ses pérégrinations maritimes. Alors il se fait raconter son histoire par ceux qui l’ont partagée avec Jim ce qui donne une tournure indirecte du récit un peu particulière. Le style est celui d’un écrivain du XIXe siècle, ample et détaillé. Les thèmes de ce livre sont ceux propres à Conrad : le bien et le péché, la présence et les actes des hommes blancs au cœur des empires coloniaux, et surtout : l’exil.

Conrad a aussi écrit « Au cœur de ténèbres », roman flamboyant sur lequel s’est appuyé le scénario du film « Apocalypse now ». Dans ce roman c’est encore l’histoire de l’exil d’un homme, en Afrique centrale, transporté au Vietnam pour les besoins du film américain, où l’exilé frôle les limites de la déraison au cœur de tribus locales sur lesquelles il exerce un pouvoir surnaturel, une étrange domination, entre colonialisme mal assumé et volonté de faire le bien.

Au cours de sa carrière dans la marine marchande Conrad a beaucoup navigué dans les empires coloniaux britannique et français. Ses récits sont imprégnés de l’atmosphère de cette époque et en donnent une image que l’on imagine réaliste bien que pas vraiment positive. C’est un de leur grand intérêt. « Lord Jim » ne déroge pas cette règle.