The White Stripes – 2005/10/16 – Paris le Zénith

Une grande vague d’énergie brute a déferlé ce soir sur la scène rock parisienne, The White Stripes étaient en ville pour une flamboyante démonstration de leur talent. Toujours marketés « Noir, Rouge et Blanc » Jack et Meg Ryan ont rempli le Zénith parisien de fans enthousiastes et fébriles.

La scène magnifiquement décorée d’évocations hawaïennes sur teinture murale est un caravansérail d’instruments peints aux couleurs du groupe. Les musiciens entrent, Jack tout de noir vêtu sous une cape et chapeau haut-de-forme, Meg en T-shirt blanc et pantalon de cuir noir. Le premier joue une guitare rouge vif, la seconde frappe sur ses caisses blanches et rouges comme si sa vie en dépendait.

Et c’est un déchaînement de notes grasses sur rythmes haletants. Le volume est manifestement réglé au maximum, les fréquences soufflent telles une bourrasque sur les spectateurs incrédules. La virtuosité de Jack est proprement époustouflante, sa maîtrise du manche lui permet de remplir à lui seul le dôme du Zénith d’un vortex de sons démesurés.

La performance musicale est encore plus passionnante avec des compositions qui réussissent une percutante alchimie entre Blues et Rock. On y retrouve tout ce qui a fait l’influence de la musique noire sur le Rock mondial, re-mixé à l’aune de l’inspiration de ce duo de choc. Blanchie sous le harnais de ce rock « gros bras », l’âme black nous est resservie de façon éclatante par un groupe sang mêlé à l’inclassable feeling. Dans ces partitions démesurées, on retrouve la fumée des havanitos sous les arcades de la Nouvelle Orléans, le soleil qui écrase les champs de coton, les cris des poulets sacrifiés dont le sang coule sur le bitume surchauffé du grand Sud, le grincement des auvents sous les colonnades de maisons dévastées par le temps, la désespérance des éléments sous des tropiques qui souvent sont tristes… mais toujours il y eut le Blues pour accompagner ce naufrage et justifier l’essentiel : l’inspiration musicale éternelle engendrée par cette brûlante souffrance.

Les White Stripes recyclent cet esprit mi-ange mi-diable et nous emmènent au bout d’un chemin d’illusions. La modernité, l’inventivité et la virtuosité des White produisent une musique exceptionnelle dans une atmosphère de rêve. Le résultat est stupéfiant et place ce groupe, déjà, au-delà de la légende !