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  • Misérabilisme étudiant

    Misérabilisme étudiant

    L’assemblé nationale a voté une proposition de loi généralisant le repas à 1 EUR pour tous les étudiants, contre l’avis du gouvernement. Jusqu’ici seuls les étudiants bénéficiant d’une bourse ou étant en « situation précaire » étaient éligibles à ce tarif réduit. Les repas universitaires sont préparés et servis par les Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous) qui eux-mêmes sont subventionnés avec de l’argent public, subventions qu’il va donc falloir augmenter pour compenser la perte de recettes décidée par le parlement.

    Cette mesure « progressiste » part du principe que tous les étudiants sont en « situation précaire » et méritent donc d’être subventionnés par les contribuables. Ce n’est heureusement pas le cas mais néanmoins tous pourront bénéficier de cette mesure. C’est le défaut de la vision misérabiliste d’une partie des élus (souvent partagée dans les dîners en ville et sur les plateaux télévisés) qui consiste à élaborer les politiques sur la situation « des plus défavorisés » ce qui revient à en faire profiter aussi « les plus favorisés ».

    La logique voudrait que les politiques budgétaires soient conçues en fonction de la situation moyenne des citoyens et des entreprises et que des mesures spécifiques soient mises en œuvre pour favoriser ceux qui sont en ont réellement besoin. La généralisation du repas à 1 EUR, à perte pour les Crous, pour tous les étudiants illustre ce travers français de l’addiction à la dépense publique. Le nombre de repas servis à 1 EUR va certainement augmenter de même que le déficit des Crous et donc leur besoin de subvention qui en sera la conséquence. Sans doute une telle mesure apportera quelques suffrages aux partis qui l’ont soutenue, elle ne changera probablement pas grand-chose au sort « des plus favorisés » qui d’ores et déjà ne prennent pas leurs repas dans les restaurants du Crous.

  • Le wokisme jusqu’au Congo

    Le wokisme jusqu’au Congo

    On ne dit plus une soldatesque congolaise dépenaillée « a violé des femmes » dans sa déroute à l’Est du Congo mais on dit comme un porte-parole des affaires humanitaires de l’ONU cité par le journal Le Monde du 28/01/2025 que cette soldatesque est soupçonnée de « violences fondées sur le genre ».

  • « Ça manque toujours autant de moyens, Patron ! »

    « Ça manque toujours autant de moyens, Patron ! »

    Avec toujours le même ensemble la totalité des corporations françaises continue à réclamer « plus de moyens » à l’Etat. C’en est émouvant tant chacune d’entre elle invoque une question de vie ou de mort si l’argent public qui leur est affecté ne connaît pas une augmentation substantielle. Alors la simple évocation de stabilité ou, pire, de réduction des budgets publics suffit à faire défaillir élus et lobbys de tous bords.

    La dernière mode pour défendre son pré-carré est la diffusion de tribunes dans le grand public pour plaider sa cause.

    Le comédien Philippe Torreton a ainsi craché son venin contre la présidente du conseil régional des Pays de Loire qui a présenté un budget réalisant une baisse de dépenses pour la culture.

    Ce que les Néandertaliens et leurs cousins avaient compris, Christelle Morançais, la présidente du conseil régional des Pays de la Loire, membre du parti Horizons d’Edouard Philippe, ne le comprend visiblement pas ou, pire, feint de ne pas le comprendre.

    Cette personne insinue en un élan populiste que ne bouderait pas Donald Trump que le monde de la culture ne serait qu’une niche de gens gâtés qu’il serait grand temps de confronter au réel, afin, dixit, qu’ils se réinventent.

    Je ne savais pas qu’en 2024 une telle opinion, un tel mépris envers le monde culturel et associatif pouvait, non seulement se concevoir, mais également s’assumer avec cet aplomb que doit certainement autoriser l’ignorance débridée.

    (Le Monde du 15/12/2024)

    Le budget du ministère des sports étant également appelé à participer aux efforts de réduction des dépenses, une tribune signée par 425 sportifs est sortie dans le journal L’Equipe dont la lecture donne des larmes aux yeux.

    Ce n’est pas seulement une économie, c’est un sabotage du vivre-ensemble !
    Le sport français… C’est un rempart contre les fractures sociales et territoriales.
    C’est un outil de santé publique indispensable.
    C’est une opportunité d’émancipation pour notre jeunesse.

    Nous, athlètes de l’équipe de France, ne resterons pas silencieux face à ce désastre annoncé. La France mérite mieux.

    (L’Equipe du 21/01/2025)

    Et ainsi, sabre au clair, la France s’est déjà engagée dans les dépenses somptuaires de l’organisation dans les Alpes de jeux olympiques pour 2030. Chacun explique que dépenser dans son domaine « rapporte de l’argent à la France », Philippe Torreton comme David Douillet.

    Le psychodrame budgétaire actuel confirme jusqu’à la nausée que les citoyens comme leurs représentant ont abandonné toute idée de l’intérêt général sur le thème : « taxons Bernard Arnault et faisons des économies, mais chez mon voisin, pas chez moi ». Ainsi va l’ordinaire d’une nation qui se rabougrit de jour en jour.

    Nous sommes fin janvier et le pays n’a pas encore été en mesure de voter un budget 2025 pour la République. Jusqu’ici tout va bien.

    Lire aussi : « Ça manque de moyens ! »

  • LENOIR Frédéric, ‘L’Odyssée du sacré’.

    LENOIR Frédéric, ‘L’Odyssée du sacré’.

    Sortie : 2023, Chez : Editions Albin Michel.

    Frédéric Lenoir, philosophe français né en 1962, un peu mondain sur les bords, a beaucoup travaillé et vulgarisé le sujet de la religion. Il fut même directeur de la rédaction du magazine Le Monde des Religions entre 2004 et 2013. Avec cet ouvrage grand public, « L’Odyssée du sacré » il revient sur l’émergence chez l’homme du besoin de religion. On a identifié au paléolithique les traces des premiers rites funéraires (-350 000 ans avant notre ère), puis le néolithique voit apparaître le culte des anciens avec la sédentarisation progressive des humains et leur maîtrise de la nature. Ils en viennent à concevoir un pouvoir supérieur qui domine cette nature. Au IVe siècle avant JC, les Grecs inventent leur panthéon des Dieux de l’Olympe, et le clergé qui va avec.

    Le monothéisme caractérisé d’abord par le judaïsme est apparu et l’Homme a commencé à se pencher sur son bonheur, y compris post-mortem. La Genèse, premier chapitre de la Bible aurait été écrite vers le VIe siècle avant JC. Confucius, Lao Tseu, Bouddha et bien d’autres diffusent également leur spiritualité en Asie plusieurs siècles avant notre ère. Puis la mort de Jésus, le catholicisme, l’arrivée des différents courants de l’islam, le schisme entre catholicisme et orthodoxie, celui entre catholicisme et protestantisme.

    L’arrivée de la modernité puis du « siècle des lumières » dans l’Europe du XVIIIe siècle vient apporter un peu de raison et d’esprit critique dans des idéologies religieuses plus gouvernées par des fables que par la réalité scientifique. Aux XIXe et XXe siècles émerge la critique matérialiste essentiellement incarnée par le marxisme qui prône « l’athéisme philosophique », ou Freud qui défend l’idée que « toute idée d’un monde divin est une croyance superstitieuse ». Les philosophes du XXe s’ils peuvent mettre en doute l’existence d’un Dieu ne rejettent pas pour autant « l’expérience spirituelle », qui peut être athée comme religieuse.

    Ce parcours historique de la religion et de la spiritualité à travers les millénaires se termine sur l’émergence du transhumanisme de nos jours qui imagine l’homme bionique à l’intelligence boostée par les microprocesseurs et touchant à l’éternité.

    Cette présentation du fait religieux dans le temps est intéressante en ce qu’elle retrace ce besoin de croire en une puissance supérieure qui pourrait répondre à la question existentielle du sens de la vie de l’origine de l’Homme sur terre. Hélas, aucune religion ni philosophie n’a pu apporter une réponse rationnelle à création de la vie ou de l’univers. Frédéric Lenoir en convient et, avec un bon sens apaisant, recommande de se satisfaire de « Prendre le temps d’aimer, de nous émerveiller, de vivre. Expérimenter le sacré en contemplant la beauté du monde ou d’un visage. » et regarder la mort « comme faisant pleinement partie de la vie, et, pour certains, espérer qu’elle ne sera qu’un passage vers un nouvel état d’être et de conscience. »

    On ne saurait mieux dire !

  • L’abrutissement des masses

    L’abrutissement des masses

    On ne dit plus « influenceuses à forte poitrine et à neurones déliquescents » mais on dit désormais « créatrices de contenus ».

    C’est ainsi que le monde de Nabilla et de ses confrères est requalifié, sans doute pour cacher la bêtise abyssale dans laquelle ils entraînent le pays. Nabilla compte aujourd’hui 9,4 millions de « followers » sur son compte Instagram soit 14% de la population française, et elle n’est qu’un exemple parmi tant d’autres mais un cas tellement représentatif de l’abrutissement considérable des masses auquel participent ces « créateurs ». Le plus inquiétant est la progression de leur audience.

    Lire aussi : Nabilla ou l’effondrement intellectuel d’une population

    Le cas de Nabilla est consternant par le nombre de ses suiveurs moins par son « contenu ». Elle se contente de faire des promotions commerciales de vernis à ongles et de parfum. Plus inquiétant, désormais tout le monde peut « influencer » sur ces réseaux dits « sociaux », divulguer des idéologies diverses, de Rima Hassan aux suprémacistes de tous bords, en passant par les terroristes religieux ou un président de la République française qui répond à des influenceurs sur TikTok. Et ces idéologues aux petits pieds sont quasiment certains de rencontrer un public.

    Aujourd’hui, plus grand monde ne lit la presse composée par des journalistes professionnels et les jeunes générations « s’informent » majoritairement via le monde de Nabilla. C’est une défaite de l’esprit mais ce sont ces générations qui vont désormais gouverner le monde. Peut-être vont-elles se satisfaire de ces nouveaux canaux et laisser décliner l’intelligence ? Ce sera leur choix et nous en supportons déjà collectivement les conséquences.

    Voir aussi : Un président qui boxe dans le vide

  • « Musée international de la croix rouge et du croissant rouge » de Genève

    « Musée international de la croix rouge et du croissant rouge » de Genève

    Genève, capitale de la neutralité et siège de nombreuses institutions internationales, plus ou moins humanitaires, coule des jours heureux sur les bords du lac Léman où est présenté le Musée international de la croix rouge et du croissant rouge, entre le bâtiment de l’ancienne Société des Nations (SDN), celui du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) ou de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). C’est lors de la bataille de Solférino en 1859, une boucherie napoléonienne comme tant d’autres, 40 000 soldats mis hors de combat en quelques jours, que Henri Dunant (1828-1910) prend conscience des conditions sanitaires désastreuses dans lesquelles sont pris en charge les blessés. A l’issue de cet épisode dantesque il écrit un livre « Un souvenir de Solférino » pour partager ses idées sur comment mieux prendre en charge les victimes. C’est ainsi que naîtra quelques années plus tard l’association d’aide humanitaire qui deviendra le Comité international de la croix rouge (CICR).

    Le musée revient sur les grandes opérations auxquelles participa, et œuvre toujours, le CICR. Photos, vidéos, ustensiles divers utilisés par les sauveteurs, explications historiques, enjeux géopolitiques, c’est beau comme l’antique et qui oserait contester l’utilité de ces actions censées compenser, au moins partiellement, la sauvagerie des hommes. Comme toutes organisations humaines celle-ci est sûrement perfectible, elle n’en est pas moins indispensable même si tellement dérisoire.

    Pour être plus efficaces et lever les éventuelles préventions des belligérants à négocier, les actions du CICR sont soumises à la confidentialité. Les négociations menées par l’organisation donnent lieu à des rapports qui ne sont pas publiés. Seuls les résultats concrets de ces négociations deviennent généralement publics, on ne connait pas les détails et les difficultés de ces discussions, y compris bien sûr pour celles qui n’aboutissent pas. On imagine aisément la patience et l’abnégation dont doivent faire preuve les membres du Comité pour essayer de faire s’entendre des ennemis jurés sur un minimum humanitaire à prendre en compte au cœur de leurs guerres.

    En rentrant chez lui le soir, le visiteur voit sur sa télévisions les ambulances du CICR procéder aux échanges d’otages dans la bande de Gaza entre Israël et la Palestine !

  • Vous avez aimé Nicolas Sarkozy ? Vous allez adorer son fils Louis !

    Vous avez aimé Nicolas Sarkozy ? Vous allez adorer son fils Louis !

    On se souvient de la prestation de Louis Sarkozy lors de l’élection de son père à la présidence de l’UMP (Union pour un mouvement populaire) en 2004. Né en 1997 il avait alors 7 ans, la cérémonie à « l’américaine » ressemblait à celle des Oscars d’Hollywood : flonflons, clinquant et grand spectacle. Juste avant que n’apparaisse le héros du jour, une vidéo est diffusée sur grand écran où apparaît le chérubin lançant « bonne chance mon papa » plein d’enthousiasme.

    Vingt ans plus tard, le garçon a suivi sa mère aux Etats-Unis où il a fait des études de « diplomatie et relations internationales » et suivi l’enseignement d’une académie militaire. Il semble décidé à revenir rouler sa bosse en Europe où il est devenu bon client des plateaux télévisés depuis les élections présidentielles américaines de 2024.

    Grand, élancé et barbu, il développe une vision pour le moins conservatrice du monde, glorifie Napoléon 1er et Donald Trump et ferait presque passer son père (qui cherche à promouvoir depuis des années une alliance entre l’ex-UMP devenue Les Républicains [LR] et le centre-droit du président Macron) pour un gauchiste… Emporté par la vigueur de sa belle jeunesse, il est déjà à l’origine de quelques polémiques de choix. Depuis le déclenchement de la guerre israélienne en réaction à l’attaque du Hama du 7 octobre 2023, il a déclaré sur le plateau de LCI (groupe TF1, dont la patron Martin Bouygues est son parrain d’après sa fiche Wikipédia) :

    Israël fait le travail de l’humanité […]. Qu’ils [le Hamas et le Hezbollah] crèvent tous !

    Louis a du chien, alors que les populistes mal élevés et simplistes prennent le pouvoir un peu partout dans le monde, pas de doute le garçon mise sur l’avenir.

  • La gauche qui vote à droite

    La gauche qui vote à droite

    Dans un dîner en ville on débat du nouveau fractionnement de l’assemblée en trois tiers : un pour la gauche propalestinienne, un de centre droit et un de droite dure, ce qui fait, si l’on sait compter, deux tiers de droite et un tiers de gauche. Les convives progressistes ont une autre interprétation de cette réalité chiffrée : « les électeurs de la droite dure sont en fait des électeurs de gauche déçus par la gauche », d’où leur vote pour la droite de la droite. Contrairement aux apparences il y aurait en fait deux tiers de gauche et un tiers de droite.

    C’est une interprétation comme une autre, qui montre si besoin en était que la droite dure provoque toujours la même aversion de la population « de gauche » au point que celle-ci dénie même la réalité du vote des électeurs qui sont passés de la gauche à la droite. C’est en gros : « pardonnez-leur ils ne savent pas ce qu’ils font ! ». Alors on peut les compter comme électeurs de gauche, ils ont quand même voté à droite et il faudra bien qu’ils en assument la responsabilité même si l’époque tend de plus en plus à la déresponsabilisation générale.

  • Le « Musée d’art naïf et d’arts singuliers » de Laval (MANAS)

    Le « Musée d’art naïf et d’arts singuliers » de Laval (MANAS)

    Comme beaucoup de villes moyennes de province, Laval met un point d’honneur à maintenir un musée des arts, le MANAS, installé dans le château de la cité dominant la Mayenne. L’exposition temporaire « Les Lisières » présentent les œuvres délicates de deux artistes, Belem Julien et Mathieu Schmitt, qui peignent à quatre mains des œuvres graphiques composées de traits extrêmement fins, qu’ils se passent et complètent l’un l’autre selon leur inspiration qui vient s’additionner à celle de l’autre, une méthode propre au surréalisme. Le résultat est subtil, entre bande dessinée et dessin fantasmagorique.

    Belem Julien et Mathieu Schmitt (Musée de Laval)

    Les autres salles de ce sympathique petit musée offrent diverses œuvres et installations, naïves ou singulières, autour desquelles le visiteur laisse divaguer son imagination avec légèreté et sans souci.

  • Brume à Quimper

    Brume à Quimper

  • L’obsession de l’âge légal de la retraite

    L’obsession de l’âge légal de la retraite

    Avec une permanence qui force l’admiration la gauche propalestinienne continue à exiger l’abrogation de la réforme des retraites. A tout le moins, certains de ses membres pourraient sans doute se satisfaire de maintenir l’âge légal à 62 ans au lieu de la montée vers les 64 qui a été adoptée par le parlement en 2023 et qui a commencé à être mise en œuvre. Depuis son adoption, la situation financière du système des retraites s’est dégradée par rapport aux hypothèses qui avaient fondé cette réforme. Le retour du déficit (c’est-à-dire qu’il a plus de pensions versées que de cotisations encaissées) apparaît dès 2024 et ne cesse ensuite de se creuser selon le scénario de base retenu par le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) et ce, en prenant en compte l’application intégrale de la récente réforme.

    https://www.cor-retraites.fr/sites/default/files/2024-07/RA_2024_finale_Synth%C3%A8se_publication.pdf

    Les opposants compulsifs à l’augmentation de la durée du travail ne raisonnent pas en termes de déficit ou de financement puisque pour eux il suffit « de taxer Bernard Arnault » pour combler les déficits. Il est donc peu opérationnel ni utile de discuter de ce sujet avec eux.

    En revanche, la situation financière du système des retraites se dégradant dès 2024, même avec la réforme de 2023 qui risque fortement d’être « adoucie » compte tenu du contexte politique, fait que de toutes façons une nouvelle réforme sera nécessaire dans 3 ou 4 ans. En attendant, le contrefeu du nombre minimum de trimestres d’assurance exigé (172, soit 43 années) permet de limiter les dérives même en cas de baisse de l’âge légal de départ.

    Comme il faut bien se sortir des blocages actuels et prendre en compte tenu l’obsession des partis d’opposition contre l’augmentation de l’âge de départ à la retraite peut-être faut-il envisager de compromettre temporairement avec ceux-ci, à 63 ans au lieu de 64, et de reporter son augmentation à l’incontournable nouvelle réforme sur le financement qui adviendra d’ici deux ou trois ans lorsque les tensions financières du système se seront encore accrues ? D’ici là, la « taxation de Bernard Arnault » aura peut-être arrangé les choses ? Plus probablement, hélas, le déficit du système se sera accru et peut-être la réalité des chiffres rendra les élus et leurs électeurs plus pragmatiques.

  • L’Algérie ne lâche rien dans son combat contre la France

    L’Algérie ne lâche rien dans son combat contre la France

    Lancée le 1er novembre 1954 par une nuit d’attentats contre les intérêts de la France coloniale en Algérie, qui a été appelée par la suite la « Toussaint rouge », la guerre d’indépendance s’est légalement terminée après huit années de sauvageries par la victoire de l’Algérie qui obtint en 1962 son indépendance politique et l’évacuation de l’armée et des fonctionnaires français. Conséquence directe pas complètement anticipée : environ un million de colons, parfois installés sur place depuis des générations, repartirent pour la France en quelques mois ; conséquence cette fois-ci plus prévisible, des dizaines de milliers de supplétifs algériens locaux de l’armée française, considérés comme des traîtres par les nouvelles autorités, les « harkis », furent massacrés sur place, souvent dans des conditions épouvantables.

    Nous sommes soixante ans plus tard, on pourrait croire les relations au mieux apaisées ou, au pire, distantes, après tant de temps et la disparition en cours des derniers acteurs de cette période mortifère. Mais non, les relations sont exécrables entre les deux ex-belligérants qui poursuivent le combat avec des moyens d’action certes moins guerriers mais qui restent très nuisibles. Cette guerre de décolonisation a laissé tant de traces que l’acrimonie entre les deux pays est toujours très vive avec des montées de tension régulières : menaces, injures, retours permanents à l’histoire qui décidément ne passe pas, rappels d’ambassadeurs puis retour de ceux-ci, voyages présidentiels reportés avant d’être effectués, réduction des visas délivrés par la France puis rétablissement de ceux-ci, affrontements mémoriels puis réconciliation, etc. Le dernier avatar de cette relation volcanique est la reconnaissance par Paris de la souveraineté du Maroc sur la Sahara espagnol, à contrecourant de la position des Nations-Unies qui prônent depuis toujours « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » et l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans ce territoire. Bien entendu l’Algérie soutient le mouvement indépendantiste du Sahara espagnol contre les visées du Maroc. La raison pour laquelle Paris a pris parti n’est toujours pas très claire, on se demande si c’est bien dans l’intérêt de la France.

    Lire aussi : Paris franchit le Rubicon de la discorde

    Un nouvel incident vient de se produire quand la France a tenté cette semaine d’expulser un citoyen algérien en situation légale sur le territoire avec famille et emploi mais qui consacrait une partie de ses loisirs à diffuser des messages de haine sur les réseaux dits « sociaux ». En l’occurrence il menace des opposants au régime algérien, qu’ils résident en France ou en Algérie. Ce n’était qu’un parmi bien d’autres mais il est tombé au mauvais moment. Dans une procédure expresse le ministère de l’intérieur l’a arrêté, révoqué son titre de séjour, puis mis dans un avion pour Alger, sous escorte policière. Arrivé à l’aéroport de la capitale algérienne, les autorités locales l’ont déclaré « interdit de territoire » et l’ont remis dans l’avion retour vers Paris. L’homme qui se fait appeler « Doualemn » semblait disposer d’un passeport algérien en règle mais Alger ne s’embarrasse pas de ce genre de détails lorsqu’elle peut faire la leçon à Paris. Dans un long communiqué le ministère « des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger » a du mal à cacher sa jubilation :

    …le ressortissant objet de l’expulsion vit en France depuis 36 ans. Il y dispose d’un permis de séjour depuis 15 ans. Il est père de deux enfants nés de son union avec une ressortissante française. Enfin, il est socialement intégré dans la mesure où il exerce un emploi stable depuis 15 ans.

    …en violation des dispositions pertinentes de la Convention consulaire algéro-française du 24 mai 1974, la partie française n’a cru devoir informer la partie algérienne ni de l’arrestation, ni de la mise en garde à vue, ni de la détention, ni encore de l’expulsion du ressortissant en cause. Bien plus, elle n’a pas donné suite à la demande de la partie algérienne d’exercer sa protection consulaire au profit du ressortissant concerné à travers le droit de visite.

    Et d’ajouter :

    Au vu de tous ces dépassements et de toutes ces violations des droits acquis par le ressortissant algérien sur le territoire français, la décision algérienne dans cette affaire est animée par le souci de lui permettre de répondre aux accusations qui sont portées contre lui, de faire valoir ses droits et de se défendre dans le cadre d’un processus judiciaire juste et équitable sur le territoire français.

    htttps://www.mfa.gov.dz/fr/announcements/ministry-of-foreign-affairs-statement-far-right-in-france

    Depuis cet incident les ministres se menacent par-dessus la Méditerranée mais à ce petit jeu Alger semble plus efficace. Sur la forme on se demande comment Paris a pu se mettre dans un tel imbroglio diplomatique. « Doualemn » a été placé dans un centre de rétention administrative en France mais il est très probable qu’il en sortira rapidement.

    Sur le fond rien n’est réglé et des citoyens algériens installés en France diffusent une propagande haineuse sans que Paris, engoncé dans un cadre légal et démocratique, ne puisse faire grand-chose, ou alors des tentatives vaines comme celle menée contre ce « Doualemn ». Paris soupçonne Alger de manipuler ces idiots numériques installés sur son territoire pour accentuer le chaos dans l’hexagone. C’est possible mais n’est pas démontré à ce stade. Hélas, il y a suffisamment de ressentiment de ces citoyens algériens contre le pays qui les accueillent pour ne pas avoir besoin de les inciter à lui nuire par tous les moyens à leur disposition. On touche ainsi du doigt le non-dit de cette haine : entre 4 et 6 millions de Français sont d’origine algérienne et des centaines de milliers d’Algériens, double-nationaux ou pas, y résident en permanence. C’est une espèce de syndrome de Stockholm dans lequel les anciens colonisés ont choisi de s’implanter dans le pays qui les a colonisés et contre lequel ils, ou leurs parents, ont combattu les armes à la main. Dans le lot, il y a quelques individus qui poursuivent le combat avec les armes de XXIe siècle et cherchent à nuire.

    Au Café du commerce et sur les plateaux des médias conservateurs à courte vue (les deux ensembles se recouvrent souvent) on se demande comment une telle situation est possible et comment la France peut être ainsi « humiliée » par Alger ? Tous prônent la fermeté en s’agitant sur leurs fauteuils et Mme. Michu est prête à réenvahir l’Algérie derrière la bannière tricolore. La situation est plus subtile. D’abord il y a des intérêts économiques réciproques importants, dont la vente de gaz et de pétrole par Alger ainsi que des flux de business significatifs entre les deux pays. Y renoncer est techniquement possible mais il faudrait alors mettre en œuvre des solutions de remplacement qui ne sont pas à portée de main. Mais surtout la diaspora importante qui représente près de 10% de la population française rend inextricables les relations entre les deux pays qu’il est désormais quasi-impossible de détricoter. C’est la principale conséquence du fait colonial français. Par ailleurs, malgré les grandes espérances postindépendance, la mauvaise gouvernance des anciennes colonies poussent leurs citoyens à s’exiler. Et le plus simple, pour de nombreuses raisons, est encore de partir s’installer dans l’ancienne puissance coloniale. La tentation qui ronge certains sur les plateaux télévisés d’en finir des relations avec l’Algérie, de fermer l’ambassade de France dans ce pays, de stopper la délivrance de tous les visas et d’en reparler dans soixante ans n’est sans doute plus viable.

    On se souvient qu’après l’invasion par le Vietnam du Nord, communiste, du Vietnam du Sud, pro-occidental, et la réunification forcée des deux entités en 1975 sous la bannière d’une république « socialiste », en violation des accords de paix dits « de Paris » en 1973, les Américains ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Vietnam, fermé leur ambassade et mis le Vietnam sous embargo commercial. Il fallut attendre 1995 pour que ces relations soient timidement rétablies et le premier ambassadeur américain envoyé en 1997 était un ancien pilote de bombardier de l’US-Air Force qui a servi durant la guerre du Vietnam et fut prisonnier durant six années. Tout un symbole… Aujourd’hui les Etats-Unis et la Vietnam sont plutôt considérés comme alliés dans cette région d’Asie du Sud-Est où la Chine fait figure d’épouvantail impérialiste.

    La France n’a pas choisi cette voie ferme avec l’Algérie et préféra tenter de construire des relations amicales avec ce pays immédiatement après son indépendance en 1962, malgré le lourd passif qui continue de flotter entre les deux nations. Il n’est pas sûr que ce fut une bonne option mais il est de toutes façons trop tard pour en changer. Cette situation paradoxale condamne les deux pays à s’entendre en faisant preuve d’intelligence et de subtilité, ce qui est loin d’être le cas ces dernières années des deux côtés de la Méditerranée… La tâche est rude et les deux capitales sont à cran. Avec un peu plus de discrétion et moins de tohu-bohu médiatique, on peut sans doute arriver à mieux maîtriser les nuisances d’une relation toxique entre l’Algérie qui n’aime définitivement pas la France et croit fermement que tout lui est dû puisqu’elle a été colonisée dans les conditions extrêmement brutales que l’on connait.

  • Laufey sur Arte Concert

    Laufey sur Arte Concert

    La plate-forme Concert d’Arte accorde la place qu’elle mérite à l’artiste Laufey autrice-compositrice-interprète islandaise de jazz. Islandaise d’origine chinoise, une voix digne des plus grandes avec un vibrato délicieux. 25 ans, belle comme le jour, multiinstrumentiste… on se demande comment elle peut accumuler tant de talents !

    Voir sur : https://www.laufeymusic.com/

  • « Paquebots 1913-1942, une esthétique transatlantique » au musée d’Arts de Nantes

    « Paquebots 1913-1942, une esthétique transatlantique » au musée d’Arts de Nantes

    Le musée d’Arts de Nantes présente une jolie exposition tournée vers le grand-large. Nous sommes durant l’entre-deux guerres mondiales, les pays occidentaux rivalisent pour construire les paquebots transatlantiques les plus gigantesques et les plus luxueux qui, majoritairement, relient des Etats-Unis et la vieille Europe. Celle-ci se relève à peine de la dévastation que fut la Grande Guerre. Un foisonnement culturel sans précédent saisit Paris, Berlin, Londres… Le mouvement surréaliste tente de rendre le rêve réel. Et quoi de mieux que ces paquebots reliant l’ancien et le nouveau monde pour inspirer les rêveurs ? André Breton les a empruntés à de nombreuses reprises dans un sens et dans l’autre. Il a notamment accompagné les sculptures de Brancusi qui devaient être exposées à New-York. Le Corbusier s’est aussi intéressé à l’organisation de l’habitat dans un paquebot, « machine à voyager » lui qui concevait les logements qu’il a construit comme des « machine à habiter ».

    Les œuvres exposées sont sous forme d’affiches publicitaires, de tableaux, de photographies et, même, d’accessoires embarqués dessinés par des designers de renom qui ont produit des fauteuils, de la vaisselle, la décoration des parties communes.

    Le paradoxe de ces navires se trouvait dans les lignes extrêmement épurés de la coque et des infrastructures, pour des raisons aérodynamiques, et la richesse des aménagements intérieurs art-déco, au moins pour les 1ères classes. Ces bateaux respectaient une stricte « lutte des classes » et les passagers de la troisième étaient bien sûr beaucoup moins bien lotis. Les années 1930 furent aussi celles du renforcement des migrations vers les Etats-Unis d’européens fuyant la barbarie nazie. Les paquebots transportèrent aussi des réfugiés en grand nombre vers New-York, participant ainsi à la géopolitique de l’époque.

    Le temps de ces grands navires est désormais passé pour le transport des passagers mais les images de ces paquebots font toujours rêver comme le montre cette exposition. Mais c’est aussi la nostalgie d’une époque.

  • Le président élu Trump veut toujours conquérir ou acheter de nouveaux territoires

    Le président élu Trump veut toujours conquérir ou acheter de nouveaux territoires

    Alors qu’il n’a pas encore pris officiellement ses fonctions, le président élu Trump continue ses déclarations tonitruantes et plutôt hétérodoxes sur l’extension du territoire des Etats-Unis d’Amérique. Il vient de réaffirmer sa volonté de voir son pays acheter le Groenland au Danemark. Il avait déjà formulé cet objectif lors de sa première présidence (2016-2020). Il la complète cette fois-ci avec les menaces de rétablir la souveraineté américaine sur le canal de Panama et de transformer le Canada en un Etat américain si ce dernier continue à laisser passer des migrants à travers leur frontière commune. La seconde présidence Trump n’a pas encore débuté qu’elle promet déjà des étincelles.

    Mais quelle époque ! Alors que la Russie cherche à conquérir l’Ukraine par la force des armes depuis la guerre d’invasion initiée il y a presque trois ans, les Etats-Unis menacent de coloniser le Canada ou « d’acheter » le Groenland. Les empires se déchaînent et veulent appliquer la loi du plus fort au détriment du droit international si difficilement mis en place après la IIe guerre mondiale.

    L’hubris de dirigeants mal éduqués les rend avides de conquêtes territoriales. Ils sont plus gros et plus forts que les petits, alors pourquoi se gêner ? On peut se demander si le système international mis en œuvre sous l’égide des Nations-Unis depuis 1945 n’a pas atteint ses limites ? Plutôt que de chercher à le réformer, les empires le foulent aux pieds, cela va plus vite pour accroître leur puissance, du moins le croient-ils.

    La Russie, dirigée par une clique de forbans jamais vraiment sortis de l’époque soviétique, envoie directement ses chars pour conquérir les territoires ex-soviétiques qui tentent de s’éloigner de son influence. Les Etats-Unis, pour le moment, apparaissent un tout petit peu plus policés et proposent « d’acheter » les territoires qu’ils convoitent. Comme il est peu probable que leurs propositions déclenchent beaucoup d’enthousiasme de la part de leurs potentiels vendeurs on peut imaginer que l’étape suivant pourrait être la conquête par la force. Toutefois, les guerres précédentes au Vietnam, en Iraq ou en Afghanistan n’ont pas laissé que de bons souvenirs alors on peut penser que Washington se contentera de la guerre commerciale pour tenter de faire plier les récalcitrants.

    Ce n’est pas le cas de la Russie qui se posent beaucoup moins de questions, et surtout n’a pas à en poser à une opinion publique ou à des élus. Demain ce pourrait être le cas de la Chine qui a toujours en ligne de mire la réunification de l’ile de Taïwan et qui se posera probablement fort peu de questions éthiques le jour où elle se sentira prête à prendre le sentier de la guerre d’invasion.

    C’est notre époque, c’est aussi l’échec de la génération des « boomers » ; l’épisode de paix en Occident semble prendre fin et les armes parlent non loin de l’Europe. Plus ou moins conscient de cette situation qui dérive (un « point de bascule » comme on le dit dans les journaux télévisés) l’Occident hors-Etats-Unis réarme, plutôt lentement. Washington reste à la tête d’un budget militaire considérable, ce qui assure une partie de sa puissance. Des pays comme la France, lorsqu’ils ont le choix, préfèrent encore financer des jeux olympiques en 2024 puis en 2030 plutôt que de fabriquer des chars d’assaut ou des avions de combat.

    Ce choix de la paix est philosophiquement sympathique mais militairement dangereux pour les démocraties européennes. Le temps se couvre, les pays nuisibles à l’Europe se renforcent et multiplient les actions hostiles. Le temps des révisions déchirantes est sans doute venu.

  • Le Sénégal et ses « collaborateurs »

    Le Sénégal et ses « collaborateurs »

    Alors que le Sénégal rend hommage aux « tirailleurs sénégalais » dont certains d’entre eux furent massacrés il y a 80 ans à Thiaroye près de Dakar par les troupes coloniales françaises alors qu’ils réclamaient le paiement de leurs arriérés de solde pour leur participation à la libération de l’Europe en 1945, un ministre sénégalais membre de l’actuel gouvernement a affirmé à la télévision locale que « « Les tirailleurs sont des traîtres qui se sont battus contre leurs frères, dans leur pays, pour de l’argent » (rapporté par Le Monde du 26/12/2024) en faisant référence à l’engagement des « tirailleurs », qui n’étaient d’ailleurs pas que sénégalais, dans la répression des révoltes en Afrique.

    Cette déclaration a provoqué un peu d’émotion dans le pays, d’autant plus que le nouveau président Bassirou Diomaye Faye né en 1980, élu en cette année 2024, ne peut guère être accusé de vouloir faire perdurer la compromission avec l’ancienne puissance coloniale française à qui il vient de demander de se préparer à rapatrier ses troupes toujours présentes au Sénégal. Le gouvernement a dû contredire son ministre.

    Cet incident est un classique du débat au sein des pays qui ont été occupés par d’autres. Les occupants ont forcément besoin de participations des occupés, à une échelle plus ou moins vaste, pour réussir leur besogne. Les occupants finissant généralement par s’en aller, plus ou moins piteusement, l’heure des règlements de compte est incontournable un jour ou l’autre. Ceux-ci sont plus ou moins violents, interviennent sur une période plus ou moins longue et la justice des pays libérés est plus ou moins présente dans le processus.

    En France l’épuration sauvage débutée en 1944 contre les « collaborateurs » a vite été remplacée par des procès menés selon le droit. On estime à environ 10 000 le nombre d’exécutions extra-judiciaires juste après la fin de la guerre mais d’autres chiffres plus élevés ont aussi circulé. En Algérie la répression contre les Harkis, les troupes supplétives de l’armée coloniale française, après l’indépendance du pays en 1962 a été sauvage malgré les engagements des nouvelles autorités de n’en rien faire, il y aurait eu entre 50 et 150 000 morts. Au Vietnam après la guerre américaine et la réunification du Nord avec le Sud sous l’autorité du parti communiste, des camps de rééducation à régime très sévère ont été mis en place pour remettre les déviants dans le droit chemin. Les plus anciens se souviennent de la panique des populations du sud qui ont fait le siège des ambassades occidentales en 1975 pour être évacuées par hélicoptères depuis le toit de l’ambassade américaine vers des porte-avions stationnés au large. En Afghanistan après l’annonce du départ des troupes occidentales en 2021, un gigantesque pont aérien occidental a été mis en place avant la date fatidique pour évacuer du pays plus de 100 000 personnes en deux semaines, dont nombre d’Afghans « vulnérables ». Bien évidemment dans ce genre d’opérations d’évacuation d’urgence on évacue des gens honorables et d’autres… probablement beaucoup moins. Ceux qui n’ont pas pu partir et se sont compromis avec les troupes d’occupation ont eu des comptes à rendre avec le pouvoir religieux afghan qui a pris la suite.

    Les « tirailleurs sénégalais » qui ont combattu avec les troupes coloniales françaises n’ont sans doute pas eu vraiment le choix, mais il y eut ceux qui se sont engagés et ceux qui ne se sont pas engagés. Nombre de pays mettent fin à ces drames via des lois d’amnistie, comme en France dès 1947. Mais le mieux est encore de ne pas envahir son voisin pour éviter les déboires post-occupation.

    On n’ose imaginer ce qui se passera dans le Donbass lorsque la guerre en cours entre la Russie et l’Ukraine se terminera… L’Histoire risque fort de se répéter quel que soit le vainqueur.

  • Accidents d’avion en Corée du sud

    Accidents d’avion en Corée du sud

    Un accident d’avion fait 179 morts et 2 survivants aujourd’hui sur un aérodrome de province en Corée du sud. Unanime, la presse française qualifie de drame de « pire catastrophe aérienne de l’histoire du pays ».

    C’est oublier un peu vite le vol de la Korean Airlines n°007 reliant New York et Séoul le 01/09/1983 qui fut abattu par la chasse soviétique, faisant 269 morts, après s’être « égaré » au-dessus du territoire soviétique. Moscou accusât l’appareil de faire de l’espionnage. C’est seulement après la dissolution de l’URSS que Moscou rendit les « boîtes noires » de l’appareil dont le dépouillement conclut à une négligence des pilotes.

    269 étant supérieur à 179 on se demande pourquoi l’accident d’aujourd’hui est considéré comme le plus grave de l’histoire de la Corée du sud ? Et pourtant l’intelligence artificielle fait des miracles pour retrouver les archives. Celles de 1983 n’étant pas des plus anciennes, cette qualification est probablement le fait de la paresse intellectuelle de jeunes journalistes. A moins qu’ils ne jouent sur les mots, une « attaque de chasseur » n’étant pas à proprement parler un « accident ». ? Comme personne ne rappelle cette attaque dans la presse, on peut raisonnablement opter pour l’insuffisance des journalistes.

    Puisque nous somme dans les accidents d’avion coréens, rappelons l’attentat à la bombe dont fut victime un vol de la Korean Airlines en 1987. Deux agents nord-coréens avaient déposé une bombe en cabine et quitté l’avion avant l’explosion à une escale à Abu Dhabi. Il y avait eu 115 morts. Les agents nord-coréens avaient ensuite été identifié et arrêtés à Bahreïn, l’homme se suicidant lors de l’intervention de la police et la femme tentant également de se suicider mais échouant dans cette tentative. Elle fut récupérée par la Corée du sud, condamnée à mort puis graciée. Réalisant à Séoul que la situation de la Corée du sud n’était celle qu’on lui décrivait en Corée du nord elle a exprimé des remords et présenté des excuses. Elle vivrait toujours cachée et sous protection en Corée du sud, de peur de représailles que pourrait exercer la Corée du nord pour qui elle est une traitresse à la cause.

  • Beth Hart sur Arte Concert

    Beth Hart sur Arte Concert

    Arte Concert permet de découvrir l’artiste américaine Beth Hart en concert à l’Olympia de février 2020 avec trois musiciens, deux vieux routiers blanchis sous le harnais des tournées rock à la bass et la guitare, un jeune batteur dont les ancêtres devaient ramasser le coton en Alabama. Elle est une rockeuse, blanche et bluesy, pulpeuse et tatouée à la voix puissante et inspirée, façon Janis Joplin.

    Un beau moment musical.

  • Buffon agressé au jardin des Plantes !

    Buffon agressé au jardin des Plantes !

    Défiguré par des décorations de style jurassique, Buffon reste serein au jardin des Plantes. Il a le temps pour lui.

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  • BANKS Russel, ‘American Darling’.

    BANKS Russel, ‘American Darling’.

    Sortie : 2005, Chez : BABEL 780.

    Dans ce roman haletant écrit par Russel Banks (1940-2023) le lecteur suit le parcours chaotique d’Hanna Musgrave. Américaine moyenne, étudiante dans les années 1960-1970, en révolte contre la guerre du Vietnam et l’impérialisme, en lutte pour les droits civiques dans son pays, elle s’engage dans tous les combats menés par la jeunesse américaine mais elle franchira un pas supplémentaire en militant au sein des « Weather underground », encore appelés « Weathermen », jusqu’à entrer dans la clandestinité pour fuir le FBI et une inculpation pour avoir participé à des attentats. Elle prend alors la route de l’exil en Afrique vers le Liberia, épouse un ministre libérien dont elle a trois enfants et se trouve mêlée à la sordide guerre civile qui voit s’affronter les ethnies locales dans une sauvagerie totale au cours des années 1980. Manipulée par la CIA qui veut favoriser un chef de guerre pour remplacer un autre, elle parvient finalement à retourner aux Etats-Unis en laissant ses fils sur place… qui deviennent des enfants-soldats sombrant dans la barbarie.

    Dans ce roman Banks narre avec force les désillusions d’une génération de jeunes américains post-hippies qui s’est engagée pour ses idées, comme dans beaucoup d’autres pays occidentaux, et a du abdiquer de ses utopies, parfois dans le fracas des armes. Dans le cas de ce roman, la prise de conscience de la réalité est encore plus violente puisque qu’elle s’étend à l’Afrique où Hanna découvre ce qu’est devenu le Liberia, un pays fondé au début du XIXe siècle à l’origine sur un grand principe, celui de faire revenir dans de bonnes conditions les esclaves afro-américains libérés à la période de la guerre de sécession dans l’espoir qu’ils y trouvent plus facilement leurs marques que dans une Amérique où les droits civiques sont encore loin d’avoir été généralisés. Mais le Liberia qui prononçât son indépendance en 1847 a continué d’appliquer une politique « colonialiste » sous l’autorité des Américano-Libériens, avant d’affronter une guerre civile de toutes les horreurs dans les années 1980…

    Banks mêle avec habileté la vraie histoire de ce pays déchu avec les errements d’Hanna tiraillée entre ses enfants et ses illusions perdues. Les utopies du XXe siècle ont provoqué des millions de morts. Hannah découvre qu’il y a une vie après leur effondrement. Passionnant.