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  • On ne dit plus…

    On ne dit plus…

    On ne dit plus « carte de stationnement pour handicapé » mais « carte mobilité inclusion ».

  • Martha Argerich et Lahav Shani au Festival de Pâques d’Aix en Provence

    Martha Argerich et Lahav Shani au Festival de Pâques d’Aix en Provence

    Merveilleux concert pour les deux pianos de Martha Argerich et Lahav Shani : Prokoviev et Rachmaninov, des œuvres un peu virtuoses, mais surtout Ravel sublimement interprété dans « Ma mère l’Oye » et « La Valse » par Martha (81 ans) et le jeune et talentueux Lahav Shani de 34 ans. Lorsque, la main dans la main, souriants, ils saluent l’assistance il y a un peu du passage de relais entre ces deux pianistes. La légende argentine peut être rassurée sur la solidité de la génération qui suit.

    Et pour ceux qui en douteraient, ils interprètent à quatre mains, pour l’un des bis, la symphonie des oiseaux de Saint-Saëns : bouleversant !

    Programme

    Sergueï Prokofiev (1891-1953), Symphonie n° 1 en ré majeur, op. 25 « Classique »

    Sergueï Rachmaninov (1873-1943), Suite pour deux pianos n° 2, op. 17

    Maurice Ravel (1875-1937), Ma mère l’Oye, La Valse

  • « David Hockney – collection de la Tate » au musée Granet d’Aix en Provence

    « David Hockney – collection de la Tate » au musée Granet d’Aix en Provence

    Le musée Granet présente les tableaux de David Hockney exposés à la Tate de Londres (ex-Tate Gallery). C’est toujours un émerveillement de revisiter l’artiste britannique du « pop art » de 85 ans tellement inventif et dont l’âge ne réduit en rien l’incroyable productivité.

    L’exposition montre quelques tableaux emblématiques (la chaise hommage à Van Gogh, le hall fleuri d’un hôtel mexicain, ses deux parents dans le salon, la grande fresque tarabiscotée de lui-même dans son atelier…) mais aussi beaucoup d’œuvres de ses débuts, moins connues : dessins, eaux fortes, traçant son parcours artistique et sa progression vers le maître de l’art contemporain hyperréaliste qu’il est devenu.

    Un très intéressant film documentaire au début de l’exposition nous fait mieux comprendre sa vision de la peinture. Dans ses interviews enregistrés à différentes époques de sa vie il évoque sa fascination pour la nature et les couleurs, et son obsession pour la perspective et la réalité : comment rendre celle-ci sous le pinceau et est-elle bien ce que nous voyons ? Passionnants monologues, illustrés par les célèbres peintures du Grand Canyon. Il raconte son inspiration et ses idées avec une désarmante simplicité et un petit sourire goguenard plutôt séduisant. Le film documentaire est la meilleure introduction possible au cheminement des visiteurs devant les œuvres !

    Lire aussi :
    « David Hockney. A Year in Normandie » au musée de l’Orangerie
    David Hockney à Beaubourg

    En sortant de Granet une petite visite s’impose ensuite dans la collection Jean Planque dans l’annexe du musée logée dans la chapelle des Pénitents blancs : Monet, Van Gogh, Picasso, de Staël… Le collectionneur suisse a entretenu une relation amicale avec Picasso au crépuscule de sa vie qui a accepté de vendre plusieurs tableaux à la galerie qu’il représentait. Certains sont exposés dans ce lieu magnifiquement rénové.

  • « Ghada Amer » à Marseille

    « Ghada Amer » à Marseille

    Ghada Amer est une artiste plasticienne égyptienne née au Caire en 1963 qui est exposée dans trois sites marseillais dont le Mucem et le Centre de la Vieille Charité, un hospice construit au XVIIème siècle pour « accueillir les gueux », recyclé depuis en un vaste centre culturel, utilisant ainsi à très bon escient la magnifique architecture du bâtiment.

    Amer marque un fort engagement féministe qu’elle illustre par de grandes sculptures, des céramiques, des tableaux avec des broderies incrustées, où apparaissent des personnages féminins et des slogans répétés à l’infini prônant la libération de la femme. Un peu abstraite, mi orientale-mi occidentale, un peu érotique, un peu expressionniste, l’œuvre est déclinée avec des matériaux variés, marquant l’inspiration de l’artiste et une obsession pour le statut de la femme.

  • « A mon seul désir » de Lucie Borleteau

    « A mon seul désir » de Lucie Borleteau

    Une jeune étudiante décide de s’encanailler en entrant dans un club de striptease, juste pour voir. Sous le pseudonyme d’Aurore, elle se lance avec le sourire dans un parcours de stripteaseuse, autant pour l’aspect disruptif de cette nouvelle voie, que pour payer son loyer. Elle a abandonné ses études et elle plonge avec curiosité dans ce monde de la nuit où le sexe est omniprésent, ainsi que les comportements parfois déviants de spectateurs venus confronter leurs frustrations à la nudité aguichante de ces jeunes femmes.

    Aurore initie aussi une relation amoureuse avec une de ses collègues de scène. Un peu d’amour lesbien, un peu de polyamour, un peu de transgression, bref, un film dans l’air du temps qui traite d’un sujet vieux comme le monde.

  • « Les soldats du désert – Leclerc et les Britanniques » au Musée de la Libération de Paris

    « Les soldats du désert – Leclerc et les Britanniques » au Musée de la Libération de Paris

    Le « musée de la Libération de Paris / musée du Général Leclerc / Musée Jean Moulin » (pourquoi un nom si long pour un musée plutôt modeste ?) raconte l’épopée des Français libres, en Afrique et dans le désert durant la deuxième guerre mondiale, sous le commandement de Philippe de Hauteclocque dit « Leclerc » (1902-1947), représentant du général de Gaulle sur le continent.

    Fait prisonnier par les Allemands en juin 1940 après les combats en Champagne, il s’évade, rejoint de Gaulle à Londres qui l‘envoie au Cameroun d’où il commence une véritable épopée qui le conduira avec ses soldats jusqu’à Berlin après avoir libéré Paris puis Strasbourg qu’ils atteignent en novembre 1944.

    En Afrique Leclerc a pour mission de convaincre les autorités françaises coloniales de passer sous la bannière gaulliste en abandonnant celle de Pétain. Quasiment seul, sans armes ni troupes, il monte progressivement une division de soldats de bric et de broc avec le soutien des Britanniques, le ralliement de soldats grecs et les « tirailleurs sénégalais », soldats plus ou moins volontaires issus de l’Empire français.

    Il mène et emporte des batailles dans le désert devenues légendaires, contre les Italiens puis les Allemands, dans l’immensité hostile du Sahara. En 1943 il se place avec ses hommes sous l’autorité du commandant en chef britannique de la région, le général Montgomery. En avril 1944 il rejoint le sol français avec sa « 2ème DB », est envoyé libérer Paris en août et poursuit jusqu’à la reddition allemande. L’exposition décrit un chef de guerre de grand charisme, proche de ses hommes, stratège imaginatif et n’hésitant pas à prendre des risques personnels. Les opérations qu’il a menées en plein désert en 1942 et 1943 en infériorité criante par rapport aux ennemis sont admirables et participèrent à leur mesure à chasser les Italiens et les Allemands d’Afrique pour préparer la libération de l’Europe.

    Après sa victoire dans la bataille de Koufra le 28/02/1941 (dans l’actuelle Libye) de Gaulle lui télégraphie :

    Vous avez ramené la victoire sous les plis du drapeau. Je vous embrasse.

    C’est à Koufra également qu’il prononce avec ses hommes le « serment de Koufra » dans lequel ils s’engagent à ne déposer les armes que lorsque les couleurs françaises flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ! Le serment sera tenu plus de quatre années plus tard. Le drapeau en question est présenté dans la dernière salle de l’exposition. Bricolé à la hâte dans la ville tout juste libérée, la couleur rouge du drapeau tricolore aurait été cousue avec des restes de drapeaux nazis !

  • L’armée française à la rescousse des musculeux ?

    L’armée française à la rescousse des musculeux ?

    L’organisation des Jeux Olympiques (JO) d’été en 2024 à Paris est annonciateur de beaucoup de difficultés pour très peu d’avantages. L’une d’entre elle concerne la sécurité qu’il faudra assurer en ces temps troublés de guerre et de terrorisme. Pour canaliser les foules grégaires et avinées vers les stades et autres lieux où se tiendront ces jeux dispendieux il est prévu de recruter des milliers d’agents de sécurité et il semble que l’organisation des JO ait du mal dans ce recrutement, même après avoir réduit les critères d’exigence appliqués à ces personnels, ce qui n’est pas très rassurant par ailleurs.

    Pour résoudre ce problème, il est question d’essayer de procéder à des recrutements complémentaires à l’étranger dans les pays francophones ou, en dernier recours, de faire appel à l’armée comme le fit le Royaume-Uni lors de ses JO en 2012. Une telle hypothèse, si elle se réalisait, serait une nouvelle dérive dans l’organisation de jeux sportifs qui coûtent déjà très chers aux contribuables. L’armée n’est pas là pour faire la circulation. Elle a des tâches bien plus urgentes et vitales à mener pour la République dans le cadre de son budget. Si les jeux ne sont pas capables d’autofinancer leurs activités eh bien il faut faire exactement comme le ferait une entreprise : réduire la voilure pour adapter les dépenses aux revenus. C’est un concept assez simple à comprendre.

    Aujourd’hui le Comité international olympique (CIO) grand maître des jeux du cirque, organisation richissime dont le siège est à Lausanne en Suisse (sans doute pas uniquement pour l’air vivifiant des Alpes) exige des exonérations fiscales des Etats dans lesquelles il opère. En France une telle exonération a été octroyées en 2020 par décret signé par les ministres Edouard Philippe, Gérald Darmanin et Roxana Maracineanu pour les JO Paris 2024.

    Lire aussi : Les ministres Philippe, Darmanin et Maracineanu jettent l’argent public par les fenêtres et signent leur méfait

    Cet abandon de recettes fiscales vient déjà s’ajouter aux dépenses publiques prises en charge par l’Etat à hauteur d’une petite dizaine de milliards d’euros, non compris les inévitables dépassements budgétaires qui pourraient presqu’être érigés en discipline olympique tant ils sont récurrents à chaque organisation de JO. Eh bien, en France, comme ce fut le cas au Royaume Uni, on risque de devoir en plus mettre en œuvre l’armée pour suppléer aux déficiences du privé. Le pays est ainsi assuré de garder son titre de champion olympique de la dépense publique.

    Lire aussi : Jeux Olympiques : Paris essaye de limiter le racket

    Nous avons voulu collectivement ces JO, eh bien, nous allons payer pour les avoir.

  • La droite d’opposition a échoué de peu à faire tomber le gouvernement

    La droite d’opposition a échoué de peu à faire tomber le gouvernement

    Par suite de l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution française pour faire adopter un peu en force la réforme des retraites, deux motions de censure du gouvernement ont été déposées par le groupe « d’opposition centriste » Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT) et par le Rassemblement National groupe de franche opposition de droite.

    Les groupes d’opposition de centre (LIOT) et de droite (RN – Rassemblement National) ont massivement voté pour la censure que les partis de gauche, bien qu’opposants, n’ont pas voté ne voulant pas mêler leurs voix à celles de la droite. Plus consternant, il s’est trouvé 19 députés du parti Les Républicains (LR) sur un groupe de 61 pour voter la censure du gouvernement et il s’en est fallu de 11 voix seulement pour que le gouvernement ne soit pas renversé. On avait sous-estimé la haine que vouent les députés LR au pouvoir actuel et tout particulièrement à son président qui avait mis sur la table une réforme des retraites dont la mesure phare était de repousser l’âge de départ de 62 à 64 ans, c’est-à-dire un de moins que les 65 ans réclamés à corps et à cris par ce même parti depuis des années, et tout particulièrement dans le programme électoral de sa candidate aux dernières élections présidentielles.

    L’arrivisme et les convictions changeantes de ces députés laissent pantois. Leur haine politique à l’encontre d’un président qui par deux fois a fait échouer leur propre candidat-président dans les grandes largeurs, François Fillon en 2017 et Valérie Pécresse en 2022. Aucun des deux ne réussit à passer le barrage pour accéder au deuxième tour et Emmanuel Macron fut élu en 2017 et en 2022. Il applique depuis une politique que l’on peut qualifier de centre-droit avec des réformes comme celle du statut de la SNCF que LR avait toujours rêvé de faire sans jamais oser se lancer.

    Comment ce parti conservateur, lointain successeur du Rassemblement du peuple français (RPF) créé par MonGénéral peut-il ainsi avoir joué avec le feu en faisant le jeu des partis démagogiques de gauche comme de droite dure ? De Gaulle a dû s’en retourner dans sa tombe à Colombey-les-Deux-Eglises. Les chefs LR avaient appelé leurs troupes à voter pour la réforme et donc à ne pas voter pour la censure. Le moins que l’on puisse dire est que leur autorité vacille.

    La logique aurait voulu que LR, qui dispose de la majorité au sénat, convienne d’un accord de gouvernement avec Renaissance, le parti présidentiel qui n’a qu’une majorité relative à l’assemblée nationale, puisqu’ils sont d’accord sur la majorité des sujets. Mais nous sommes en France et, malgré la situation déclinante du pays, le consensus politique est un concept qui n’est pas reconnu par les partis et ceux qui les composent. Les haines recuites, les insultes, la mauvaise foi et les retournements de veste sont érigés en mode de fonctionnement. La gauche nous avait déjà habitués à ces pratiques, le fait que la droite « de gouvernement » s’y mette également symbolise la décadence dans laquelle s’enfonce la Nation.

    Résultats des deux motions

    Motion Bertrand Plancher, groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT)

    • 18 députés du groupe LIOT sur 20 ont voté la censure
    • 19 députés du groupe Les Républicains (LR) sur 61 ont voté la censure
    • 88 députés du groupe Rassemblement National (RN) ont voté la censure
    • Les autres votants sont plus attendus

    Motion Marine Le Pen, groupe Rassemblement National (RN)

    • 3 députés du groupe LR ont voté la censure
    • 88 députés du groupe Rassemblement National (RN) ont voté la censure
    • Les autres votants sont plus attendus

    Aucune de ces deux motions n’a été adoptée.

  • « Léon Monet – frère de l’artiste et collectionneur » au Musée du Luxembourg

    « Léon Monet – frère de l’artiste et collectionneur » au Musée du Luxembourg

    Léon Monet (1836-1917) était le frère aîné de Claude qui cumula une activité de collectionneur avec sa profession de chimiste, spécialiste dans la création de couleurs. Il a grandi au Havre avec son frère qui y produit ses premiers dessins (y compris des caricatures) et peintures des paysages marins et campagnards de la région. Très tôt intéressé par la peinture, il démarre une collection à partir de 1870 et s’installe comme directeur d’usine pour le chimiste helvétique Geigy. Il va jouer le rôle de mécène de l’impressionnisme naissant dont Claude fut l’un des fondateurs. Par son intermédiaire il rencontre Sisley, Pissaro, Renoir, Morisot et achète certaines de leurs œuvres montrées dans cette exposition. Il s’agit beaucoup de Normandie où Léon passa toute sa vie, des paysages de mer, de la Seine, des champs, assortis de couleurs sublimes, images d’un certain bonheur. Claude lui rend visite régulièrement à Rouen et y peint ses 28 célèbres tableaux de la cathédrale sous différentes lumières.

    Une pièce du musée est consacrée à l’activité industrielle dans laquelle évolue Léon, elle aussi tournée vers les couleurs et l’apparition de la chimie pour les composer.

    A la fin de la vie de Léon, les deux frères s’éloignent un peu à cause de Jean, fils de Claude, chimiste lui aussi, qui travaille avec son oncle et avec qui les relations sont orageuses. Qu’importe cette mésentente n’est rien au regard de l’œuvre immense de Claude à l’élaboration de laquelle Léon aura aussi apporté son écot grâce au soutien affectif et artistique qu’il porta sa vie durant à son frère.

    Lire aussi : Musée des Beaux-Arts de Rouen

  • « Shutter Island » de Martin Scorsese

    « Shutter Island » de Martin Scorsese

    La sympathique chaîne de cinémas parisiens indépendants Portail | Dulac Cinémas (dulaccinemas.com) propose une soirée cinéclub avec le film Shutter Island en « version 35 mm », c’est-à-dire visionné à partir d’une pellicule et non un support numérique. L’animateur qui introduit le film de Scorsese de 2010 présente cette technologie ancienne comme un joyau permettant une re-visitation de ce film de 2010. C’est une affaire de spécialistes car le spectateur moyen ne voit guère de différence entre les deux versions…

    Qu’importe, le film est passionnant et un peu terrifiant. Le thème en est la folie et la noirceur de l’âme. Un hôpital psychiatrique accueillant exclusivement des criminels psychiquement dérangés est installé sur une île au large de Boston et sur laquelle débarquent deux inspecteurs venus enquêter sur la disparition d’une patiente. Nous sommes dans les années 1950, Teddy (Leonardo DiCaprio) a fait partie des troupes américaines qui ont libéré le camp d’extermination nazi de Dachau et il en garde un profond traumatisme. Les deux policiers vont se trouver confrontés à l’équipe soignante et de surveillance dont les comportements sont étranges, notamment deux psychiatres dont l’un est allemands.

    Tout le scénario consiste à faire douter Teddy de son propre état mental. De manipulations en retours sur le passé (sa femme serait décédée dans l’incendie de leur maison), d’évasions en rencontres impromptues, de rêves en cauchemars, de soupçons en délires, le spectateur ne sait toujours pas à la fin du film si Teddy est l’un des patients de l’hôpital depuis deux ans ou un enquêteur de passage depuis deux jours, ni s’il est véritablement un meurtrier. L’histoire se déroule alors qu’une tempête se déchaîne et coupe l’île du reste du monde. Fascinant ! Les plus optimistes espèrent qu’un tel scénario dépasse les bornes de la réalité…

    Nous sommes au Cinéclub alors Florence Colombani qui a écrit un livre sur le jeu d’acteur de DiCaprio vient nous parler de sa performance et de son lien presque filial avec Scorcese. Un court métrage est également projeté en présence de son réalisateur et ses deux acteurs : « Ainsi commença le déclin d’Antoine » de Paul Rigoux, l’histoire d’un garçon qui épie les filles depuis sa table stratégique d’un café de la Place Clichy.

    Merci le cinéma !

  • de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 3/3 « La Chute »‘

    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 3/3 « La Chute »‘

    C’est le dernier acte de la trilogie de Michel de Saint Pierre consacrée à la dynastie des Romanov. Nous sommes en mars 1917 Nicolas II a abdiqué en faveur de son frère qui ne gardera le pouvoir que 24 heures et le laisse à un gouvernement provisoire dirigé par Kerenski sous l’autorité du Prince Lvov. L’armée russe est secouée sur le front est de la guerre de 1914-1918, la famille impériale est assignée à résidence, les révolutionnaires russes se chamaillent sérieusement sur le vaste territoire national, la guerre civile pointe son nez, Lénine, exilé en Suisse, est renvoyé à Saint Pétersbourg, ce qui ne va pas vraiment apaiser la situation…

    Il se dit que l’Allemagne a favorisé le retour de Lénine afin de renforcer le désordre en Russie et rendre moins dangereux ce pays dans la guerre mondiale en cours. On soupçonnera ensuite Berlin de financer Lénine avec le même objectif. Malgré ses talents oratoires Kerenski est progressivement emporté par l’impact du conflit sur sa politique intérieure. Le pays s’effondre progressivement et le parti bolchévique emmené par Lénine et Trotski cueille le pouvoir comme un fruit mur en octobre 1917 au terme d’une insurrection sanglante : « octobre rouge » et d’un coup d’Etat qui liquide les reste du pouvoir bourgeois flageolant.

    De façon inversement proportionnelle au renforcement du pouvoir bolchévique le sort de la famille impériale se dégrade en captivité. Elle est d’abord transférée du palais de Tsarskoïe Selo près de Petrograd (Saint Pétersbourg) à Tobolsk en Sibérie occidentale puis à Ekaterinbourg dans l’Oural où elle sera massacrée dans le sous-sol de la maison « à destination spéciale » Ipatiev le 16 juillet 1918, avec une partie de sa suite par une soldatesque enivrée par la vodka et l’odeur de la poudre. Leurs restes sont dissous dans l’acide, brûlés puis incinérés dans la forêt voisine. Il est probable que Lénine en personne signa l’ordre d’exécution.

    Les Romanov en 1913

    Saint Pierre déplore évidemment ce massacre royal que d’ailleurs pas grand monde ne défendit à l’époque excepté le nouveau pouvoir bolchévique qui voulait ainsi marquer son arrivée au pouvoir d’un acte fondateur et violent. Il décrit les premiers mois de gouvernement du duo infernal Lénine / Trotski de façon que l’on peut qualifier aujourd’hui de réaliste compte tenu de ce que l’on sait des travaux d’historiens sur la guerre civile russe de ces années et les dérives du pouvoir rouge qui aboutit à l’avènement de Staline qui succède à Lénine après sa mort en 1924, avant de faire assassiner son grand rival Trotski.

    Lénine est déjà décrit comme déployant une incroyable force idéologique et assez peu de sentiments sur les moyens à employer pur atteindre ses buts. Il considère que le « peuple » doit être mené à la force des baïonnettes et il crée la Tchéka (ancêtre du KGB) pour mener l’oppression qui, dès le départ, est nécessaire pour forcer les citoyens « analphabètes et stupides » à mener la révolution face au vieux monde capitaliste qui « s’effondre ». Alors massacrer la famille impériale dont cinq enfants n’est vraiment pas un obstacle qui puisse arrêter la course victorieuse du bolchévisme.

    On sait ce qu’il advint de ce régime révolutionnaire dont les scories continuent aujourd’hui de faire brûler la Fédération de Russie qui a pris la suite de l’empire soviétique, lui-même successeur de l’empire des tsars Romanov.

    Petite anecdote dans la grande Histoire, dans les années 1920, une femme psychiquement malade se fit passer pour Anastasia, la plus jeune fille du couple impérial, qui aurait survécu au massacre de sa famille. Le mystère n’a jamais été vraiment levé malgré nombre de tentatives, y compris judiciaires. Il semble peu probable que la jeune fille (elle avait 17 ans) ait pu échapper aux tueurs bolchéviques mais Michel de Saint Pierre tend à le croire, laissant plutôt parler son cœur que la science historique.

    Lire aussi :
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 2/3 « La menace »‘
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 3/3 « La Chute »‘

  • « Félins » au Muséum d’Histoire naturelle

    « Félins » au Muséum d’Histoire naturelle

    Le Muséum d’Histoire naturelle du Jardin des Plantes présente une exposition consacrée aux félins, du tigre féroce au chat domestique, en passant par lynx, jaguars et autres panthères. Il y a plein de ces animaux naturalisés, des explications pédagogiques sur leur histoire qui remonte à plusieurs millénaires. Des vidéos également montrant leur incroyable talent de prédateur. Evidemment c’est plutôt une exposition à destination des enfants, d’ailleurs nous sommes mercredi et le musée en est envahi. Mais leurs aînés qui vénèrent ces félins y trouvent aussi leur compte.

  • La réalité et la révolution

    La réalité et la révolution

    La France est à nouveau la proie des émeutes. Avec une constance qui force l’admiration les accusations de violences policières refont surface. Les images de casseurs-émeutiers déclenchant des incendies ou cassant des vitrines de banques lors de manifestations urbaines contre la réforme des retraites, incendiant des véhicules de la gendarmerie et visant leurs occupants militaires à coups de fusées de feu d’artifice et de cocktails molotov dans les champs pour contester la construction de réservoirs d’eau à ciel ouvert pour l’irrigation de l’agriculture, sont assez édifiantes pour comprendre qui attaque qui.

    Ce ne sont pas les véhicules des manifestants qui brûlent, ce ne sont pas les façades de leurs maisons qui sont saccagées, mais qu’importe, les forces de l’ordre sont accusées d’être violentes et de provoquer les émeutes. Avec la même mauvaise foi que le Kremlin accusant l’Occident de l’avoir attaqué dans la guerre d’Ukraine, la gauche française ne parle plus que des « violences policières » pour tenter de relativiser les dérives guerrières de la rue auxquelles on assiste et qui ont poussé le gouvernement à annuler une visite du Roi britannique qui devait avoir lieu ce week-end.

    Forte de son passé révolutionnaire et comme toujours, cela dure depuis 1968 et même avant, la France regarde les contestataires violents d’un œil attendri. Ceux-ci se croient en mesure de défier la loi pour faire valoir ce qu’ils pensent être « l’intérêt général », même par la violence, alors que l’Etat estime comme relevant de son pouvoir régalien de faire respecter l’ordre, au besoin en utilisant la force « légitime » que lui octroie la Loi.

    Il existe aujourd’hui en France une offre politique alternative qui n’a pas emporté la majorité des suffrages. M. Mélanchon qui s’émeut dans ses tweets et sur différentes scènes des « violences policières » n’a jamais été élu président de la République malgré plusieurs candidatures. Il suffit de voter pour lui et il appliquera un programme probablement plus conforme à ce qu’attendent les émeutiers actuels. Aujourd’hui il existe un choix démocratique possible dont on a même réduit la périodicité à cinq ans.

    N’ayant pas réussi à faire élire un représentant qui les satisfasse, et probablement réalistes sur l’absence de perspective à en faire élire un à court terme, les émeutiers mènent le combat dans la rue. A défaut de majorité dans les urnes ils appliquent le vieux principe révolutionnaire maoïste : « action, réaction, révolution ». Passer des urnes au cocktail molotov a un peu été un principe politique français. Sans remonter à 1789, le XXème siècle a vu défiler les mouvements de contestation violents en France : la « révolution bourgeoise » de 1968 (qui s’est terminée par une dissolution de l’assemblée nationale et la réélection d’une chambre majoritairement de droite), les mouvements violents « Gauche Prolétarienne », « Action Directe » et bien d’autres, qui ont émaillé la vie politique des années suivantes, le plus souvent soutenus intellectuellement par une partie de l’intelligentsia, ont marqué le paysage politique français. Mao et Trotski ont été les inspirateurs de la gauche de cette époque. Les émeutiers actuels sont les successeurs de ces mouvements, le soutien des intellectuels en moins.

    Mais le pays reste irrigué par les remugles de cette pensée d’un autre âge qui tend à justifier la violence politique et à condamner quasi-systématiquement la réaction des forces de sécurité. C’est ainsi et les partis conservateurs qui se sont succédé au pouvoir depuis la seconde guerre mondiale en France n’ont pas vraiment réussi à inverser cette influence, certes plus diffuse aujourd’hui, mais toujours prégnante.

    Heureusement il reste Christine Boutin pour apporter son soutien au pouvoir mais son tweet n’a été retweeté que… 2 fois. C’est tout de même une bonne nouvelle dans un océan de catastrophes de savoir qu’elle n’intéresse plus grand monde :

  • Anonyme, ‘La Bible – l’Exode’.

    Le deuxième chapitre de l’ancien testament de la Bible raconte l’exode du peuple juif, chassé d’Egypte, traversant la Mer Rouge dont les eaux sont ouvertes par les bras de Moïse avant d’atteindre la terre promise, celle d’Israël. L’histoire est connue, les méchants égyptiens craignent l’expansion des « enfants d’Israël » et les transforment en esclaves. Le roi instruit les accoucheuses de tuer les fils de ce peuple en ne laissant survivre que les filles. Moïse est issu de ce peuple va être le messager de Dieu-Yahvé, d’abord auprès de Pharaon (le roi d’Egypte) pour qu’il laisse partir les enfants d’Israël avec force miracles menaçants générant diverses calamités pour le convaincre. Yahvé déclenche les 10 plaies d’Egypte : la grêle, les moustiques, la mort des nouveau-nés… pour persuader le pharaon de libérer son peuple d’Egypte. Et il y parvient tout en veillant à ce que les Egyptiens soient auparavant dépouillés par les enfants d’Israël qui se font « prêter » bijoux et vêtements qu’ils ne rendront pas avant la fuite.

    Ce sont ensuite les pérégrinations à travers la mer et le désert puis l’arrivée au Sinaï où Yahvé prononcera le décalogue : « tu ne tueras point, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, etc. » Dieu en profite pour établir les bases d’un droit concernant les esclaves, les homicides, le « viol d’une vierge », la morale, etc. Moïse monte sur la montagne où trône Yahvé et en redescend avec « les tables de pierre – la Loi et les commandements ». Viennent ensuite les règlements régissant la vie courante, dont l’impôt ou le repos sabbatique. Une fois réglé ce cadre juridique par Dieu, tout ce petit monde se remet en route pour gagner le « pays où ruisselle le lait et le miel » après avoir pris soin de construire un sanctuaire dont toutes les caractéristiques architecturales sont détaillées dans le texte. Moïse fait son possible pour tenir son peuple sous la coupe de Yahvé en lui évitant de retomber dans ses errements et autres adorations d’idoles. Il brise d’ailleurs les Tables de la Loi sur le veau d’or que ce peuple indiscipliné s’était mis à adorer pendant que Moïse recueillait les instructions de Dieu sur la montagne…

    Le Livre de l’Exode est sans doute l’une des premières traces écrites de la nécessité d’instaurer et de respecter des règles minimales pour vivre en société. Evidemment elles sont aujourd’hui plutôt le fruit de parlements et de systèmes législatifs que de Dieu, au moins dans les démocraties, mais sans règle le peuple revient rapidement à l’anarchie (le veau d’or). Malgré tout, les Etats religieux continuent à adorer Dieu et à mettre en œuvre l’intégralité de ces textes millénaires, un peu dépassés, qui n’ont pas été écrits par Dieu, semble-t-il, mais par des hommes. Dans les régimes démocratiques certaines de ces règles bibliques subsistent encore aujourd’hui sous une forme ou sous une autre, celles qui relèvent du bon sens.

    Lire aussi : Anonyme, ‘La Bible – Genèse’.

  • « Néo-romantiques – Un moment oublié de l’art moderne 1926-1972 » au Musée Marmottan Monet

    « Néo-romantiques – Un moment oublié de l’art moderne 1926-1972 » au Musée Marmottan Monet

    Le mouvement du néo-romantisme est présenté par le musée Marmottan comme l’un des premiers mouvements post-modernes fondé sur la remise en cause de l’abstraction et sur le retour à la figure. L’exposition démarre sur un Picasso qui inspira les néo-romantiques qui cherchèrent aussi à s’en démarquer. Datant de la première moitié du XXème siècle les œuvres prennent parfois un aspect fantasmagorique pas toujours aisé à décrypter. Quelques paysages aux couleurs claires et naturelles paraissent un peu incongrus au milieu de tableaux sombres et excentriques. Ce sont encore les jamais sourire mais ils nous ramènent à leur époque.

    Ce petit monde parisien néo-romantique réunissait des artistes « russes blancs » émigrés de la révolution bolchévique, des anglo-saxons et tous semblaient beaucoup faire la fête où se retrouvaient Jean Cocteau, Gertrude Stein, Julien Green, Max Jacob.

    Comme nous sommes au musée Monet le visiteur descend ensuite au sous-sol où est exposée la superbe collection permanente de tableaux de Claude Monet, histoire de se réconcilier avec la couleur et la peinture plus classique produite par l’un des géants de l’impressionnisme.

  • L’ancien président russe Medvedev toujours en pointe et en subtilité

    L’ancien président russe Medvedev toujours en pointe et en subtilité

    Dans un tweet vengeur, l’ancien président russe Medvedev règle ses comptes avec le droit international suite au lancement de mandats d’arrêt par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président russe en poste, M. Poutine, et Mme. Maria Lvova-Belovasa, Commissaire aux droits de l’enfant au sein du Cabinet du Président. Tous deux sont accusés « du crime de guerre de déportation illégale de population (enfants) et du crime de guerre de transfert illégal de population (enfants), et ce, de certaines zones occupées de l’Ukraine vers la Fédération de Russie (au sens des articles 8-2-a-vii et 8-2-b-viii du Statut de Rome). »

    Lire aussi : https://www.icc-cpi.int/fr/news/situation-en-ukraine-les-juges-de-la-cpi-delivrent-des-mandats-darret-contre-vladimir

    Il a été effectivement documenté des transferts d’enfants ukrainiens vers la Russie, officiellement pour sauver des orphelins des horreurs de la guerre. Moscou s’en est d’ailleurs officiellement enorgueillit mais il s’avère que nombre de ces enfants ne seraient pas du tout orphelins et que leurs parents ont été trompés. Il s’agirait de familles résidant dans les territoires ukrainiens occupés par les Russes à qui les autorités d’occupation auraient annoncé que leurs enfants partaient en vacances en Crimée pour quelques semaines. Ces gamins n’auraient pas été renvoyés en Ukraine à l’issue de leur séjour et seraient en voie de russification : changement de nom, attribution d’un passeport russe, inscription dans les écoles russes et processus accéléré de naturalisation adopté via un décret signé par le président russe le 30 mai dernier.

    Pour « régler » ce problème, M. Medvedev propose d’envoyer un missile hypersonique sur La Haye où se trouve le siège de la CPI :

    Les juges de la CPI étaient inutilement agités. Regardez, disent-ils, nous sommes courageux, nous n’avons pas osé lever la main contre la plus grande puissance nucléaire. Hélas, messieurs, tout le monde marche sous Dieu et les fusées. Il est tout à fait possible d’imaginer l’application ponctuelle d’un transporteur hypersonique de la mer du Nord d’un navire russe au palais de justice de La Haye.

    Traduction Microsoft du Medvedev complet

    Il y a eu un effondrement final du système de droit international On l’admet : il n’était pas très efficace avant. Surtout ses institutions internationales.

    La Société des Nations s’est effondrée, l’URSS songeait à se retirer de l’ONU, les conventions et autres actes internationaux sont adoptés aujourd’hui avec difficulté, il y a un parti pris complet et un diktat d’un groupe de pays anglo-saxons.

    Mais le principal défaut du système de droit international public est son inefficacité. Les pays ne veulent pas mettre en œuvre les actes biaisés de l’Assemblée générale des Nations Unies, opposer leur veto aux décisions du Conseil de sécurité de l’ONU, quitter diverses institutions de l’ONU. La raison en est leur injustice, qui est basée sur l’inadmissibilité de la coercition par un groupe de pays souverains des mêmes États souverains. POUR PAR IN PAREM NON HABET IMPERIUM. L’égal n’a aucun pouvoir sur l’égal.

    Prenons cette CPI stupide et inutile, créée sur la base du Statut de Rome, à laquelle les plus grands États n’ont pas adhéré. Qui a-t-il tenu responsable ?

    Trois douzaines d’inconnus. Le président soudanais a craché sur ces accusations et, malgré un coup d’État militaire dans le pays, n’est pas disponible pour la « justice ». Le reste ne vaut pas la peine d’être mentionné du tout. En d’autres termes, l’efficacité de leurs activités est nulle. Il ne s’agit pas de tribunaux ad hoc de Nuremberg et de Tokyo. Ou même le douteux Tribunal pour l’ex-Yougoslavie. C’est compréhensible.

    Après tout, il est possible de juger un pays et ses dirigeants dans deux cas: 1) lorsque le pays lui-même est extrêmement affaibli, a presque perdu sa souveraineté et a décidé de reconnaître le jugement de lui-même; 2) lorsque le pays a perdu la guerre et s’est rendu. C’est impossible autrement. Et tout le monde le comprend. Soit dit en passant, l’épisode le plus discréditant, qui a tué l’autorité déjà presque nulle de la Cour, est associé aux crimes américains en Afghanistan et en Irak. Le tribunal était complètement dérangé et ne pouvait rien faire. De toute évidence, le cri puissant des États-Unis selon lequel nous, disent-ils, n’avons pas du tout ratifié le Statut de Rome, fuck off pigmies, a provoqué une envie animale parmi les juges de répondre à des besoins naturels qui ne sont pas liés à la justice.

    Et puis ils ont décidé de juger le président d’une autre puissance nucléaire qui ne participe pas à la CPI pour les mêmes raisons que les États-Unis et d’autres pays. De toute évidence, l’introduction la plus difficile possible est venue du même Pindostan. Il est clair qu’il n’y a pas de valeur pratique, mais merci de vous en souvenir.

    Mais les conséquences pour le droit international seront monstrueuses. Après tout, c’est l’effondrement des fondations, des principes du droit. Y compris des postulats sur l’inévitabilité de la responsabilité. Maintenant, personne n’ira dans les organismes internationaux, tout le monde sera d’accord entre eux. Toutes les décisions stupides de l’ONU et d’autres structures vont éclater. Un sombre coucher de soleil de tout le système des relations internationales approche. La confiance est épuisée.

    Encore une chose. Les juges de la CPI étaient inutilement agités. Regardez, disent-ils, nous sommes courageux, nous n’avons pas osé lever la main contre la plus grande puissance nucléaire. Hélas, messieurs, tout le monde marche sous Dieu et les fusées. Il est tout à fait possible d’imaginer l’application ponctuelle d’un transporteur hypersonique de la mer du Nord d’un navire russe au palais de justice de La Haye. Il ne peut pas être abattu, hélas. Et la Cour n’est qu’une organisation internationale misérable, pas la population d’un pays de l’OTAN. Par conséquent, la guerre ne sera pas commencée. Ils auront peur. Et personne ne le regrettera. Alors, citoyens juges, regardez attentivement le ciel…

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  • Le langage change, les faits stagnent

    Le langage change, les faits stagnent

    On ne dit plus « le tiers-monde » depuis longtemps. L’expression avait d’abord été remplacée par « les pays les moins avancées » puis, parce que celle-ci était toujours vécue comme dévalorisante, par « les pays en développement ». Tout ceci n’existe plus aujourd’hui où l’on parle désormais de « Sud global ». La notion recouvre à peu près la même chose, c’est-à-dire les pays qui affichent un faible Produit Intérieur Brut (PIB)/habitant, en y ajoutant une vague notion d’anti-occidentalisme que partageraient ces pays.

  • « Chili 1976 » de Manuela Martelli

    « Chili 1976 » de Manuela Martelli

    Nous sommes au Chili en 1976, la dictature militaire est en place depuis deux ans, sous la férule du général Pinochet. Les institutions démocratiques sont mises au pas, la répression contre les opposants est féroce et les « gauchistes » sont pourchassés, torturés, assassinés à travers le pays, et même à l’étranger. Le film de l’actrice et réalisatrice chilienne Manuela Martelli suit la vie d’une bourgeoise de Santiago se rendant dans sa résidence secondaire au bord de l’océan pour y superviser des travaux de rénovation et qui, un peu malgré elle, va se trouver embringuer dans le soutien à un opposant révolutionnaire blessé.

    Digne et élégante, jeune grand-mère, Carmen est l’épouse d’un médecin de Santiago qui soigne aussi des dignitaires militaires, elle n’a entendu parler de la dictature que via ses deux fils adultes qui s’opposent sur le sujet lors des repas familiaux. Les gens de sa condition ne soutiennent pas forcément les méthodes de la dictature mais préfèrent regarder ailleurs, la destitution du précédent régime de gauche arrangeant globalement leurs affaires. Tout ce petit monde vaque à ses occupations et fréquentent assidûment les églises.

    C’est d’ailleurs à la demande du prêtre du coin que Carmen, ex-volontaire de la Croix Rouge va prodiguer des soins à ce révolutionnaire, jusqu’à rencontrer son réseau pour essayer de le faire exfiltrer une fois l’avoir remis sur pieds. Elle n’en dit rien dans sa famille bien entendu et vit cette intrusion dans la révolution avec angoisse et générosité. Cela se termine tragiquement pour l’opposant et pas trop mal pour elle qui, malgré ses maladresses de rebelle de pacotille, va être protégée par les siens sans le savoir.

    C’est aussi un film sur la difficulté de l’engagement politique lorsque celui-ci fait courir de véritables dangers à ceux qui le prennent. Un danger que n’ont pas hésité à affronter nombre de résistants à différentes époques sur la planète, et qu’affrontent toujours aujourd’hui des opposants en Russie, en Birmanie ou en Chine. Ils sont admirables et c’est souvent grâce à leur combat que des dictatures se sont transformées en démocraties, système où l’engagement politique ne fait plus courir grands risques à ceux qui s’y opposent. Le cas de l’Amérique du Sud et de l’Amérique centrale est caractéristique de ces transitions à la fin du XXème siècle. Il n’est pas sûr qu’aujourd’hui les nouvelles dictatures se laissent abattre aussi « facilement »…

    Lire aussi : « Missing » de Costa-Gavras (1982)