Après Bigard chez le pape, le président Sarkozy emmène Arthur en voyage d’Etat en Israël. Tout ceci est quand même affligeant. N’y a-t-il pas plus représentatif de la France qu’un animateur de télé-poubelle ? On ne manque tout de même pas d’intellectuels proches d’Israël qui auraient sans doute fait meilleur effet à la Knesset ! Bientôt il va prendre avec lui des pousseurs de ballons pour représenter la République ? On imagine Ribéry à Westminster ! On aimerait bien savoir le rationnel communiquant ou politique qu’il y a à trimballer de tels personnages dans les avions présidentiels.
Blog
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La régulation des profits promue par le patronat ?
Comble de la faux-jetonnerie, l’Association des investisseurs en capital (AFIC) s’émeut des profits personnels gigantesques encaissés par des investisseurs et/ou des équipes dirigeantes à l’occasion d’opérations d’achats-reventes de sociétés. Quelques cabinets de communication de crise ont dû indiquer à cette institution qu’une charte éthique ferait bon effet dans ce paysage de bonus alors ils y sont allés de leur Charte des investisseurs en capital qui est un véritable sommet de mauvaise foi, un monument de faux-culterie, une escroquerie intellectuelle de première catégorie.
On y apprend que ces « actionnaires professionnels » expriment des valeurs, promeuvent des responsabilités et souscrivent à des engagements. C’est une accumulation de poncifs verbeux qui ont du faire se tordre de rire les rédacteurs de ce torchon. On y parle vision globale, bonne gouvernance, partage de la valeur créée, bien entendu aussi environnement, transparence et dialogue social. Le personnel est qualifié de richesse fondamentale des entreprises. Un monument vous dis-je, un monument !
Au même moment, une nièce Wendel, actionnaire du groupe familial attaque en justice une opération de partage d’un fromage de 320 millions d’euros entre une quinzaine de dirigeants de ce groupe. Ils vont sûrement lui adresser cette charte entourée d’un ruban rose pour la consoler.
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Instinct grégaire
Les badauds ont poussé une tête dans la cour de l’Elysée hier soir pour écouter une fanfare de la Garde républicaine, ils ont croisé Sarkozy et son italienne. Cela fait penser à la dernière Nuit blanche où la foule se pressait pour « visiter » les musées gratuits pour l’occasion. On voyait une immense queue devant le Petit Palais… qui est gratuit toute l’année. L’instant grégaire des troupeaux de gnous n’est pas un vain mot.
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L’ex-président Chirac fait assaut de moralité
Chirac refuse d’assister aux cérémonies du 14 juillet de peur d’y croiser Bachar El Assad coupable à ses yeux d’avoir fait assassiner l’affairiste libanais Hariri, ci-devant ex-propriétaire de l’appartement qu’il occupe à Paris. Ce soudain assaut de moralité politique est sympathique mais un peu tardif. On aurait aimé qu’il pratique la même prévenance à l’encontre du papa Assad qui lui a fait flinguer en 1980 un ambassadeur de France, Louis Delamare, alors en poste à Beyrouth ! Chirac fut le seul chef d’Etat occidental à assister aux obsèques d’Afez dont le monde entier reconnut l’implacable contribution au terrorisme international durant les longues années de son règne en Syrie.
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Poivre réaliste
Le PPD reste décent et déclare :
« En définitive, il faut veiller à ne pas se donner plus d’importance qu’on a. On n’est jamais qu’un journaliste. »
Eh bien voilà, un peu de modestie et de réalisme et la retraite sera apaisée.
Lire aussi : PPDA au cœur tendre -
Saint-Laurent est mort
Yves Saint Laurent nous a quitté ce 1er juin. Il déclarait :
« Rien n’est plus beau qu’un corps nu, le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l’homme qu’elle aime. Mais, pour celles qui n’ont pas eu la chance de trouver ce bonheur, je suis là. »
Quelle classe ! Il est né à Oran, à quelques maisons de celle de la famille d’Etienne Daho.
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Renouvellement en cours
Après la retraite de PPDA, il semble que les footeux nationaux soient également proches de la leur ; les héros sont fatigués et la ménagère de moins de 50 ans est désespérée !
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PPDA au cœur tendre
Poivre d’Arvor, présentateur de journal télévisé, est viré de TF1, cela semble soulever l’émotion du petit monde parisiano-médiatique ! Bon il ne faut peut-être pas dramatiser : il a 60 ans, cela fait 20 ans ou plus qu’il lit des dépêches tous les soirs au journal de 20h, il ne devrait pas avoir trop de souci pour financer sa retraite, il va survivre et nous aussi. Un peu de sang neuf ne fera pas de mal. Il est remplacé par une journaliste qui est une grande spécialiste de l’interruption d’interviewé, généralement pour poser vingt fois de suite la même question idiote à laquelle l’interviewé ne veut pas répondre.
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Bashung – 2008/06/11 – Paris l’Olympia
Quatre concerts à l’Olympia à guichets fermés pour Alain Bashung, rocker géant et poète poignant. Calvitie chimiothérapique, vêtu d’un smoking, chemise blanche ouverte, feutre et lunettes noires. Blues Brother tragique, il dirige ce soir une formation très épurée de quatre musiciens, light-show simpliste, la soirée est concentrée sur les mots et la musique, sombre bien sûr, sombre… à l’image de son dernier disque Bleu Pétrole, sorti depuis deux mois.
Artiste accompli, musicien et acteur, il promène sa poésie depuis trente ans sur la scène française, de compositions en films, de collaborations en réflexions. Rocker engagé, ses derniers disques sont des plongées dans la nuit. Le superbe L’Imprudence a donné lieu à la Tournée des grands espaces dont fut tiré un remarquable DVD. Bleu Pétrole est un retour à la simplicité folk brute, fruit d’un travail étroit avec Gaëtan Roussel de Louise Attaque (ces deux là étaient faits pour se rencontrer un jour), mais aussi avec Armand Méliés ou Gérard Manset. On retrouve sur les crédits du disque Mark Plati et Gerry Leonard, musiciens-producteurs de Bowie.
Ce soir le son de la voix est mixé très fort et la salle tremble sous le choc des phrases subtiles qui percutent les guitares acoustiques en une symbiose amère. Bashung est debout ou appuyé sur un tabouret de bistrot, économe de ses gestes, il présente une vraie posture de rocker, qu’il plaque des accords sur sa guitare noire ou déclame ses rimes secrètes. L’essentiel de Bleu Pétrole est servi à une audience émue et les retours sur le passé ne sont pas moins appréciés. La Nuit Je Mens est un sommet, What’s in a Bird, J’Passe pour une Caravane sont reçus avec délice. Deux rappels dont un duo avec Chloé et un bouleversant Angora : le souffle coupé/ la gorge irritée/ je m’époumonais/ sans broncher/ Angora/ montre-moi/ d’où vient la vie/ où vont les vaisseaux maudits.
Bashung nous quitte sur Nights in white satin, une reprise des Moody Blues. Tout le monde pense à son cancer mais l’homme est inchangé : une statue du rock français, érigée solitaire dans un univers fascinant dont il nous entrouvre les portes avec générosité. Et c’est toujours la même féérie du jeu des mots servis sur un lit de notes. D’ailleurs nous avons déjà notre place pour son Bataclan du mois de novembre prochain !
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Radiohead – 2008/06/09 – Paris Bercy
C’est toujours avec une grande curiosité que l’on se rend à un concert de Radiohead, le groupe britannique mutant du rock d’aujourd’hui ; ce soir une foule pressée frétille d’impatience en investissant Bercy, quelques accros du ballon rond assistent dans les bistrots du coin aux dernières passes qui enterrent les footeux tricolores. Souriez, ce n’est que du sport et aujourd’hui Radiohead va vous offrir bien mieux.
L’immense scène est couverte par des rideaux de lianes suspendues qui vont s’avérer être des néons dans lesquels circulent, en sens parfois contraires, des flots de lumières telles des bulles dans un aquarium, en accord avec la musique, donnant au show une allure féérique et douce. Accrochés aux deux amplis du fond pavoisent des drapeaux tibétains.
Le groupe entre en scène pour des retrouvailles parisiennes avec un public qui les déifie depuis leurs débuts, les cœurs battent. Thom en veste blanche et jean noir, le cheveu hirsute, la barbe taillée, entame All I Need et enchaîne sur There There et Lucky, trois hymnes profonds tirés du cœur de la sombre et divagante inspiration ce groupe. Sa voix monte lentement dans le vaste hall accompagnée par une rythmique obsédante. Johnny quitte ses claviers et déchire Bercy sur le solo de guitare de Lucky : I feel my luck could change/ Pull me out of the aircrash. Notre chance nous la tenons d’être ici ce soir, le ton est donné, le show ne faiblira pas une seconde deux heures durant.
Un grand écran découpé en cinq carrés passe des images de la scène en noir et blanc avec des angles de prise de vue improbables, généralement des mini-caméras solidaires des micros ; on voit les bouches, les yeux, les poils de barbe et autres appendices de musiciens à l’œuvre. Et l’on assiste surtout à du grand œuvre ! Ce groupe soudé développe une musique d’une modernité telle que l’on s’étonne qu’il puisse remporter un tel succès populaire. Bonne nouvelle, au-delà du foot et de Madonna il reste encore un peu de place pour la création pure. Ces cinq bonhommes tournent et créent ensemble depuis des années, cela se voit et s’entend. On a l’impression d’un processus musical évident mais sophistiqué. La cassure est le maître mot de cette musique, celle de l’âme des disques qui se succèdent depuis quinze ans, celle des rythmes qui passent dans la même mesure d’une ballade romantique à un déchaînement métallique, celle des tonalités qui changent au cœur d’un même morceau. Tout est original chez ce groupe d’exception, et d’abord sa musique qui semble venir d’un autre monde, produite par des neurones d’un type nouveau, des textes souvent surréalistes, révélateur d’un monde intérieur complexe et d’une vision décalée, les livrets des disques sont à eux-seuls de véritables compositions artistiques, même le mode de diffusion de In Rainbows sur internet à un prix choisi par l’acheteur était novateur (et a d’ailleurs fait des émules : Nine Inchs Nails) !
In Rainbows, leur dernier disque est joué en totalité, le son est exceptionnel, l’énergie est débordante, ponctuée par des retours plus introspectifs sur Amnesiac et Kid A où Thom s’assied devant un piano droit. Le public suit partout où on l’emmène, vibrant lorsque Thom danse une tectonique de circonstance derrière son micro, souriant lorsqu’il fait des clins d’œil facétieux aux caméras, rêvant lorsque la musique s’étire en mélopées aériennes, déchaîné lorsque Johnny s’acharne sur les effets terrifiants de ses guitares électriques. Et chacun est bien sûr touché par la fragilité rémanente des compositions, même exprimées avec l’ardeur de l’électricité et de l’électronique.
Le show se termine sur un Bodysnatchers enfiévré qui laisse Bercy essoufflé alors que les musiciens disparaissent en coulisses.
Le premier rappel ouvre sur Exit Music, une émouvante ballade tirée de OK Computer : Thom seul à la guitare acoustique et de sa voix bouleversante narrant l’enlèvement d’une femme aimée des griffes familiales, puis Jigsaw et un faux départ sur Paranoid Android repris après un « sorry » de Thom souriant. On voudrait repousser la fin incontournable du show. Mais elle arrive avec Idioteque un morceau complexe tiré de Kid A qui clos en beauté (et en difficulté) le deuxième rappel du concert : Ice age coming/ Throw it in the fire !
Et le Palais de Bercy se vide de ses spectateurs époustouflés devant la performance hors du commun des Radiohead qui n’en finissent pas de nous surprendre.
Set list : All I Need/ There There/ Lucky/ Bangers’n Mash/ 15 Step/ Nude/ Pyramid Song/ Arpeggi/ The Gloaming/ My Iron Lung/ Faust Arp/ Videotape/ Morning Bell/ Where I End And You Begin/ Reckoner/ Everything In Its Right Place/ Bodysnatchers Rappel 1 : Exit Music (For A Film)/ Jigsaw Falling Into Place/ House Of Cards/ Paranoid Android/ Street Spirit Rappel 2 : Like Spinning plates/ You and whose Army ?/ Idioteque
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Etienne Daho – 2008/06/07 – Paris l’Olympia
Bon, allez, cette fois-ci je me décide et vais voir Daho à l’Olympia. Après tout il est à Paris pour une semaine, nous sommes samedi soir, tout va bien, j’écoute ses disques depuis 20 ans, sans trop le dire, j’ai adoré Paris Ailleurs, alors c’est maintenant ou jamais !
Et je déboule au milieu d’une foule sympathique et multi-générationnelle. Pas de première partie, on attaque directement avec notre artiste. Le célèbre et lourd rideau rouge de l’Olympia s’ouvre, Daho est de dos, face à son groupe, réparti sur des estrades, batteur à gauche, bassiste au milieu et trois grâces aux cordes sur la droite, violon, alto et violoncelle. Ils démarrent sur un instrumental énergique dirigé par notre homme qui finalement se retourne vers nous, habillé de noir, un peu étriqué et djeuns mais élégant.
Le show est mené avec efficacité interrompu par les parlottes de notre artiste qui se révèle très bavard ce soir. Son dernier disque L’Invitation, récompensé meilleur album pop-rock 2008 aux Victoires de la Musique n’est pas celui que j’aurais primé si j’avais été jury, mais il est dans le veine de l’inspiration artistique de Daho, toujours empreinte de la nostalgie d’un passé narré comme heureux, souvent tournée vers des souvenirs d’amour et de regrets. Il évoque l’Algérie où il est né, les étés à Dinard, les premiers concerts à Rennes, ses potes de l’époque, ses émotions musicales, son père (Boulevard des Capucines).
Bien sûr nous il nous ramène aussi vers ses anciennes productions avec un Saudade qui claque comme le soleil dans les rues de Lisbonne qui ont inspiré cette chanson. Une Saudade qui est la marque de fabrique de Daho, cette indicible nostalgie portugaise du temps qui passe, des êtres que l’on a perdu ou que l’on est en train de perdre : Parfois aussi je m’abandonne/ Mais au matin les dauphins se meurent de saudade/ Où mène ce tourbillon, cette valse d’avions/ Aller au bout de toi et de moi Vaincre la peur du vide, les ruptures d’équilibre/ Si tes larmes se mêlent aux pluies de Novembre/ Et que je dois en périr, je sombrerai avec joie/ Saudade.
Et puis Ouverture, toujours qualifiée par Daho de « ma chanson préférée », une longue montée de tension qui illustre l’ouverture au Monde et aux autres du fait de l’amour passion : Il fut long le chemin/ Les mirages nombreux/ avant que l’on se trouve/ Ce n’est pas un hasard, /c’est notre rendez-vous/ pas une coïncidence.
Groupe irréprochable, Daho décontracté, atmosphère poétique et naïve, à mi-chemin entre variété et pop sucrée. Sa gestuelle discrète est en harmonie avec la musique, il ébauche quelques pas de danse assortis de déhanchements discrets, tendant ses mains ouvertes vers un public ému, croisant les bras devant son visage en un clin d’œil loureedien. C’est le parcours d’un garçon sensible et honnête qui titille la part romantique que chacun s’évertue à cacher au fond de soi. Il termine sur Cap Falcon et un retour sur Oran, sa ville natale, où il était voisin d’un certain… Yves Saint Laurent, autre prince de l’élégance fils de cette rive de la Méditerranée qui a inspiré tant d’émotion et de douleur !
Lire aussi : Daho Tout en haut
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La migration des gnous
C’est le retour du printemps et des migrations de gnous vers les terrains de sports et les écrans de télé : ce soir une foule compacte et nationaliste se masse sur la place de l’hôtel de ville pour assister à la défaite d’un joueur de tennis français projetée sur un immense écran devant la mairie.
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Isobel Campbell & Mark Lanegan – 2008/06/06 – Paris la Cigale
Isobel et Mark sont de retour avec un nouveau disque Sunday at Devil Dirt et une étape à la Cigale, en compétition ce soir avec Alanis Morissette au Zénith. Aux grandes orgues de la rockeuse canadienne nous avons préféré cette formation de chambre, la belle et la bête en huis clos dans cette si agréable salle de la Cigale.
Isobel Campbell, l’ex-chanteuse violoncelliste écossaise de Belle and Sebastian, et Mark Lanegan, ex-chanteur californien de Queens of the Stone Age, nous ont délivré une soirée de toute beauté, toute en subtiles nuances entre blues urbain et folk des grands espaces. Ils sont accompagnés d’un guitariste, d’un batteur et d’un bassiste/contrebassiste de qualité.
Un ange de blondeur avec une voix aérienne qui ne quitte son micro que pour nous déchirer l’âme avec l’archer de son violoncelle ; un homme sombre dont le chant monte des profondeurs du centre de la terre, là où le magma carbonise tout ce qui l’entoure. Tous deux semblent absents, sont fort peu diserts avec le public, pas souriant pour un sou, mais sans doute en symbiose avec l’atmosphère dégagée par cette musique, douce et mystérieuse.
Ce n’est pas grave, tous deux ne sont certainement pas des parangons de communication et ce n’est pas ce qu’on leur demande. Nous avons parcouru en leur compagnie une nouvelle étape de leur route musicale que l’on imagine déserte et sinueuse à travers les Highlands embrumées, et où à l’issue d’une longue balade humide on se retrouve au coin d’un grand feu craquant, juste pour vivre.
Warm up : Peter Greenwood
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Portishead – Interview 2008
Propos recueillis par Astrid Karoual et Rémy Pellissier pour Evene.fr – Avril 2008
Après dix ans d’attente, voici enfin le retour du mythique groupe de Bristol, pionnier du trip-hop et auteur en 1994 de l’énorme tube ‘Glory Box’. Après ‘Dummy’ et ‘Portishead’, le trio livre aujourd’hui un joyau inclassable, sobrement intitulé ‘Third’, et remplit le Zénith de Paris pour deux concerts exceptionnels.
Sorti d’une période d’épuisement physique et mental, Portishead semble aujourd’hui avoir retrouvé l’envie de composer, d’écrire, de jouer et de tourner. Les trois Anglais défendent ‘Third’ comme un premier album, et s’apprêtent à investir les scènes du monde entier avec une joie non dissimulée. Rencontre avec les deux musiciens « têtes pensantes » du trio, Adrian Utley et Geoff Barrow, enthousiastes comme deux enfants parlant de leur nouveau jouet. Ils se coupent la parole, se complètent, répondent sans emphase à nos questions. Entretien avec des stars à la simplicité déconcertante…
Vous n’aviez pas enregistré depuis le live à Roseland en 1998. Qu’avez-vous fait pendant ces dix années loin des médias ?
Adrian Utley : Ce n’était pas le dernier concert que nous avons fait ensemble. Après ça, nous étions partis pour une très grande tournée à travers le monde pendant quelques années. Nous avons été très fatigués pendant longtemps. Nos rapports étaient devenus un peu tendus et on a parlé de faire une pause, de faire d’autres choses à côté.
Geoff Barrow : Oui, nous étions exténués et le but de ce nouvel album était de dire quelque chose de différent. On y avait pensé en 1999. Pendant une très longue période, nous avons ressenti un sentiment de vide, le sentiment de ne pas faire les choses pour les bonnes raisons.
AU : Mais nous avons fait des choses diverses qui nous font nous sentir mieux. On a su tirer quelque chose de toute cette période. En 2001, on avait commencé à révéler notre nouvelle musique en Australie. C’était bien mais ça ressemblait plus à de la musique de film qu’à un album. On a donc arrêté pour faire d’autres choses très différentes. Puis, en 2004, on a recommencé à écrire et le résultat était plus convaincant.
GB : Je suis d’accord, mais ça restait toujours difficile. En 2006, nous avons été contactés par la maison de disques. On leur a dit qu’on avait sept morceaux et une année plus tard nous en avions six supplémentaires. On avait donc beaucoup de matériel sonore et on a dû procéder à une sélection…
AU : Il a fallu détruire beaucoup de musique pour réaliser une oeuvre unique. Parfois, l’idée était de prendre trois morceaux pour n’en faire plus qu’un. C’était manifestement prolifique, mais ça a pris beaucoup de temps.
GB : Nous sommes vraiment ravis d’avoir fini. Pour moi c’est le meilleur disque qu’on ait réalisé, comme une sorte d’accomplissement. Nous en sommes très fiers.Avez-vous ressenti une pression de la part de la maison de disques pour réaliser un nouvel album ?
GB : Nous avons toujours eu la chance d’avoir une certaine liberté.
AU : C’est vrai, bien que nous ayons vendu des disques sous contrat, nous n’avons jamais ressenti de la part d’une maison de disques la pression de faire quoi que ce soit d’une manière particulière.
GB : Artistiquement, on a toujours eu le contrôle. Personne ne nous a dit ce que nous devions faire, quelle musique nous devions écrire, quel clip nous devions réaliser. Des gens ont essayé, mais pas longtemps…
AU : Pour le premier album ‘Dummy’, on n’a pas fait les choses « à l’américaine ». On a juste fait appel à des amis qui nous aidaient sans nous dire quoi faire. Sinon, ça serait devenu ridicule…
GB : Surtout que les majors préfèrent investir dans des trucs comme James Blunt…
AU : J’adore James Blunt… C’est un génie !
GB : Je sais que tu l’adores… (rires)Comment vivez-vous la forte attente du public pour ce nouvel album, après toutes ces années ?
GB : Nous ne voyons pas beaucoup le public ! Nous avons bien sûr un site internet et des blogs pour communiquer avec lui. Evidemment, les gens s’y intéressent, mais la pression, nous nous la mettons déjà nous-mêmes.
AU : Quand on se met à écrire de la musique, on n’a aucune idée de ce qui peut se dire alors on n’a pas vraiment de pression extérieure.Comment réagissez-vous à la critique ?
GB : Tous les critiques ont tort. Ils écoutent un disque ou vont à un concert et cherchent à saisir de quoi vous parlez, qui vous êtes. C’est stupide !
AU : Le problème vient surtout de la question du trip-hop. Tout le monde veut classer, étiqueter, chercher quelle sorte de trip-hop nous faisons. Mais on ne raisonne pas comme ça. Une critique qui disserte là-dessus a forcément tort. En même temps, je serais intéressé de lire des mauvaises critiques de l’album car elles ont parfois raison sur certains points, quand le journaliste sait de quoi il parle.
GB : En fait, c’est une question d’opinion. Les gens s’intéressent à différents aspects. Certains adorent vraiment ‘Glory Box’. D’autres préfèrent ‘Machine Gun’. Tout dépend des préférences musicales.L’album ‘Third’ est marqué par de nombreux changements au niveau des sons et des ambiances. Comment l’expliquez-vous ?
AU : C’est une façon naturelle de quitter ce qu’on était avant. Mais je pense que le sentiment partagé pendant la création a été le même que celui que nous avons toujours eu. Les nouveaux sons proviennent sûrement des musiques que nous écoutons, de nos sujets de discussion, de la façon dont nous pensons que la musique devrait être.
GB : Quand vous écoutez ‘Dummy’, ‘Portishead’, et enfin ‘Third’, vous pouvez voir la progression. C’est une progression naturelle. Parce que le son de ‘Dummy’ était absorbé par le « mainstream » et les médias, les gens se faisaient une idée de qui on était… Mais la manière dont on a procédé pour chaque morceau depuis le début est toujours la même.Quelles sont vos références et inspirations actuelles ?
AU : Nous sommes allés régulièrement écouter les autres groupes dans les festivals. Et quand on écoute les groupes autour de nous, ils ont toujours d’une certaine manière un peu d’influence sur notre propre musique. Nous avons écouté de la musique électronique, expérimentale…
GB : Ou regardé des songwriters en cherchant l’inspiration pour nos propres chansons…
Si l’on se projette, comment aimeriez-vous être perçus dans dix ans par le public ?
GB : Comme un groupe révolutionnaire, précurseur ou simplement comme un bon groupe…
AU : J’aurai 60 ans…
GB : Et moi 45 ! (rires) -
Barack
Barack Obama est en piste pour se présenter aux élections présidentielles américaines. Il a l’air sympathique ce garçon, un peu lisse, un peu Ségolène, mais tout de même moins va-t-en-guerre que son adversaire républicain. C’est intéressant cette capacité des Etats-Unis à générer des hommes jeunes et neufs pour les diriger. La vieille Europe devrait s’en inspirer. Il est vrai qu’en France, Sarko/Ségo furent relativement jeunes et neufs mais plutôt moins brillants…
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Navrant portail
Le portail d’accueil du fournisseur d’accès à Internet, Neuf-AOL, est affligeant de populisme. On dirait le résidu d’une couverture de Voici qui aurait couché avec Paris Match ! Ce n’est qu’histoires de starlettes à deux balles et footeux musculeux.
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La démesure des barons du CAC40
Antoine Zacharias, ex-pédégé à l’égo aussi surdimensionné que ses émoluments, qui a démissionné avec fracas de chez Vinci il y a un an ou deux quand son égo justement a été attaqué sur la base des primes et bonus gigantesques qu’il se faisait octroyer (on parle de plus d’une centaine de millions), avant de vouloir faire annuler cette démission, réclamait 81 millions d’euros supplémentaires à Vinci pour préjudice. Il vient d’être débouté par la justice. On est consterné devant le manque de reconnaissance de son ex-employeur.
Comment ce pauvre garçon va-t-il s’en sortir sans ce pécule juste destiné à financer ses vieux jours après tant d’années de bons et loyaux services ?
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Les petites affaires du baron Ernest
Le baron Sellières et les quatorze autres dirigeants du groupe familial Wendel se distribuent 320 millions d’euros de bonus, soit 21 millions par personnes, via un montage sophistiqué qui n’a pourtant pas réussi à tromper son monde. La famille Wendel s’inquiète et soupçonne de s’être fait grugée dans l’affaire. Après tout, ces 320 millions aurait pu aussi être versés en dividendes aux actionnaires, voire en augmentation de salaire aux salariés. Le bon baron est donc en train de tenter d’expliquer à la famille comment les éblouissantes performances d’un quarteron de dirigeants vieille France justifie l’octroi de primes de 21 millions d’euros à chacun, et encore, c’est une moyenne, le vieux baron se mange à lui tout seul 50 ou 70 millions car il a été bien plus compétent que tous les autres.
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Arendt Hannah, ‘Eichmann à Jérusalem’.
Sortie : 1963, Chez : . Le livre écrit par Hannah Arendt sur le procès d’Adolph Eichmann jugé en Israël 15 après ses méfaits. La philosophe a assisté au premier mois du procès puis a mené un travail d’analyse de tous les documents présentés à ce procès. Elle se base sur le droit en éloignant l’émotion et la politique. Elle y raconte Eichmann comme un fonctionnaire moyen appliquant avec efficacité les directives nazis. Elle décrit la terrible banalité du mal. Elle relaie les questions longuement posées à Jérusalem sur l’absence de révolte du peuple massacré tout en expliquant que la où il eut résistance au rouleau compresseur nazi il y eut moins de barbarie (Bulgarie, pays scandinaves). Surtout, elle déclenche une immense polémique en démontant le mécanisme pervers mis en place par les nazis, et Eichmann en particulier, qui se sont appuyés sur des Comités juifs pour déporter et exterminer un peuple. La polémique est illustrée par la publication dans l’édition Quarto de Gallimard d’un foisonnante et éclairante correspondance avec Karl Jaspers et autres intellectuels, pro ou anti théorie Arendt.
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Les petites affaires des dirigeants du CAC40
Noël Forgeard, ex-dirigeant d’EADS, est mis en examen pour délit d’initié après avoir vendu des stock-options avant l’annonce des retards de livraison de l’Airbus A380 qui ont entraîné un effondrement du cours de bourse d’EADS. La moitié du comité de direction de cette société aéronautique serait susceptible d’être également mise en examen pour ce même délit dont l’accomplissement a permis à ses membres de réaliser des millions d’euros de profit personnel. Si toutes ces accusations sont confirmées, cela achèvera de lever le voile définitivement sur l’absence totale de moralité qui prévaut dans ces hautes sphères du pouvoir économique. Les autorités de régulation devront prendre en compte cette donnée fondamentale du monde d’aujourd’hui de façon que la rapacité d’un petit nombre, fusse-t-il aux commandes, ne nuise pas excessivement au développement de nos économies.