Les fonds d’investissement de « private equity » grands spécialistes de rachat d’entreprises à restructurer, donneurs de leçons de gestion à tout va, professionnels du downsizing, extracteurs de valeur sans foi ni loi, parangon des vertus du marché, semblent rencontrer quelques difficultés financières face aux dettes colossales qu’ils ont accumulées au royaume du leverage buy out… On ne peut s’empêcher de sourire discrètement devant cette situation, notre hilarité serait d’ailleurs franche et massive si les conséquences d’une telle situation ne pouvaient s’avérer désastreuse pour le système financier mondialisé.
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The Cure – 2008/03/12 – Paris Bercy
Ce soir à Bercy les Cure ont osé le concert évènement de 3h1/2 devant un public médusé, enthousiaste et multi-générationnel. Une très grande simplicité, quatre musiciens dont trois guitaristes, un light show dépouillé, pas de chichi ni d’artifice technique, juste la musique et la voix métallique de Robert Smith. Le best of d’une carrière de presque trente années, et même quelques nouveautés d’un prochain disque annoncé pour les mois à venir.
Quatre hommes de noir vêtu comme il sied à ces hérauts de la new wave, princes de la mélancolie. Robert, toujours les mêmes cheveux hirsutes, rouge aux lèvres et yeux cernés d’obscurité, Pierrot lunaire et timide. Simon Gallup, bassiste de toujours, collant et débardeur noirs sur muscles tatoués. Porl Thompson, guitar-hero au crâne chauve rayé de fines tranches de cheveux horizontales, habillé d’une combinaison moulante et tablier de forgeron, Nosferatu vaguement inquiétant. Jason Cooper, le blondinet de la bande qu’il a rejointe en 1994.
Lorsque les lumières s’éteignent la scène continue de clignoter comme un arbre de Noël et les Cure démarrent Plainsong, le morceau qui entame l’album Disintegration sorti en 1989, 18 ans déjà, l’âge de ma jeune voisine aux cheveux bleus turquoises qui déjà danse, danse, danse.
Plainsong un titre sombre, dans la lignée parfaite de l’inspiration de cette époque :
“I think it’s dark and it looks like rain” you said/ “And the wind is blowing like it’s the end of the world” you said/ “And it’s so cold it’s like the cold if you were dead”/ And there you smiled for a second…/ Sometimes you make me feel I’m living at the edge of the world/ It’s just the way I smile you said.
Un son profond envahit la cathédrale de Bercy, la voix cristalline de Smith perce au-dessus des guitares lancinantes. Le show est lancé, 15 000 spectateurs sont déjà en adoration.
La set list est un joyau finement ciselé, il n’y a rien à en retirer. Bien sûr, le concert aurait duré une heure de plus, quelques ajouts auraient pu être envisagés… Mais le show s’est clos au bout de 3 heures ½ ce qui est finalement bien peu pour ce groupe à la tête d’une discographie aussi phénoménale. 3 heures ½ de plongée en apnée dans l’univers trouble de ce groupe phare qui n’a pas quitté les sommets du box office depuis trente ans, grâce à la magie de son inspiration et loin des recettes du marketing. Une alchimie étrange qui fonctionne toujours de façon redoutable, fusion subtile de la mélancolie des mélodies et des mots avec la modernité des sons et des rythmes. L’absence de clavier et l’omniprésence des guitares donnent ce soir à cette formation sa pureté originelle du temps de Boys Don’t Cry.
Et au-dessus de tout la voix unique de Smith, criée, torturée, poussée dans ses derniers retranchements, en permanence au bord de la brisure, mixée en écho, sépulcrale. Une alchimie qui rencontre le feeling d’une époque et en tout cas celui de Bercy ce soir…
L’enchaînement Push, How Beautiful You Are… (avec en fond de scène Notre Dame de Paris projetée sur les écrans), Friday I’m in Love, In between Days, Just Like Heaven déclenche le feu sur l’assemblée. Ma voisine coiffe bleue des mers du sud continue à danser, danser, danser, déclamant les paroles de ces chansons sans en oublier une rime.
Le show nous emmène sans répit jusqu’à un Disintegration étiré à l’infini alors que défilent sur les écrans toutes les images de la noirceur de notre bas monde. L’approche de la Fin accroît la fébrilité de tous et lorsque nos quatre Imaginery Boys s’en vont alors qu’un champignon atomique se dissout sur les écrans personne ne s’inquiète trop, nous savons qu’ils ont fait trois rappels à Marseille la semaine dernière. Ils en feront quatre ce soir pour Paris…
A eux seuls ces rappels sont un concert dans le show, la sélection parfaite des tubes du groupe. Et lorsque que démarre Play For Today, Bercy hurle son soutien et son émotion, cheveux turquoises défaille et appelle une copine sur son mobile pour lui passer l’intro en live : Ohhhhh Oh Oh, Ohhhhh Oh Oh… It’s not a case of doing what’s right/ It’s just the way I feel that matters… Ohhhhh Oh Oh, Ohhhhh Oh Oh…. Bob appuie ses riffs sur sa guitare noire et sourit presque joyeusement devant 15 000 fans prosternés. S’en suivent des versions d’une incroyable énergie de Three Imaginary Boys, Fire in Cairo, Boys Don’t Cry, Jumping Someone Else’s Train, Grinding Halt, 10:15 Saturday Night, Killing An arab.
On a peur de devoir en rester là cette fois-ci mais ils reviennent une quatrième fois “We just have time for one more” et de terminer sur Faith ce qui nous ramène au troisième album du groupe en 1981. C’est ce qu’il fallait pour faire redescendre la tension, revenir à la mélancolie fondatrice des Cure et clôturer un concert d’anthologie. Trois notes de guitares en mode mineur sur une bass obsédante :
No-one lifts their hands/ No-one lifts their eyes/ Justified with empty words/ The party just gets better and better…/ I went away alone/ With nothing left/ But faith.
Robert Smith salut une dernière fois, gêné derrière sa crinière ébouriffée et puis s’en va, nous laissant planer bien haut sur la démonstration éblouissante de son immense talent.
Petite faute de goût, un étendard au couleur du club de fouteballe de Reading soutenu par Bob. On pardonnera à ce poète hors norme cette incursion dans la vulgarité.
Faith
catch me if i fall i'm losing hold i can't just carry on this way and every time i turn away lose another blind game the idea of perfection holds me... suddenly i see you change everything at once the same but the mountain never moves...
rape me like a child
christened in blood
painted like an unknown saint
there's nothing left but hope...
your voice is dead
and old
and always empty
trust in me through closing years
perfect moments wait...
if only we could stay
please
say the right words
or cry like the stone white clown
and stand
lost forever in a happy crowd...no-one lifts their hands
no-one lifts their eyes
justified with empty words
the party just gets better and better...i went away alone
with nothing left
but faith
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Juppé abdique son destin national
Juppé, le triste de l’isoloir, est élu maire de Bordeaux au premier tour. Enfin un succès pour notre Juju ; le déprimant de la Garonne. Il lui reste maintenant à respecter la seule promesse électorale qui l’a fait élire, celle par laquelle il s’est engagé à faire le job de Bordeaux à 100% de son temps et à ne pas céder aux sirènes des palais nationaux des VII et VIIIème arrondissements parisiens. Cela va être dur mais on peut imaginer qu’un homme mûr et brillant comme lui aura enfin compris la leçon des électeurs qui en veulent pour leur argent.
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Tic verbal politique
Le nouveau mot à la mode du monde interlope de la presse et de la politicaille : « amplifier ». On ne parle plus de gagner le second tour mais d’amplifier les résultats du premier. Comme l’adjectif improbable qui a fait florès sur les ondes il y a quelques années, désormais on amplifie la politique. Cela tombe bien elle a justement besoin de prendre un peu d’ampleur. Et comme les journalistes et les élus jouent dans la même cour, ils se copient un peu les uns les autres, et tout le monde amplifie gaiement.
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Bjork soutient le Tibet
Bjork termine un concert à Shanghai en plaidant pour le Tibet. Le comité central du parti communiste chinois en est tout retourné.
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Révolution d’opérette
L’Amérique latine s’agite : la Colombie flingue quelques cinglés-trafiquants des FARC, les révolutionnaires vénézuéliens s’indignent, l’Equateur pond des notes diplomatiques, les gringos de Washington jettent un peu d’huile sur la braise, et quelques centaines d’otages continuent à pourrir dans la jungle aux mains de vieux militants Mao réduits à la traite humaine à défaut d’avoir fait vaincre leurs idées. Un psychodrame latinos qui se poursuivra peut-être par une guerre type Pérou contre Equateur en 1995 qui heureusement s’était essoufflée au bout d’un mois. Cela pourrait relever d’un roman de Garcia-Marquez s’il n’y avait ces otages écrasés comme des mouches par une guérilla d’un autre âge.
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L’hospitalité au Vietnam
McCain candidat républicain à la présidence américaine : il a passé cinq années dans les geôles Viêt-Cong durant la guerre américaine et on connaît le raffinement du peuple de Ho-Chi-Min pour accueillir ses invités de marque. Il en est d’ailleurs resté infirme pour le restant de ses jours. Cela promet pour le développement des relations américano-vietnamiennes…
On se souvient du Général Bigeard revenant, des années plus tard, sur l’évacuation des prisonniers de l’armée française dans la jungle après la chute de Din Bien Phu en 1954 : « une banane par jour, et on ramenait les gars vivants ». Cette évacuation fut une véritable hécatombe pour les soldats vaincus qui durent parcourir 700 km jusqu’aux camps de rééducation qui les attendaient et où aussi nombre des survivants ne résistèrent pas aux conditions effroyables de leur captivité. Bien après la fin de cette guerre de décolonisation, Bigeard retourna au Vietnam en 1994 où il fut accueilli par son alter-égo vietnamien, le Général Giap. Bigeard souhaitait que ses cendres soient dispersées au-dessus du champ de bataille de Dien Bien Phu après sa mort qui intervint en 2010, mais cette requête fut formellement repoussée par le Vietnam.
Les Vietnamiens sont en général très accueillants, sauf lorsqu’on rentre chez eux les armes à la main…
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Les prix et la concurrence expliqués à ma fille
La presse et la politicaille constatent que le paquet de nouilles n’est pas au même prix chez Auchan que chez Carrefour, ou en Ile de France versus la Région PACA, et semblent s’en émouvoir. Nous ne sommes pas bien sûr de comprendre le problème. Que l’on se plaigne d’une augmentation des prix moyenne supérieure à celle des rémunérations c’est une chose, mais que l’on veuille un prix administré du paquet de nouilles c’est plus compliqué, sauf à revenir aux magasins d’Etat. Comme tout acteur économique, les distributeurs fixent leurs prix de vente en fonction du marché et de leurs objectifs. C’est la vie. La société capitaliste repose sur le postulat que le consommateur est intelligent et maître de ses choix, fait des comparaisons et achète ses nouilles là où il le décide.
Après çà il y a les entraves à la concurrence et là, l’Etat peut lutter pour faire appliquer les règles de concurrence, édictées d’ailleurs par l’Union européenne. Quand on voit que tous les forfaits des fournisseurs internet sont à 29,99 EUR on peut raisonnablement se poser des questions.
En fait, et contrairement aux idées reçues, l’entreprise craint la concurrence et dès qu’on lui laisse la bride au cou elle passe des accords d’entente pour se partager le marché avec ses concurrentes. Alors pour une fois que le prix du paquet de nouille est différencié selon le fournisseur, on voudrait un prix unique ?
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Des soldats français au Soudan
Le soldat français disparu qui avait passé la frontière du Soudan a été retrouvé mort. Les Soudanais qui ne goûtent pas trop le fait de voir des militaires européens les empêcher de massacrer leurs populations sédentaires du Darfour marquent leur territoire… à leur manière. Qu’on se le dise, ils sont chez eux !
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L’armée française se frotte aux guerriers soudanais
Ça y est, nous avons déjà un soldat français blessé et un autre capturé (?) par des soldats soudanais ou rebelles du Darfour. Ces soldats faisaient partie de la force militaire européenne présente au Tchad.
Le Soudan va probablement mettre un peu moins de bonne volonté à libérer ces soldats qu’il en a mis à nous livrer le terroriste Carlos dont il ne savait plus quoi faire il y a quelques années.
Lire aussi : Des soldats français au Soudan
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Les soixante-huitards
Les Glucksmann, père & fils, développent la thèse que M. Sarkozy notre président hyper-stressé du ciboulot serait en fait un agitateur type soixante-huitard, en gros, un gigantesque fouteur de boxon qui secoue le cocotier pour forcer au changement. Ce n’est pas exclu, finalement cette hystérie pourrait être dirigée voire contrôlée, on peut quand même en douter !
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Jean Tibéri : 75 ans aux fraises
En passant devant un bureau de vote du Vème arrondissement on peut admirer Jean Tibéri afficher fièrement son sourire édenté. C’est incroyable, à près de 75 ans et avec toutes les casseroles qu’il traîne l’UMP n’a pas réussi à se débarrasser de lui. Même sa harpie d’épouse continue à tourner entre les prétoires et les isoloirs. Et ils sont encore candidats aux élections municipales de la semaine prochaine. La rumeur veut qu’il ait accepté de partir si l’UMP donnait la première place sur la liste du Vème… au fiston Tibéri. Mon Dieu, quel tas de misérables secrets ces deux piliers de la Chiraquie décadente doivent détenir pour arriver à se maintenir contre vents et marées ? Un peu de rupture dans ce domaine également ferait du bien.
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Le fluide du cash
Colère intra-patronale qui fait un peu désordre. Vous vous souvenez le patron des industries métallurgiques qui s’est fait prendre à sortir 20 millions d’EUR en liquide de la banque de son organisation en affirmant que c’était pour « fluidifier le dialogue social » ? Eh bien il semble qu’il se soit mangé en plus une indemnité de départ en retraite de 1,5 million tout en gardant un salaire. A ce train, le dialogue social va être tellement fluidifié que le Yang-Tsé-Kiang à coté va ressembler à un pipi de chaton ! Ce n’est pas très sérieux. En 2007 après tous les scandales financiers divers et variés déjà jetés sur la place publique, continuer à sortir encore des millions en liquide pour distribuer à on ne sait qui, quel manque de clairvoyance, ou quel sentiment d’impunité.
20 millions d’euros en liquide c’est tout de même énorme. L’histoire ne dit pas combien de valises il faut pour transporter une telle somme. Qu’est-ce qu’il a pu bien faire avec tout cet argent le pépère ? On le saura sans doute un jour, en attendant il est mis en examen.
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Patti Smith – Land 250
Patti Smith poursuit son histoire avec la France et choisit la Fondation Cartier pour l’art contemporain pour y réaliser Land 250 l’exposition consacrée à ses photos, petits cailloux blancs semés au long d’une route droite qui nous mènent vers un univers sombre et poétique. Il faut prendre le temps de se pencher sur ces jalons d’une vie extraordinaire, sur ces signes qui ont guidé une artiste multiforme extrêmement séduisante.
Land 250 c’est le nom du Polaroid à soufflet qui l’accompagne dans la vie depuis le début des années 70 et qui est d’ailleurs exposé dans une vitrine. L’exposition se tient dans la pénombre du sous-sol. Les photos, exclusivement noir et blanc, format timbre poste, sont exposées sur les murs. Au centre trônent quelques fauteuils club sur un tapis et autour de ce salon de circonstance pendent des écrans translucides sur lesquels sont projetés des films (noir et blanc, en fait plutôt noir et gris), les spectateurs se tenant sous une espèce de dais qui sonorise la projection sans (trop) déranger le reste de l’assemblée.
On y voit la mise en image, plus ou moins scénarisée, de Summer Cannibals et surtout de Smells Like Teen Spirit, le classique de Nirvana repris au banjo sur l’album Twelve. A l’écran, les banjo boys croisent le chat de Patti qui se faufile au milieu des bibelots de son appartement, s’arrêtant face au buste de William Blake. D’ailleurs Blake est au générique à coté de Kurt Cobain, le lien est osé. Un autre film, Still Moving, est consacré à la légendaire séance de photos de Mapplethorpe (également réalisateur du court métrage) qui firent la couverture de Wawe. Patti est jeune, vêtue comme une vestale de voiles blancs et usés, dans une pièce toute en tentures immaculées. Elle prend des poses improbables sous la direction de son ami si cher. Et la session se termine en explosion de colère et de noirceur.
A Charleville-Mézières ont la voit errer sur la tombe d’Arthur Rimbaud (a bad seed with a golden spleen) et méditer dans ses toilettes au fond du jardin en récitant Une Saison en Enfer. Dans Long for the City elle déambule dans sa ville de New York, violée par Donald Trump, mais au cœur de laquelle elle retrouve encore le passé qui se mêle au présent dans une certaine harmonie urbaine.
Les photos nous promènent aux Etats-Unis et au cœur de la vieille Europe, tout est immobile et comme en sustentation, on y voit surtout des statuts et monuments, du flou et des gris, beaucoup de ces cimetières où sont enterrés les artistes qui l’inspirent et l’accompagnent : Virginia Woolf, Rimbaud, Blake, Whitman, Susan Sontag. Seules les images de ses enfants viennent donner un peu de vie à cet album morbide.
Des vitrines sont dédiées à des thèmes particuliers illustrés de ses notes personnelles prises sur des cahiers épars, des feuilles de papier attrapées au vol, des enveloppes récupérées, des lettres à Robert Mapplethorpe, des moments partagés avec Paul Bowles, des lettres d’amour à son mari Fred « Sonic » Smith ; des souvenirs de tous ces morts qui l’entourent et la hantent.
De son écriture difficilement lisible elle note :
[No] light without shadow/ Rimbaud was a rolling stone/ Are all the prophets persecuted?/ He was so damn Young
Et soudain, au détour d’un dessin, l’artiste apparaît, déambulant au milieu des objets et des images de sa vie, toujours habillée comme l’as de pique, ses éternels godillots rangers punky, jean extra-usé et veste avachie de garçonne, lunette ronde intello, chevelure embrouillée, s’arrête, prend le temps d’échanger 2 compliments et 3 remerciements avec le chroniqueur transis… Dieu descendu sur terre parle à ses apôtres !
Un montage irréel clôture l’exposition : des films de vagues agitées dans ce qui pourrait être l’entrée de New-York, projetés au mur et sur un grand écran tendu parallèlement au sol, et une longue récitation lyrique qui plongent le spectateur dans une sombre méditation poétique, seulement bercé par la voix grave de Patti et les mouvements de l’océan. C’est en anglais (sophistiqué) bien sûr, mais qu’importe, le sens est aussi dans la musique.
Une merveilleuse exposition (pour spécialistes tout de même) qui laisse un goût étrange, celui de l’univers d’une poétesse mélancolique qui a su transcender les ingrédients amers d’une vie underground. Une artiste qui pour survivre a plongé ses racines vers les étoiles pour y capter la sève de la création. Une grande Dame qui n’a jamais abdiqué (People Have the Power). On aime l’accompagner au long des proses de sa vie comme l’on aime passionnément la musique de cet ange beat, depuis plus de 30 ans, depuis Horses.
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Un Iranien en Irak
Ahmadinejad, président iranien est en visite à Bagdad sous l’œil des troupes américaines présentes sur place. Il rencontre son homologue irakien qui est non seulement le président du pays ennemi éternel de l’Iran, mais qui plus est se trouve être kurde. Quand on connaît l’affection délirante exprimée par les Iraniens à l’encontre des kurdes, on mesure l’ampleur de cette realpolitik et il n’y a pas besoin de réfléchir très longtemps pour deviner sur le dos de qui va se faire cette réconciliation…
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McCarthy Cormac, ‘La route’.
Sortie : 2006, Chez : . L’apocalypse a eu lieu il y a quelques années. La planète terre n’est que cendres, livrée à quelques survivants organisés en hordes barbares er cannibales. Un père et son fils errent dans ce chaos au cœur du néant, entourés de ruines, seulement animés de la volonté de survivre jusqu’au soir et d’atteindre le cote. McCarthy, écrivain de la noirceur humaine s’est ici dépassé, l’espoir est anéanti, l’ambiance est sinistre.
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Littell Johnattan, ‘Les Bienveillantes’.
Sortie : 2007, Chez : . Un incroyable roman, prix Goncourt 2006, qui marquera la littérature de la barbarie après La Mort est mon Métier de Robert Merle et Le Choix de Sophie de William Styron. Cette fiction de Jonathan Littell narre le parcours d’un jeune nazi dans l’Europe de la deuxième guerre mondiale qui applique la solution finale tel un commercial développe son business plan. Dans les bagages de la Wehrmacht en route pour Moscou le SD « nettoie » l’arrière des lignes des juifs et des bolchéviques, en Ukraine puis dans le Caucase. Après cet objectif qu’il accomplit avec conscience et indifférence, le Dct. Aue vit les dernières jours du siège de Stalingrad où des supplétifs ukrainiens le guide au cœur de l’enfer. De retour à Berlin en 1944 il est chargé d’une mission pour redresser la productivité des camps de travail afin de faire tourner de façon plus efficace l’outil industriel d’un Reich déjà sur le déclin. Berlin 1945 c’est la fin.
Histoire dans l’histoire, celle d’une relation incestueuse avec une sœur jumelle et du rejet dévastateur d’une mère allemande finalement remariée avec un français, étapes qui ponctuent le cheminement fascinant et morbide du nazisme victorieux et décadent.
Cette fiction où le Dct. Aue croise la route de personnages réels est une somme de 1.400 pages à la documentation impressionnante sur cette époque. La fin est connue à l’avance mais les étapes qui y mènent sont décrites avec une minutie exceptionnelle. L’aspect fictionnel est largement dominé par les faits historiques. Le héros croise des personnages réels et s’immisce dans des évènements tout aussi dramatiquement vécus. Les raisonnements et justifications prêtés aux personnages sont terrifiants. C’est un roman bouleversant sur la banalité du fait génocidaire, à mettre entre toutes les mains.
Le style est aussi froid que le cœur du Dct. Aue. L’œuvre est gigantesque, surtout si l’on pense qu’il s’agit seulement du second roman de cet auteur de 40 ans, par ailleurs fils de Robert Littell, auteur de roman d’espionnage centrés sur la guerre froide. On est confondu devant la maturité du jeune Littell, devant la gravité du thème abordé et décrit avec tant de minutie. Un immense auteur est ainsi révélé.
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Diversification à la Générale
La Société Générale du trader-fraudeur inonde la presse française de l’annonce mirobolante de l’achat d’une banque russe. Ou comment noyer le poisson… Vu les pratiques de business dans la patrie de Chostakovitch on peut penser que Kerviel, le trader-fraudeur, pourrait aisément être recasé dans cette nouvelle filiale russe.
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Pour prix de la paix sociale
La fonction publique française invente le concept de « prime de fusion permanente » pour faire passer la pilule de la fusion des services fiscaux. En gros, une augmentation de salaire pour acheter la paix sociale et faire accepter cette réforme à des personnels à forte capacité de nuisance. Drôle d’avancée sociale !
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Pravda – 2008/02/23 – La Flèche d’Or (Belleville)
Ce soir concert à La Flèche d’Or, club indie rock,avec Neimo trois bellâtres chevelus et teigneux qui font notamment une reprise de Bowie, Ashes to Ashes. Les jeunes musiciens savent encore respecter leurs aînés. Et puis les Pravda superbe duo français découvert au dernier Rock en Seine : de l’énergie à revendre, un rock puissant et ironique, presque érotique avec ces deux zèbres qui se dandinent sur leurs guitares, un vrai délice.