Sortie : 2007, Chez : . Un incroyable roman, prix Goncourt 2006, qui marquera la littérature de la barbarie après La Mort est mon Métier de Robert Merle et Le Choix de Sophie de William Styron. Cette fiction de Jonathan Littell narre le parcours d’un jeune nazi dans l’Europe de la deuxième guerre mondiale qui applique la solution finale tel un commercial développe son business plan. Dans les bagages de la Wehrmacht en route pour Moscou le SD « nettoie » l’arrière des lignes des juifs et des bolchéviques, en Ukraine puis dans le Caucase. Après cet objectif qu’il accomplit avec conscience et indifférence, le Dct. Aue vit les dernières jours du siège de Stalingrad où des supplétifs ukrainiens le guide au cœur de l’enfer. De retour à Berlin en 1944 il est chargé d’une mission pour redresser la productivité des camps de travail afin de faire tourner de façon plus efficace l’outil industriel d’un Reich déjà sur le déclin. Berlin 1945 c’est la fin.
Histoire dans l’histoire, celle d’une relation incestueuse avec une sœur jumelle et du rejet dévastateur d’une mère allemande finalement remariée avec un français, étapes qui ponctuent le cheminement fascinant et morbide du nazisme victorieux et décadent.
Cette fiction où le Dct. Aue croise la route de personnages réels est une somme de 1.400 pages à la documentation impressionnante sur cette époque. La fin est connue à l’avance mais les étapes qui y mènent sont décrites avec une minutie exceptionnelle. L’aspect fictionnel est largement dominé par les faits historiques. Le héros croise des personnages réels et s’immisce dans des évènements tout aussi dramatiquement vécus. Les raisonnements et justifications prêtés aux personnages sont terrifiants. C’est un roman bouleversant sur la banalité du fait génocidaire, à mettre entre toutes les mains.
Le style est aussi froid que le cœur du Dct. Aue. L’œuvre est gigantesque, surtout si l’on pense qu’il s’agit seulement du second roman de cet auteur de 40 ans, par ailleurs fils de Robert Littell, auteur de roman d’espionnage centrés sur la guerre froide. On est confondu devant la maturité du jeune Littell, devant la gravité du thème abordé et décrit avec tant de minutie. Un immense auteur est ainsi révélé.
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