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  • La Villa Médicis

    Possession française à Rome, la Villa Médicis a été achetée par l’Etat en 1803 pour accueillir l’Académie de France à Rome, crée par Louis XIV pour y former chaque année une dizaine d’artistes et qui fut abritée dans différents palais romain avant cette Villa Médicis au cœur de Rome.

    Elle existe toujours aujourd’hui avec la même mission. Des artistes comme les musiciens Berlioz, Bizet, Gounod ou Debussy l’ont fréquentées, mais aussi des écrivains, des peintres, des sculpteurs, des architectes, des restaurateurs d’art, des historiens d’art…

    Le palais est une merveille de style renaissance du XVIème siècle, bâti par un cardinal en 1564, racheté par un autre, Ferdinand de Médicis, en 1576. Ce dernier va enrichir le parc et le bâtiment. Au gré des changement de propriétaires, elle échoit à la France napoléonienne qui en maintient la vocation artistique. Financée depuis par les contribuables français, elle est ouverte à la visite sur réservation et il ne faut se priver d’une délicieuse plongée dans l’amitié culturelle franco-italienne symbolisée par ce lieu exceptionnel au centre de Rome.

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    Voir aussi : Rome

  • Galerie Borghèse

    Galerie Borghèse

    Scipione Caffarelli-Borghèse (1577-1633), cardinal, neveu du pape Paul V (Camille Borghèse), fit construire la villa Borghèse qui deviendra galerie du même nom, réunissant une richissime collection d’œuvres d’art : sculptures helléniques, romaines, de Gian Lorenzo Bernini, peinture du Caravage, de Raphaël, Bruegel, Rubens, Titien…

    La première pièce de ce magnifique musée expose une exceptionnelle sculpture en marbre signée Canova représentant la sœur de Napoléon (1780-1825), Pauline, mariée en secondes noces au prince Camille Borghèse. La subtilité des détails est stupéfiante de réalisme, les plis du matelas sous le poids de la princesse, le galbe du corps… On a du mal à imaginer que tout cette beauté est partie d’un bloc de marbre brut.

    En cheminant dans les vastes salles on découvre aussi comment l’art baroque, né en Italie à la fin du XVIème siècle, a introduit le mouvement, l’exubérance des formes, la couleur et les effets dramatiques dans tous les domaines artistiques. Dans la galerie, de nombreuses sculptures de Bernini (1598-1680) permettent de comprendre cette évolution. Artiste favori de Scipione Borghèse il produit au début du XVIIème des sculptures éblouissantes exposées ici. Il sculpte le marbre comme de la pâte-à-modeler et produit des œuvres sublimes d’une incroyable maturité avant même d’avoir passé ses vingt ans. Il illustre à merveille, dans son domaine, le passage de l’art de la Renaissance au baroque dans la sculpture.

    Les aléas de la famille Borghèse poussèrent Camille, beau-frère de Napoléon, époux de Pauline, à vendre la collection familiale à l’Etat français en 1807. Il en récupèrera une partie après la chute de l’Empereur, avant que l’Etat italien ne rachète l’ensemble en 1902 à une famille en mauvaise santé financière.

    Le bâtiment abritant cette extraordinaire collection est située au faîte d’une colline boisée deminant la Piazza des Polulo. Aujourd’hui, une exposition temporaire de Damien Hirst est mixée dans le musée et vient se heurter aux œuvres baroques qui constituent ce palais d’une incroyable richesse. Les inspirations baroques des époques s’entrechoquent et donne à ce curieux mélange son aspect flamboyant.

    Le dernier Borghèse dont on ait entendu parler fut Junio Valerio Borghèse (1906-1974), officier sous-marinier sous Mussolini, ayant poursuivi le combat aux côtés des Allemands, fut condamné après la dernière guerre. Libéré en 1949, il se recycla dans l’extrême droite et aurait même été impliqué dans une tentative de coup d’Etat en Italie en 1970.

    Voir aussi : Rome

  • Les DOM-TOM à la pointe du combat contre les vaccins

    Des mouvements sociaux perturbent le fonctionnement d’hôpitaux dans les départements et territoires d’outre-mer (DOM-TOM). Ce nouveau conflit repose sur le refus des organisations syndicales de voir appliquer les règles françaises instituant que le personnel soignant en contact avec les patients doit être vacciné contre la Covid-19, sous peine de suspension de leurs contrats de travail. Des actions de sabotage ont été menées, notamment, à l’intérieur du CHU de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe (déversement d’huile de vidage dans les services administratifs, introduction de colle dans les serrures, blocage d’accès, etc.).

    Le taux de vaccination dans les DOM-TOM reste significativement inférieur à celui de la France métropolitaine mais le taux de revendication reste, lui, très élevé. La capacité de nuisance des organisations syndicales a poussé les autorités de santé a renoncer à imposer cette règle sanitaire pour le moment dans certains de ces confettis de l’Empire.

    A priori, les organisations syndicales n’ont pas bloqué les évacuations de patients vers la métropole lorsque les hôpitaux locaux étaient débordés !

  • L’Algérie tout en subtilité

    Toujours engluées dans leur conflit sur l’Histoire coloniale, l’Algérie et la France, anciens ennemis d’une guerre de décolonisation sauvage, continuent leur dialogue de sourds par l’intermédiaire de communiqués agressifs et de cérémonies expiatoires, d’un côté et de l’autre de la Méditerranée, sur fond de flux migratoires du sud vers le nord.

    La dernière saillie algérienne vient de la bouche du président algérien qui a appelé le ministre français de l’Intérieur Moussa Darmanin, accusé par ailleurs de restreindre l’octroi de visas français aux citoyens algériens. Gérald Darmanin porte effectivement le second prénom de Moussa, donné par ses parents en hommage à son grand-père paternel, Moussa Ouakid, ex-tirailleur algérien intégré dans l’armée française et résistant durant la seconde guerre mondiale.

    Pas sûr que le climat n’avance vers l’apaisement… Pour paraphraser le président Mitterrand qui, en d’autres temps, avait dit « les pacifistes sont à l’ouest et les SS20 [missiles soviétiques installés en Europe de l’est et tournés vers l’occident] sont à l’est », on peut dire que « l’autoflagellation est au nord, mais l’ironie est au sud ».

    La suite au prochain numéro.

    Lire aussi : https://rehve.fr/2021/10/un-ambassadeur-tres-souvent-dans-lavion/

    On a également entendu récemment l’ambassadeur d’Algérie en France appeler la diaspora algérienne dans son pays de résidence à constituer « un levier de commande » pour agir sur la politique française :

    « Il est inadmissible que l’Algérie qui possède la plus grande communauté étrangère en France avec 18 consulats, ne puisse pas constituer un levier de commande pour intervenir non seulement dans la politique algérienne, mais (aussi) au niveau de la politique française », a-t-il déclaré, insistant sur le fait que « l’Algérie a besoin de tous ses enfants ».

    https://www.aps.dz/algerie/128872-daoud-souligne-l-importance-d-encourager-les-algeriens-etablis-en-france-a-investir-dans-leur-pays#:~:text=%22Il%20est%20inadmissible%20que%20l,sur%20le%20fait%20que%20%22l

    A l’image de la Turquie qui appelle sa diaspora en Europe à faire des enfants pour accroître son influence, l’Algérie cherche à peser sur la politique française. Il faut bien faire avec ce genre de comportements tout en cherchant à en minimiser les effets délétères. C’est également l’une des conséquences de ce concept trouble de la double ou triple nationalité. Quand on a plusieurs passeports, quelle est sa nationalité de préférence ? De quel pouvoir va-t-on suivre les directives ? L’Algérie n’aime pas beaucoup la binationalité et empêche ses binationaux d’accéder à certaines hautes fonctions administratives, mais cela ne l’empêche pas de jouer avec le concept lorsque cela peut servir ses intérêts.

    Ainsi vont les intérêts sacrés des nations.

  • « Chefs-d’œuvre photographiques du MoMA – la collection Thomas Walther » au musée du Jeu de Paume

    Thomas Walter est un collectionneur allemand qui a constitué dans les années 1970 une collection de photos « avant-gardistes » de la première moitié du XXème siècle qui sont exposées au musée du Jeu de Paume. Il s’agit de clichés en noir-et-blanc, souvent expérimentaux, de portraits, de mouvements, d’objets, qui retracent les courants dadaïstes, du Bauhaus, du surréalisme… bref, des photos complexes qui ne déclenchent pas trop d’émotion mais plutôt de l’intérêt pour les recherches menées à l’époque sur ce nouveau médium :

    Il y a cent ans que le photographie est inventée, elle vient seulement d’être découverte.

    Laszio Moholy-Nagy – 1930 (artiste et théoricien de la photographie)
  • PADURA Leonardo, ‘L’homme qui aimait les chiens’.

    Sortie : 2011, Chez : Métailié.

    Leonardo Padura, écrivain cubain né en 1955, a écrit ici un fantastique roman historique centré sur l’assassinat de Trotski, exécuté en 1940, sur ordre de Staline, au Mexique où il était en exil après son expulsion d’Union soviétique. Les personnes réelles (le plus souvent) se mêlent aux personnages romancés dont Ivan, écrivain cubain mis en contact sans le savoir avec Ramon Mercader, l’assassin (vrai) de Trotski dont il va écrire et publier l’histoire. C’est le roman dans le roman.

    Cette histoire réelle et violente est racontée à travers trois parcours, celui de Trotski lui-même, celui de Mercader, l’agent stalinien espagnol choisi pour accomplir le noir dessein de Staline et celui d’Ivan l’écrivain cubain témoin halluciné de ces évènements tragiques. Les deux premiers ont été les acteurs de l’Histoire, engagés dans un combat de titans, une bataille idéologique, militaire et d’égos que Staline va remporter, assis sur plus de 20 millions de morts, victimes d’une des plus grandes répression organisée par un régime politique.

    L’histoire commence durant la guerre civile en Espagne à la fin des années 1930, où s’affrontèrent les « Républicains » et les « fascistes » sous les ordres du général Franco. Dans cette période où montaient les pouvoirs fascistes en Allemagne et en Italie, où les rumeurs de guerre enflaient dans toute l’Europe, l’affrontement idéologique entre Staline et Trotski était déjà sanglant en Espagne. Les « brigades internationales » réglaient leurs comptes, les agents secrets pullulaient, exécutions sommaires et massacres étaient érigés en méthodes de guerre par toutes les parties et la malheureuse Espagne fut le premier terrain d’affrontement de ces personnages mortifères qui ont ravagé le siècle et entraîné des dizaines de millions de morts.

    Au cours du processus de recrutement de Mercader par les services secrets soviétiques en vue de tuer le « renégat » Trotski, Padura montre parfaitement l’aveuglement des acteurs de cette époque, pris par le culte de la personnalité en faveur de Staline, emportés par les idées communistes, terrorisés par la menace des grandes purges soviétiques qui ont démarrée à cette période à Moscou et des exécutions sommaires réalisées à l’étranger par les services soviétiques. Soumis à la propagande et aux manipulations machiavéliques de son mentor soviétique, Mercader finira par exécuter Trotski dans son refuge mexicain avec le désormais fameux coup de piolet dans le crâne du « renégat ».

    Après vingt ans de prison au Mexique durant lesquelles il n’avouera jamais qui étaient les commanditaire de cet assassinat, il est libéré en 1960 et accueilli en Union soviétique, décoré en tant que « Héros de l’Union soviétique » et reçoit la médaille de l’Ordre de Lénine puis mis au placard, déstalinisation oblige. Son silence en prison au Mexique et la mort de Staline lui ont sans doute permis d’éviter l’exécution par les russes. Il mourra d’un cancer à Cuba, sans avoir jamais revu l’Espagne. Comme sa victime, Trotski, il était devenu un exilé dont personne ne voulait mais il réussit à survivre à la terreur stalinienne.

    Padura est né 2 ans après la mort de Staline dans un pays « frère » de l’Union soviétique, Cuba. Il a connu de l’intérieur une nation engagée dans le système révolutionnaire et communiste du XXème siècle qui a même poursuivi son parcours marxiste alors que Moscou changeait de cap après la chute du mur de Berlin. Le roman parle dans le détail de cette utopie et de son effondrement, de cet ogre bureaucratique qui n’a survécu qu’en dévorant les siens et dont Cuba fut le bon élève tropical.

    Le personnage (vrai) sans doute le plus intéressant est l’agent soviétique qui forme et guide Mercader, Leonid Aleksandrovich Eitingon. Espion trouble aux multiples noms et personnalités, d’un cynisme affiché et d’une fidélité à Staline plutôt générée par la peur que par l’adhésion à ses idées, il traverse et commente dans le roman toutes les grandes purges staliniennes et leurs procès où défilent tous les chefs bolchéviques de la première heure pour avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis puis être exécutés. Dans la vraie vie comme dans le roman, il sera emprisonné à son tour, survivra et retrouvera Mercader exilé à Moscou.

    Dans ce roman réaliste, seul Trotski tire son épingle du jeu, modulo son assassinat sauvage. On sent une certaine tendresse de Padura à son égard qui le présente comme un exilé âgé, sa vie dédiée à la réflexion, notamment pour dénoncer les dérives staliniennes contre son peuple. C’est faire un peu court avec la véritable Histoire… Trotski est aussi le créateur de l’Armée rouge et fut théoricien de la terreur pour asseoir le pouvoir bolchévique lors de la révolution en Russie tsariste, bref, il ne fut pas complètement innocent de la dictature soviétique, même si celle-ci l’a assassiné. Mais Trotski, probablement à cause de sa fin tragique, a séduit une bonne partie de l’intelligentsia européenne jusqu’à la fin du XXème siècle. Leonardo Padura fait probablement partie du lot.

  • « Damien Hirst, Cerisiers en Fleurs » à la Fondation Cartier

    Damien Hirst, artiste britannique né en 1965 à Bristol, expose à la Fondation Cartier sa série sur les cerisiers. Familier d’installations plutôt morbides avec des cadavres d’animaux, plus ou moins découpés, dans des bains de formol, il s’est aussi concentré sur le spot painting consistant en l’accumulation de petits cercles de couleurs différents disposés de façon géométrique ou aléatoire sur une toile. Aujourd’hui il étend le concept aux cerisiers dont les fleurs figurent le spot painting. Les toiles sont gigantesques et les couleurs sublimes. Chacune est peinte sur un fond de ciel à dominante bleue, mais chaque fois subtilement différents. Les fleurs de cerisiers sont marquées dans une palette de roses avec des touches de vert et de bleu. Elles sont peintes en un petit amas épais de peinture, comme un pâté fait par un gamin, et multipliées à l’infini.

    Le résultat est sublime !

  • Guide et médiation

    On ne dit plus un « guide » dans un musée mais on parle de « médiation ». Dans les musées parisiens, les ex-guides portent désormais un badge « Médiation ».

  • Nous sommes en économie libérale

    https://www.ecologie.gouv.fr/prix-des-produits-petroliers

    L’augmentation récente des prix de l’énergie, qui a suivi l’effondrement de ces prix en 2020 du fait de la crise de la Covid-19, rappelle quelques vérités que nombre de commentateurs à courte vue s’évertuent à passer sous le tapis. Evidemment, personne ne se plaignait quand les cours baissaient mais tout le monde râle quand ils augmentent. L’augmentation du pouvoir d’achat générée durant la période de la crise sanitaire où les cours du pétrole et des énergies similaires ont baissé drastiquement s’est traduite en France par une explosion de l’épargne des ménages.

    Lire aussi : https://rehve.fr/2020/04/lepargne-des-menages-risque-detre-entamee/

    La baisse du pouvoir d’achat déclenchée par la hausse de l’énergie va normalement se traduire par une désépargne équivalente. Pour les ménages qui n’auront pas épargné en 2020 durant la période d’énergie à faible coût, certains vont devoir arbitrer dans leurs dépenses, peut-être se désabonner de Netflix ou renoncer à l’achat du maillot de Lionnel Messi (157,99 EUR à la boutique du PSG) pour pouvoir payer leurs factures de gaz, certains autres ne le pourront pas et le gouvernement réfléchit à leur distribuer des subventions (chèque énergie par exemple) pour compenser cette hausse.

    Lire aussi : https://rehve.fr/2021/08/le-maillot-a-15799-eur/

    La France est importatrice d’une partie de son énergie, y compris l’uranium qui alimente ses centrales nucléaires, elle est donc dépendante de la loi de l’offre et de la demande sur les marchés, à moins qu’elle ne trouve un pays producteur généreux qui lui fasse cadeau de pétrole et de gaz, ou accepte de lui vendre à des cours inférieurs au marché, hypothèse peu probable dans un avenir prévisible. La Chine est importatrice de sacs Hermès, elle est donc tributaire des prix de vente de ces accessoires décidés par la firme parisienne à moins que cette dernière n’accepte de baisser ses prix, hypothèse improbable à court terme. Quand on importe on est dépendant de ses exportateurs, c’est assez simple à comprendre. Ces lois du marché peuvent être atténuées par différentes mécanismes nationaux mais elles sont incontournables et les augmentations de prix de produits importés sont payées par les pays consommateurs.

    La Russie, gros producteur de pétrole et de gaz, rappelle qu’elle signait dans le passé avec les pays importateurs des contrats de fourniture à long terme dans lesquels les prix étaient fixés sur la durée longue desdits contrats, situation avantageuse lorsque le marché monte mais désavantageuse dans le cas contraire. Avec un petit sourire en coin le président russe Poutine vient de rappeler que la Russie sert en priorité les contrats long terme que l’occident a abandonné par idéologie au profit de contrats où les prix, dit « spot », sont alignés sur les variations journalières du marché… La même Russie subventionne d’ailleurs ses prix bas intérieurs pour les consommateurs russes avec les prix haut extérieurs payés par les pays importateurs.

    En France, les candidats à l’élection présidentielle d’avril 2022 rivalisent d’idées plus ou moins saugrenues pour savoir « qui va payer » cette hausse des prix de l’énergie : consommateurs ou contribuables ? La réponse la plus probable est que les deux catégories vont être mises à contribution, la hausse des prix sera payée par les consommateurs et certains d’entre eux verront une partie de cette hausse compensée par des subventions à recevoir de l’Etat (payées par les contribuables). Toute la question est de décider comment et où situer la limite entre ceux qui toucheront des subventions et ceux qui n’en bénéficieront pas, en attendant que le marché s’équilibre. Il est délicieux de constater combien même les tenants de la philosophie politique la plus libérale sont tellement tétanisés à l’idée que Mme. Michu se révolte devant la hausse des prix qu’ils ne rêvent que de faire payer les contribuables pour épargner Mme. Michu… qui est elle-même contribuable.

    Au-delà de ce problème immédiat qui va bien trouver une solution financière d’une façon ou d’une autre, ce qui s’annonce à moyen terme c’est la fameuse « transition écologique » qui devra se traduire par des changements de comportements des consommateurs et, très probablement, par une hausse moyenne de ce que les citoyens du monde devront payer pour l’énergie qu’ils consommeront demain. Il y aura encore des arbitrages à faire dans le futur, et probablement bien plus drastiques et douloureux que ceux que nous affrontons aujourd’hui.

  • L’épidémie de sondagite est loin d’être vaincue

    Avec une constance qui force l’admiration et un manque de discernement qui frise l’incompétence les « spécialistes » de plateaux télévisés passent des journées entières à gloser sur les sondages quasi-journaliers qui tombent comme à Gravelotte pour avancer un pronostic sur le résultat de l’élection présidentielle française d’avril 2022. Quant arrive un nouveau sondage, le préambule est toujours en deux points :

    1. Il ne s’agit pas d’un sondage prédictif mais d’une photographie de l’opinion à un moment donné
    2. Il faut faire preuve de la plus extrême prudence car les élections ces dernières années ont souvent abouti à des résultats très différents des anticipations

    Une fois posés ces rappels, les plateaux médiatiques passent ensuite des heures à torturer ces chiffres pour essayer d’en tirer, avec difficulté, des analyses qui paraissent intelligentes. Il faut dire qu’ils sont aussi poussés dans ce sens par des candidats qui brillent par l’absence de programme de gouvernement, il n’y a donc pas grand-chose à se mettre sous ma dent.

    Le plus étonnant est que l’un des partis conservateur, Les Républicains (LR), revendique officiellement d’avoir utilisé lancer sa propre « enquête d’opinion » pour constater qu’aucun de ses six candidats à la candidature ne prenait vraiment un leadership naturel dans l’opinion et qu’il fallait donc les départager via un vote des militants en décembre prochain.

    Les sondages sont érigés en outil de gouvernement depuis des décennies, ils remplacent plus ou moins l’absence de vision politique. A défaut de programme conçus par les gouvernants et expliqué aux citoyens, on demande à Mme. Michu si elle est d’accord pour augmenter les impôts ou nationaliser les autoroutes et l’on voit comment il est possible de concilier les intérêts du pays avec les résultats des sondages.

  • « La collection Morozov – icônes de l’art moderne » à la fondation Louis Vuitton

    C’est l’histoire de deux frères russes, Mikhaïl (1870-1903) et Ivan (1871-1921) Morozov, dont les arrière-grands-parents étaient serfs dans la Russie tsariste et le père un très riche industriel. Ils vont recevoir très tôt une éducation artistique et, à leur majorité, poursuivre les affaires familiales tout en constituant progressivement une collection de peinture impressionnante grâce à leur goût certain. A la révolution, les tableaux sont confisqués par le pouvoir bolchévique, Ivan s’enfuit en Finlande et mourra en 1921 loin de son pays natal, Mikhaïl étant, lui, décédé jeune avant la révolution.

    Considérés comme incompatibles avec le « réalisme-socialiste » certains tableaux (notamment les impressionnistes puis las avant-gardes fauves et cubistes) furent interdits de présentation durant la terreur stalinienne, mais, malgré tout, l’ensemble de la collection fut mis à l’abri hors de Moscou en Sibérie pour le protéger durant la seconde guerre mondiale.

    C’est une grande partie de cette collection, désormais exposée dans les musées d’Etat russes, qui est accrochée dans la fondation Louis Vuitton. L’accumulation de chefs d’œuvre est impressionnante, donnant une idée de la sensibilité artistique (et de la fortune) des Morozov. Manet, Corot, Monnet, Toulouse-Lautrec, Degas, Bonnard, Denis, Gauguin, Van Gogh, mais aussi Picasso et des peintres russes.

    L’ensemble des salles de la fondation est consacré à cette collection. Vu l’architecture du bâtiment dans lequel il n’y a pas une pièce aux murs droits, on se perd un peu dans les étages et les numéros de pièces, mais qu’importe, tout est beau (sauf le bâtiment de la fondation…)

  • « Eugénie Grandet » de Marc Dugain

    Marc Dugain, romancier et réalisateur, met en scène le roman de Balzac. On y retrouve l’atmosphère sombre et calfeutrée de la famille Grandet vivant de la viticulture à Saumur au XIXème siècle. Comme la demeure familiale, le film suinte l’humidité et la moisissure, la solitude d’Eugénie, la fille unique, que son père ne veut pas marier par refus de devoir constituer sa dote, les cancans des notables de la ville et, surtout, le patriarcat sévère d’une époque révolue.

    La subtilité de Balzac à décrire la comédie humaine est magnifiquement retranscrite dans le scénario du film. Dugain le termine sur une note moderne et optimiste en laissant Eugénie libre et sereine face à son destin, alors que Balzac l’a fait retourner à sa condition en la mariant finalement avec un notable après le décès de ses deux parents.

  • A la soupe !

    Xavier Bertrand en Corse et dans Paris-Match avec son épouse actuelle

    La préparation des élections présidentielles françaises d’avril 2022 a déclenché une fébrilité sans égale de la part d’une multitude de candidats de tous bords s’agitant en tous sens comme des mouches dans un bocal.

    Les plus étonnants relèvent de « la droite et du centre » qui bataillent fermement pour emporter l’investiture du parti Les Républicains (LR). Nous avons six candidats à la candidature dont un complet inconnu, Denis Payre, un quasi-inconnu, Philippe Juvin, une girouette européenne, Michel Barnier, un crâne glabre à l’accent marseillais, Eric Ciotti et deux personnes qui ont rendu leur carte du parti il y a déjà plusieurs années pour cause de droitisation excessive à leur goût, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand.

    Le plus drôle est que ces deux derniers, dont on a du mal à identifier ce qui les distingue de l’actuel président Macron de centre-droit, viennent de reprendre leur carte du parti et, pour Bertrand, d’accepter finalement de se soumettre à la primaire fermée LR qui aboutira, peut-être, à la désignation d’un candidat unique contre Macron. Xavier Bertrand qui a d’ailleurs été comparé à « Séraphin Lampion » par un élu socialiste du nord. Pour les plus jeunes nous préciserons que Séraphin Lampion, agent d’assurances, est un personnage d’Hergé qui apparaît dans plusieurs albums de Tintin et dont l’unique objectif est de fourguer des contrats d’assurance de la compagnie « Mondass ». Et il se trouve que Bertrand a été agent d’assurances durant une période de sa vie comme l’indique son site « de soutien non officiel ». Désopilant !

    Né le 21 mars 1965 à Châlons-sur-Marne, Xavier Bertrand est un homme politique français. Fils de Jean-Pierre Bertrand, cadre bancaire, et de Madeleine Bedin, employée de banque, il étudie à l’université de Reims au sein de l’unité de formation et de recherche en droit et science politique d’où il sort diplômé d’une maitrise en droit public et d’un diplôme d’études supérieures spécialisées d’administration locale. Devenu agent d’assurance, il est membre du Grand Orient de France depuis 1995 puis se retire pour des raisons d’incompatibilité avec ses fonctions politiques.

    Accueil – Xavier BERTRAND (xavierbertrand2022.eu)

    Ce spectaculaire changement de position est sans doute provoqué par la prise de conscience de la totale incohérence qui existait à vouloir solliciter l’investiture (et les sous pour financer la campagne) d’un parti dont ils n’étaient pas membres. Alors, finalement, l’un et l’autre ont avalé leur chapeau et pris « la route de Canossa ». Il n’est pas sûr que cela suffise à convaincre de leur bonne foi les militants qui devront voter lors de cette primaire… Il semblerait logique que ces derniers leur refusent leurs suffrages et les accordent plutôt à Michel Barnier qui a fait preuve de plus de fidélité au parti, mais bien moins à ses idées. Commissaire européen des années durant voilà maintenant qu’il prône le retour à la souveraineté nationale contre la supranationalité européenne.

    Pour l’instant personne n’a vraiment avancé de programme sinon quelques slogans de circonstance assénés dans les meetings. L’objectif à court terme est de remporter le concours de beauté du 4 décembre au congrès LR. Il y a six candidats, pas sûr que les cinq perdants seront très motivés à soutenir le gagnant ! Ils auraient tort car la victoire serait sans doute à portée de main s’ils y consentaient avec bonne foi !

  • Un ambassadeur très souvent dans l’avion

    Alger vient de rappeler son ambassadeur « pour consultation » comme point d’orgue d’une accumulation de reproches faits à la France ces dernières semaines. Les hostilités avaient déjà démarré dans une époque récente en mai dernier avec, déjà, le rappel de l’ambassadeur algérien, à la suite de la diffusion d’un documentaire sur France 5 sur les mouvements de jeunes anti-pouvoir (le Hirak). En réalité, les hostilités diplomatiques n’ont jamais cessé depuis 1962, année où l’Algérie est devenue indépendante.

    Cette fois-ci deux évènement ont entraîné l’ire du pouvoir algérien : la réduction des visas français à octroyer aux citoyens algériens à titre de sanction du fait que l’Algérie refuse de réadmettre les Algériens faisant l’objet d’une expulsion du territoire français d’une part, et les propos du président français devant un groupe de jeunes de la troisième génération dont les ancêtres ont été concernés par la guerre d’Algérie, d’une façon ou d’une autre : petits-enfants de combattants du FLN, de militaires français, de harkis ou de « pieds-noirs » rapatriés. Français, algériens ou binationaux, ils ont débattu avec Emmanuel Macron sur la tragédie algérienne. Ce groupe de jeunes a été constitué dans la suite du rapport Benjamin Stora sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie et se réunit régulièrement afin de produire des propositions au président en vue de la réconciliation algéro-française. Le déjeuner à l’Elysée du 30 septembre constituait un point d’étape de cette vaste tâche.

    Quelques jours auparavant, le 20 septembre, le président avait officiellement demandé « pardon » et annoncé des compensations financières à verser par les contribuables français aux descendants des harkis :

    « Aux combattants abandonnés, à leurs familles qui ont subi les camps, la prison, le déni, je demande pardon, nous n’oublierons pas »

    Ce « pardon » venait après la reconnaissance par le président Hollande en septembre 2016 de la « responsabilité » française dans le sort des harkis :

    « [des] responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumaines de ceux transférés en France »

    Lire aussi : https://rehve.fr/2016/09/la-republique-reconnait-sa-culpabilite-dans-le-massacre-des-harkis-dans-algerie-post-independance/

    Des journalistes assistaient au déjeuner du 30 et en ont rapporté quelques propos tenus par le président et ce sont justement une partie de ceux-ci qui ont déclenché ce énième incident diplomatique avec Alger avec remise de son ambassadeur dans un avion pour le sud. Au milieu d’échanges qui paraissent plutôt apaisés et intelligents M. Macron a évoqué « l’histoire officielle » réécrite par un « système politico-militaire » basée sur « la haine de la France », une « rente mémorielle ». N’en jetez plus, c’en était trop pour les autorités algériennes !

    La France s’épuise à essayer de se faire pardonner son errance coloniale. Depuis l’élection en 2017 de M. Macron, Paris a reconnu les assassinats par l’armée française d’un certain nombre de combattants et intellectuels algériens après avoir déclaré à Alger lorsqu’il était candidat que la colonisation était un « crime contre l’humanité ». Le rapport de Benjamin Stora qui a eu accès aux archives françaises, déclassifiées pour l’occasion, a été mal reçu de l’autre côté de la Méditerranée. Stora, bien que né en Algérie, est français et considéré dans son pays d’origine comme subjectif et son travail comme une affaire franco-française. Il est disqualifié d’office. A peu près au moment où M. Stora a été mobilisé pour son étude (juillet 2020), un rapport sur le même sujet a été commandé par le gouvernement algérien à l’historien Abdelmadjid Chikhi. Il n’est malheureusement pas encore disponible et l’on ne sait même pas si l’idée de sa production n’aurait pas été abandonnée.

    Devant cette impossible réconciliation on se demande même si la revendication ultime de l’Algérie était consentie par Paris, des excuses officielles et des compensations financières, changerait vraiment les choses.

    Lire aussi : https://rehve.fr/2021/04/stora-benjamin-rapport-sur-les-questions-memorielles-portant-sur-la-colonisation-et-la-guerre-dalgerie/

    Communiqué de la Présidence de la République [algérienne] du 02/10/2021

    A la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribué nommément au Président de la République française, l’Algérie exprime son rejet catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures que constituent lesdits propos.

    Les propos en question portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5.630.000 valeureux martyrs qui ont sacrifié leurs vies dans leur résistance héroïque à l’invasion coloniale française ainsi que dans la Glorieuse Révolution de libération nationale, les crimes de la France coloniale en Algérie sont innombrables et répondent aux définitions les plus exigeantes du génocide contre l’humanité.

    Ces crimes qui ne sont pas prescriptibles, ne sauraient faire l’objet d’une manipulation des faits et d’interprétations atténuantes.

    La propension des nostalgiques de l’Algérie française et des milieux qui se résignent difficilement à l’indépendance pleine que les Algériens ont gagnée de haute lutte, s’exprime à travers de vaines tentatives d’occulter les exactions, massacres, enfûmades, destructions de villages, des centaines de Oradour-Sur-Glane, éradications de tribus de résistants, qui sont des génocides en séries que les acrobaties conceptuelles et les raccourcis politiques ne parviendront jamais à occulter.

    Pour leur part, les appréciations superficielles, approximatives et tendancieuses énoncées en ce qui concerne l’édification de l’Etat national algérien ainsi que sur l’affirmation de l’identité nationale relèvent d’une conception hégémonique éculée des relations entre Etats et ne sauraient, en aucune façon, être compatibles avec le ferme attachement de l’Algérie à l’égalité souveraine des Etats.

    Cette malencontreuse intervention qui heurte fondamentalement les principes devant présider à une éventuelle coopération algéro-française en matière de mémoire, a l’incorrigible défaut de tendre vers la promotion d’une version apologique du colonialisme au détriment de la vision établie par I’Histoire de la légitimité de luttes de la libération nationale, alors que rien ni personne ne peut absoudre les puissances coloniales de leurs crimes, y compris les massacres du 17 octobre à Paris dont l’Algérie et sa communauté établie en France s’apprêtent à commémorer dans la dignité.

    Face à la situation particulièrement inadmissible engendrée par ces propos irresponsables, le président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, a décidé le rappel immédiat en consultations de l’ambassadeur d’Algérie auprès de la République française.

  • Terrorisme intra-religieux en Afghanistan

    Les attentats meurtriers revendiqués par le groupe « Etat islamique » se multiplient en Afghanistan et font des dizaines de morts civils, généralement aux abords des mosquées, le vendredi jour de prières. Il semble que les cibles soient d’abord les talibans de retour au pouvoir dans ce pays, accusés d’avoir trahi la cause islamiste, et, plus particulièrement, la minorité chiite de la population considérée comme mécréante par l’Etat islamique.

    Rappelons de quoi nous parlons :

    • Les musulmans chiites pensent que le successeur légitime du prophète Mahomet (mort en 632) est Abou Bakr qui deviendra effectivement calife
    • Les musulmans sunnites chiites pensent que le successeur légitime du prophète Mahomet est Ali, son gendre et fils spirituel

    Pour ne pas être en reste, précisons que :

    • Les chrétiens pensent que Jésus est leur prophète avec des variantes entre ceux qui croient à la sainte-vierge et ceux qui n’y croient pas
    • Les juifs pensent que Jésus n’est pas leur prophète et attendent toujours leur messie
    • Les yézidistes croient en un Dieu qui façonna le monde comme une grosse perle blanche qu’il brisa et dont les éclats formèrent le ciel, la terre et la mer
    • Les zoroastriens considèrent que leur Dieu n’a pas besoin d’adoration, pas besoin d’intermédiaires
    • Etc. etc…

    Tous croient à la vie éternelle au paradis où chacun rejoindra son Dieu. Mais en attendant, au nom de celui-ci, on sème la mort et la désorganisation sur une bonne partie de la planète.

    L’Etat islamique qui attaque les Talibans en Afghanistan, c’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité. Cela prêterait à sourire s’il ne s’agissait de massacres d’un autre âge. Le risque est évidemment que ces derniers pactisent avec leurs attaquants et recrée un Etats terroriste comme ce fut le cas entre 1996 à 2001. Si cela survenait et mettait en jeu la sécurité du monde il faudrait de nouveau envisager une application de la stratégie du « cassage de gueule ponctuel avec retour rapide au bercail » et on peut imaginer que la Russie et la Chine qui sont aux premières loges dans la région et directement concernées par les troubles qui pourraient déteindre sur leurs populations de confession musulmane veilleront attentivement à l’évolution de la situation, d’autant plus qu’elles ont marqué leur ouverture à coopérer avec l’Afghanistan taliban après la retraite occidentale.

    Gageons néanmoins que les Talibans vont réagir avec les méthodes de combat efficaces qu’on leur connaît et il n’est pas dit qu’ils ne soient pas en mesure de réduire cette rébellion tous seuls comme des grands !

  • Nick Cave & Warren Ellis – 2021/10/13 – Paris Salle Pleyel

    Nick Cave & Warren Ellis – 2021/10/13 – Paris Salle Pleyel

    Alors que le monde était confiné, Nick Cave et son compère Warren Ellis ont composé et enregistré Carnage. A Nick les textes et à eux deux la musique. Le résultat est joué pour deux soirées Salle Pleyel en formation réduite : Nick et son piano à queue, Warren avec un mini-clavier, son violon et sa flute (une guitare est positionnée derrière lui mais ne sera pas utilisée), un bassiste-batteur-DJ et trois choristes.

    Les trois hommes portent costume gris, chemises blanches pour Nick et Warren, boots en croco pour ce dernier, chemise noire à poids blancs pour le troisième. Bel hidalgo longiligne, la voix de plus en plus grave, le cheveux noir-geais permanenté vers l’arrière, Nick Cave délivre son chanté-parlé comme une longue thérapie musicale face au tragique des thèmes qui l’assaillent : Dieu, le temps, le chaos du monde, et, bien sûr, la perte de son fils qui plane au-dessus de certains morceaux.

    Plutôt guilleret sur scène, Cave se tourne vers Ellis pour traduire ses propos, esquisse quelques acrobaties et retourne vers son piano et une musique si sombre pour des mots poétiques et éthérés. Un très beau concert, deux rappels et un immense bonheur répandu sur cette sympathique Salle Pleyel.

    Seule faute de goût, le prix du billet à 93 euros !

    A reindeer frozen in the footlights steps back into the woods 
    My heart it is an open road where we ran away for good 
    Look over there, look over there 
    The sun, a barefoot child with fire in his hair 
    And then a sudden sun explodes 
    It was you, it was you and only you
    And it's only love driving through the rain
    Rolling down the mountains like a train
    (Carnage)

    Setlist

    Spinning Song (Nick Cave & the Bad Seeds cover)/ Bright Horses (Nick Cave & the Bad Seeds cover)/ Night Raid (Nick Cave & the Bad Seeds cover)/ Carnage/ White Elephant/ Ghosteen (Nick Cave & the Bad Seeds cover)/ Lavender Fields/ Waiting for You (Nick Cave & the Bad Seeds cover)/ I Need You (Nick Cave & the Bad Seeds cover)/ Cosmic Dancer (T. Rex cover)/ God Is In The House (Nick Cave & the Bad Seeds cover)/ Hand of God/ Shattered Ground/ Galleon Ship (Nick Cave & the Bad Seeds cover)/ Leviathan (Nick Cave & the Bad Seeds cover)/ Balcony Man

    Encore : Hollywood/ (Nick Cave & the Bad Seeds cover)/ Henry Lee (Nick Cave & the Bad Seeds cover)

  • La France s’émeut

    L’amitié russo-malienne : une vague de fond ancienne

    La France s’émeut encore une fois de la montée en puissance politique et militaire de la Russie au Mali ainsi que de la mauvaise humeur de ce pays à l’encontre de Paris. Les coups d’état en 2020 et 2021 ont mis au pouvoir à Bamako une junte de galonnés dont la stratégie semble être de négocier avec les terroristes religieux pour trouver un accord avec eux et de coopérer avec la Russie pour une assistance militaire renforcée. Dans le même temps, la énième brouille algéro-française fait qu’Alger interdit le survol de son territoire aux avions militaires français compliquant ainsi le ravitaillement des forces militaires françaises présentes dans le Sahel.

    La France a déployé son armée au Mali début 2013, à la demande du gouvernement civil malien de l’époque, pour arrêter des colonnes rebelles nordistes, mêlant indépendantistes touaregs et islamistes, qui fondaient sur Bamako et auraient très certainement pris le pouvoir sans l’intervention étrangère de la France compte tenu de la capacité de résistance plutôt limitée des forces locales. Près de dix ans plus tard, 53 militaires français tués (sans compter des otages civils français également assassinés dans la région) et deux coups d’état militaires, Paris a annoncé la réduction de son dispositif armé sans oser prononcer la fin de ses opérations militaires et le retour de ses effectifs au bercail.

    Aujourd’hui les planètes sont alignées pour arrêter cette intervention : le Mali n’en veut plus, l’Algérie interdit le survol de son territoire, très peu d’autres pays européens soutiennent l’action de la France, pas même financièrement, la fiction du « G5 Sahel » censé mettre sur pieds une force africaine multinationale a fait long feu et la Russie se réjouit de prendre la place. Il est temps de laisser Bamako face à ses responsabilités et ses nouveaux amis.

    L’argumentation des interventionnistes français est qu’en luttant contre les terroristes au Sahel, l’armée française évite que ceux-ci ne viennent commettre leurs méfaits sur le territoire national. Ce n’est pas très convaincant, on ne sait pas bien d’ailleurs ce qu’en pense réellement les militaires français qui ne s’expriment pas beaucoup. C’est la rengaine déjà entendue « meurt-on pour la France au Mali ? ». Cependant, ramener les forces d’intervention en France permettra de renforcer le dispositif national avec le même objectif de le préserver d’actions terroristes venant de l’étranger. Il n’est pas sûr que cela soit moins efficace que de maintenir ces troupes sur des territoires dont les populations les rejettent. De toute façon il est peu probable que Paris se maintienne contre la volonté du Mali alors accélérons le mouvement et fermons l’intégralité de l’opération Barkhane et laissons le Mali assumer son retour à une coopération avec Moscou.

    Les autres pays sahéliens associés et bénéficiaires de Barkhane comme le Niger et le Burkina-Faso regretteront peut-être le retrait de la France mais la raison d’Etat oblige à trouver d’autres méthodes, pour aider les pays qui le souhaitent, qu’une présence militaire sur leur sol qui est forcément condamnée à l’échec puis à un retrait piteux.

    Lire aussi : Bienvenue à la Russie de retour au Mali – Hit the road Jack… (rehve.fr)

  • Des toilettes « non genrées »

    En Amérique du nord, sous-continent à la pointe des concepts « woke » et de « déconstruction », les toilettes « non genrées » font florès et le principe commence à diffuser en Europe. Evidemment le citoyen lambda se demande ce qui peut bien se cacher derrière ce concept de « toilettes non genrées » ? S’agit-il d’un troisième local en plus des toilettes « hommes » et « femmes » ? S’agit-il de réceptacles particuliers pour les besoins des personnes « non genrées » ?

    A priori non, il s’agirait simplement, par l’affichage du sigle ci-dessus, d’autoriser les personnes « transgenres » ou « non binaires » à se rendre dans les toilettes « femmes » même si elles ont une apparence d’hommes, et vice-versa. On ne sait pas bien comment on identifiera une personne « transgenre » ayant l’apparence d’un homme mais se rendant dans les toilettes des « femmes », d’un pervers-pépère venu pour mater, mais qu’importe, on présuppose la bonne foi des « non binaires » et des « transgenres ».

    Une nouvelle fois, une minorité activiste impose des changements de comportement à la majorité qui regarde, éberluée, l’invasion de ces concepts « de genre » en Occident. Mais cette majorité reste globalement inerte face à l’activisme des tenants du « wokisme » et autres billevesées du même ordre. Le risque existe que ces principes étonnants viennent bouleverser nos sociétés mais il parait plus probable qu’ils tomberont dans l’oubli et réintègreront les laboratoires de recherche en sciences sociales desquels ils n’auraient jamais dû sortir.

    La bonne nouvelle est que nos pays occidentaux ne se portent pas si mal que ça s’ils ont les moyens de consacrer des ressources financières et humaines à « réfléchir » sur pareils sujets !

    Lire aussi : https://rehve.fr/2021/09/sandrine-rousseau-jargonne/