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A Lyon
Au musée des Confluences de Lyon une exposition « Jusqu’au bout du monde – regards missionnaires » aborde les histoires de ces missions religieuses envoyées par l’occident à travers le monde pour l’évangéliser avec plus ou moins de succès.
« Ne mettez aucun zèle, n’avancez aucun argument pour convaincre ces peuples de changer leurs rites, leurs coutumes et leurs mœurs à moins qu’elles ne soient évidement contraires à la religion et à la morale. Quoi de plus absurde de transporter chez les Chinois, la France, l’Espagne, l’Italie ou quelque autre pays d’Europe ? »
Instruction de la Congrégation de la Propagande Fide, 1659C’eut été bien que les puissances occidentales méditent cette réflexion avant d’aller envahir les tropiques ces derniers siècles. Vous remplacez « à moins qu’elles ne soient évidement contraires à la religion et à la morale. » par « à moins qu’elles ne soient évidement contraires à la démocratie et aux droits de l’homme » et vous avez l’explication des batailles perdues des XXème et XXIème siècle. La récente défaite occidentale en Afghanistan illustre jusqu’à l’excès l’absurdité de ces errances politico-militaires.
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Nadine Morano « like » Mme. Michu
Par son tweet du 19 mai, Mme. Michu apportait son soutien à Nadine Morano dans sa lutte contre le président LR de sa région Grand Est qui l’avait exclue de sa liste pour les élections européennes du mois de mai 2021.
L’histoire n’a guère d’importance mais la position pro-Morano de Mme. Michu a déclenché par la suite l’attribution d’un « like » de Nadine Morano à Mme. Michu.
Cet échange nous permet de constater que Nadine Morano, député européen, rémunérée par les contribuables, non seulement passe un temps important à rédiger puis à asséner des messages abrutissants par centaines chaque mois sur son compte Twitter mais qu’elle passe ensuite autant de temps à analyser les retweets de ses propres tweets et a, éventuellement, les « liker » ou les commenter.
On peut raisonnablement se demander si les impôts des contribuables sont bien utilisés à financer ce genre d’activités ? Evidemment, avec un tel programme, des élus rémunérés par l’argent public n’ont plus beaucoup de temps pour la réflexion ou l’action politiques.
A ce jour, Nadine Morano a plus de 234 000 followers sur son compte.
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MANN Thomas, ‘La montagne magique’.
Traduction : Maurice Betz
L’œuvre monumentale (800 pages) de l’écrivain allemand Thomas Mann (1875-1955), prix Nobel de littérature 1929, publiée dans l’entre deux-guerres : l’intrigue se déroule dans un sanatorium en Suisse, à Davos, au sein du petit microcosme des malades de la tuberculose et de leurs soignants, ceux « d’en haut » par opposition à ceux d’en-bas, habitant le « pays plat ».
Hans Castorp, jeune bourgeois allemand, vient à Davos visiter son cousin Joachim venu y soigner sa tuberculose au grand air de la montagne. Il se laissera convaincre par le directeur médical de l’établissement, Behrens, qu’il est lui aussi malade et, finalement, son amicale visite de trois semaines se transformera en un séjour médical de sept années. L’histoire ne dit pas s’il était réellement tuberculeux où s’il s’en est juste fait persuader par Behrens qui avait tendance à considérer tout le monde comme atteint par le bacille, peut-être aussi pour remplir son sanatorium.
Hans va faire connaissance de tout ce petit monde cloîtré en altitude, un révolutionnaire, une femme russe dont il tombe amoureux, un colon néerlandais, le docteur Behrens et sa curieuse vision de la maladie dans l’Humanité, un croyant qui n’a pas mené sa vocation religieuse à son terme… L’occasion pour l’auteur de développer ses vues sur le monde et ses idéologies.
Mann développe un style très analytique, très détaillé, plutôt lent, un peu proustien et toujours plein d’humour. Il décrit par le menu détail et avec une précision hallucinante tous les éléments qui composent cet environnement si particulier des sanatoriums au début du XXème siècle, fréquentés généralement par des gens aisés mais néanmoins attaqués par la maladie qui laisse son cortège de décès. La mort est partout présente même si cachée à l’attention des résidents. L’inactivité de cette population tournée vers elle-même et les soins dont elle bénéficie est propice aux discussions sans fin dans lesquels Mann place sa pensée sur la liberté, l’humanité, le temps, le marxisme, la religion… et la fin qui hante ce roman exceptionnel qui faisant écho à « Mort à Venise » écrit douze années plus tôt.
Les dernières pages voit Hans Castorp dans les tranchées de la première guerre mondiale et l’on comprend que son patriotisme en faveur de la défense de l’Allemagne fut le seul motif qui a pu le pousser à descendre de sa montagne et retrouver la vraie vie du monde « d’en-bas » !
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De plus en plus de jargonnage
On ne dit plus « un parti politique dirigé par des nunuches ambitieux et indécis » mais « une famille politique en déficit d’incarnation ».
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Manuel Valls un peu pathétique
Manuel Valls, 59 ans (né en 1962), binational franco-espagnol, ancien maire de banlieue, ancien ministre et premier ministre de la République française, ancien député de l’assemblée national française, ayant démissionné, ou poussé dehors, de ses responsabilités françaises, s’est présenté en 2018 à l’élection municipale de la ville de Barcelone dont il est natif. N’ayant récolté que peu de suffrages il n’est devenu qu’un anonyme conseiller municipal, poste qui, manifestement, ne lui convient pas puisqu’il vient d’annoncer qu’il en démissionne pour revenir en France comme… commentateur sur la chaîne d’information en continu BFM-TV.
L’indécision de M. Valls, d’abord sur le pays où il veut vivre et ensuite sur ses mandats électifs dont il a pris la fâcheuse habitude de démissionner avant leurs termes (de son poste de député français en 2018, de son poste de conseiller municipal espagnol aujourd’hui), vire au pathétique ! Quant on a exercé, plutôt bien d’ailleurs, des responsabilités gouvernementales au plus haut niveau en France, puis choisi l’Espagne pour y exercer une fonction élective, la décence voudrait qu’il ne lâche pas tout, une nouvelle fois au milieu du gué, pour venir commenter la vie politique sur une chaîne de télévision plutôt médiocre. Manuel Valls ne manquerait ni à l’Espagne ni à la France s’il prenait véritablement sa retraite de la vie politique, il pourrait ainsi se consacrer à des tâches plus nobles et plus utiles que d’aller participer au Café du commerce de BFM.
Lire aussi : https://rehve.fr/2021/04/manuel-valls-ne-veut-pas-choisir-entre-la-france-et-lespagne/
Paris-Match avait annoncé en 2018 sa nouvelle union avec une riche héritière espagnole. L’histoire ne dit pas si elle fera toujours partie de sa nouvelle vie.
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La fiction des armées locales
L’Afghanistan rendu à ses démons
La prise du pouvoir par les Talibans en Afghanistan a été grandement facilitée par la débandade de l’armée nationale qui n’a quasiment mené aucun combat contre la rébellion religieuse qui, du coup, a rapidement conquis l’entièreté du pays avant même le départ complet des forces occidentales achevé aujourd’hui. Cette « armée nationale » avait pourtant bénéficié des soins et des fonds occidentaux mais les milliards investis par les contribuables de ces pays n’ont pu créer la seule arme indispensable qui manquait, celle de la foi en la victoire dans cette guerre civile.
Cette situation n’est guère surprenante et a été mainte fois constatée aux termes des guerres post-coloniales menées par l’Occident depuis la fin de la seconde guerre mondiale, à commencer par celle du Vietnam dans le conflit contre le communisme. Au cours de leur soutien au Vietnam du Sud pour barrer la route au communisme porté par le Vietnam du Nord, les Etats-Unis d’Amérique ont lourdement investi pour former l’armée du Sud qui s’est effondrée rapidement après les accords de paix de Paris en 1973. Malgré quelques actions héroïques de garnisons sud-vietnamiennes, l’offensive massive de l’armée du Nord en 1975 aboutit rapidement à la reddition du Sud et à la capture d’un important matériel militaire américain par les communistes.
En Irak en 2014, les combattants du groupe terroriste religieux Etat islamique se sont emparé sans coup férir de la ville de Mossoul abandonnée en quelques heures par l’armée irakienne face à une troupe de va-nu-pieds mais motivée, avec la récupération d’un matériel militaire considérable qui a ensuite été retourné contre les armées occidentales présentes. Par la suite la ville a été reconquise et, semble-t-il, les forces spéciales irakiennes se seraient plutôt bien défendues avec les soutiens aériens occidentaux qui n’existent plus aujourd’hui.
En Afrique, malgré des accords de coopération militaires passés et constamment renouvelés entre la France et nombre de ses anciennes colonies depuis les années 1960, les armées locales ont surtout brillé par leurs capacités à mener des coups d’Etat, mais beaucoup moins à défendre leurs nations, concept [celui de nation] d’ailleurs plutôt incompréhensible dans des pays organisés en clans et en ethnies. Depuis son intervention militaire au Sahel en 2013, la France défend vaille que vaille l’idée du « G5 Sahel », une armée multinationale réunissant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad qui remplacerait l’armée française après l’inéluctable départ de celle-ci, et le plus tôt sera le mieux. Ce « G5 Sahel » est formé et équipé par la France avec l’aide d’autres pays de l’Union européenne. Mais il est peu probable qu’il ne soit jamais véritablement opérationnel, ou en tout cas à la hauteur des combats qu’il faudrait mener contre la troupe décidée des rebelles religieux qui veulent s’emparer du pouvoir dans ces pays et avec laquelle déjà certaines capitales sahéliennes mènent des discussions.
En Afghanistan aujourd’hui, les Talibans ont pu s’emparer de tout le matériel militaire américain donné à « l’armée » nationale et l’on voit ceux-ci parader dans les rues de Kaboul en tenues camouflées bien plus seyantes que leurs djellabas d’antan, et arborant des armes flambant neuves sans doute bien plus destructrices que leurs antiques Kalachnikov. Tout ce matériel vient d’être récupéré dans les stocks laissés sur place après avoir été financés par les contribuables américains. On s’aperçoit maintenant que certaines régions afghanes déclaraient des effectifs militaires fictifs pour recevoir plus de subsides de l’armée américaine qui assurait même la paye de cette « armée » nationale…
La défaillance de ces « armées » locales est finalement peu surprenante. D’abord car l’Occident attend qu’elles s’engagent dans des guerres civiles contre des rébellions qui sont aussi locales et il est toujours plus difficile de combattre ses propres concitoyens lorsqu’on n’est pas même sûr de mener le bon combat. La décision est plus facile à prendre lorsqu’il s’agit de lutter contre des forces d’invasion étrangères. D’autre part, se battre pour maintenir au pouvoir des pouvoirs corrompus (au Vietnam comme en Afghanistan ou en Afrique) et, généralement, dictatoriaux, est fort peu motivant ! Cerise sur le gâteau : quand vous ajoutez que ces « armées » nationales sont payées et équipées par des pays étrangers car leurs propres Etats n’en ont pas les moyens, on comprend mieux leur manque de motivation.
L’Occident a échoué dans ses objectifs d’étendre la « démocratie » par la force de ses armes au Vietnam, en Irak ou en Afghanistan, d’abord parce que ces pays n’étaient pas véritablement intéressés, mis à part une élite occidentalisée en accord avec les principes démocratiques, ou très corrompue voulant préserver ses intérêts. Sans doute en sera-t-il aussi de même au Sahel d’où la France a commencé à se retirer et c’est un mouvement raisonnable qu’il faut poursuivre. Avec l’enterrement des illusions occidentales sur les « valeurs universelles » c’est aussi, sans doute, la fin du « droit d’ingérence » sous sa forme actuelle, promu par les tenants de l’humanitaire, comme Bernard Henry-Lévy ou autres Rony Brauman et Bernard Kouchner. Ce droit d’ingérence a tout de même permis d’atteindre quelques-uns de ses objectifs lorsqu’ils étaient purement humanitaires comme d’acheminer des vivres en cas de famine (Biafra, Somalie…) mais il a souvent échoué lorsqu’il était dirigé par des démocraties et que ses buts étaient politiques. Bien évidemment, lorsque la Chine occupe le Tibet elle ne s’en laisse pas compter par les contraintes démocratiques et arrive à y rester plus longtemps…
L’Afghanistan est maintenant face à son destin, le Sahel le sera bientôt. L’Occident va cesser, au moins pour un temps, de faire du prosélytisme en faveur de son propre mode de gouvernance. C’est aussi bien. L’argent ainsi économisé pourra être investi sans son propre processus de développement économique et ses militaires se consacrer à leurs intérêts nationaux. Nouvelle situation, nouveaux enjeux, le pire n’est jamais sûr et peut-être que l’Occident comme l’Orient s’en porteront aussi bien. Rendez-vous dans dix ans pour en reparler !
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Sauve qui peut en Afghanistan
Alors que les opérations d’évacuation des occidentaux et de leurs supplétifs d’Afghanistan se terminent sur l’aéroport de Kaboul, un attentat suicide commis ce 26 août a fait une centaine de morts dont une quinzaine de soldats américains qui en contrôlaient les accès, et de nombreux blessés. Ce massacre a été revendiqué par le groupe religieux Etat islamique qui s’avère un ennemi féroce des occidentaux mécréants, mais aussi des Talibans musulmans, sunnites également. Il existerait quelques subtilités théologiques entre ces deux groupes mais les uns et les autres s’avèrent des habitués des attentats contre leurs populations civiles et les intérêts occidentaux. Les Talibans seraient nationalistes et se contenteraient de gérer leur pays, le groupe Etat islamique serait internationaliste et chercherait à étendre ses croyances au monde entier. Les Talibans ont un drapeau blanc avec des caractères arabes imprimés en noir, l’Etat islamique a un drapeau noir avec des caractères arabes imprimés en blanc. Tout est dit !
Et là, l’observateur commence à se perdre… Mais pourquoi donc un mouvement religieux sunnite mène des opérations barbares contre un autre mouvement religieux sunnite alors que tous deux respectent les mêmes règles, celles de charia, la loi religieuse du Coran ? Sauf les spécialistes du sujet, personne n’y comprend grand-chose mais l’Etat islamique commettant des attentats suicides contre les Talibans c’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité ! Ce serait même risible s’il ne s’agissait de milliers de morts dans une population qui n’en peut mais !
Le retrait des armées occidentales de l’Afghanistan va laisser les deux idéologies sunnites face-à-face. L’avenir devrait être violent et le trafic international du pavot qui est quasiment la seule ressource du pays risque de flamber.
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Valérie Pécresse a des idées
Valérie Pécresse, l’un des candidats « de la droite et du centre » à l’élection présidentielle française de 2022 a donné quelques lignes de son programme dont celle consistant à organiser une conférence salariale avec les partenaires sociaux pour « faire progresser les salaires d’au moins 10% sans que cela ne coûte plus cher aux entreprises ». Mais comment n’y-a-t-on pas pensé plus tôt ?
Pendant qu’on y est, on pourrait aussi organiser une réunion pour « guérir les malades », une autre pour « enrichir les pauvres » et peut-être une troisième pour réchauffer la mer en Bretagne où il est toujours très pénible de se baigner ?
Une campagne électorale qui commence très fort !
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La chienlit et le gaz
On ne dit plus : « c’est la chienlit » mais « c’est un contexte gazeux » !
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Des problèmes de riches
Depuis dix-huit mois la France s’enferre dans des débats oiseux sur la nécessité de vacciner les citoyens contre la covid19 et l’aspect liberticide du principe du « passe sanitaire » destiné à limiter l’accès à des lieux publics comme les cinémas ou les restaurants aux personnes vaccinées ou non contaminées. A priori, les Français ont plutôt voté pour le vaccin puisqu’à ce jour plus de 70% d’entre eux sont désormais vaccinés. Les médias et les dîners en ville continuent néanmoins à être envahis de discussions sans fin sur le sujet, désormais doublées par des manifestations « anti-vax / anti-passe » tous les samedis dans des villes de France dont certaines se terminent régulièrement par des émeutes.
Dans le même temps, des messages publicitaires institutionnels sont diffusés plusieurs fois par heure afin de tenter de convaincre les derniers récalcitrants aux vaccins, augmentant au passage le niveau d’abrutissement de la population du fait de ces publicités incessantes et horripilantes.
Les arguments des uns et des autres sont ressassés jusqu’à la nausée et ne convainquent plus personne. Il faudra bien faire avec les opposants et gérer les risques induits par cette maladie.
Dans cet océan de fatuité, la bonne nouvelle est que nous vivons en France des problèmes de pays riches où des citoyens, des scientifiques ou des journalistes ont le temps et les moyens de parader sur des plateaux pour s’écharper sur des non-sujets pour plus de 70% de la population, tout en gardant la possibilité d’aller se faire vacciner au coin de la rue aux frais des cotisants à la Sécurité sociale. Bref, le pays a encore la capacité de financer cette immense perte de temps et d’énergie ! Cela ne va peut-être pas durer éternellement.
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Camping Paradis
On ne dit plus : un camping, mais une « Hôtellerie de Plein-Air » !
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Le jargonnage « woke » envahit même l’Afghanistan
Les religieux talibans qui ont pris le pouvoir par les armes en Afghanistan cherchent à rassurer leur peuple et la communauté internationale sur leurs intentions pacifiques. Ils se sont engagés à mettre sur pieds un gouvernement « inclusif » ! Il n’est pas sûr que ce terme soit employé avec le même entendement que celui des vedettes occidentales du discours pro-minorités…
Il reste étonnant de voir la capacité de ce discours « woke » à diffuser, même dans les lieux les plus improbables ! C’est le soft-power de ces minorités agissantes d’arriver à s’imposer partout. Compte tenu des objectifs sociétaux talibans de rétablir la charia en Afghanistan, et du sort que celle-ci réserve aux femmes, il semble peu probable que la partie féministe du discours « woke » ne s’impose véritablement à Kaboul…
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Charlie Watts est mort
Charlie
1941-2021
Charlie, le légendaire batteur des Rolling Stones depuis 1963 est mort ce matin, à 80 ans. Il précède ainsi la tournée des adieux du « plus grand groupe de rock’n’roll du monde » que la rumeur annonçait pour l’année prochaine. Le garçon a continuellement apporté stabilité et élégance au cœur de la tornade musicale et comportementale des Stones, sans jamais se mettre en avant. Régulièrement ovationné lors des concerts du groupe, il se levait modestement lorsque son nom était cité par Mick Jagger et adressait un petit sourire au public.
Evidemment, la mort annoncée des musiciens des Rolling Stones nous rappelle que la nôtre est aussi au bout du chemin. Vu leur mode de vie, il semblait pourtant improbable que Ron Wood, Mick Jagger, Keith Richards et même Charlie meurent de vieillesse dans leur lit, c’est pourtant ce qui est en train de se passer. C’est tout de même une bonne nouvelle qui nous permit de bénéficier de la création de ces enfants terribles, la bande son de plusieurs générations !
Charlie Watts, une vie bien remplie, beaucoup de bonheur distribué lors de concerts et d’enregistrements de légende : un artiste utile et bienveillant s’en est allé…
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« Un village » exposition Madeleine de Sinéty au Centre d’Art GwinZegal de Guingamp
Merveilleuse exposition de photo au centre d’art GwinZegal aménagé dans l’ancienne prison de Guingamp : Madeleine de Sinéty (1934-2011), photographe, est passée par hasard en 1974 dans le petit village breton de Poilley. Elle fut tellement séduite par ce lieu et ses habitants qui l’adoptèrent rapidement qu’elle s’y installa durant dix années et pris plus de 60 000 photos de la vie de ce bourg rural, resté un peu à l’écart de la modernité. Elle a ainsi marqué sur la pellicule une époque révolue dont les derniers contemporains, qui étaient alors des enfants, disparaissent progressivement.
Ce fonds photographique n’a jamais été trié par Madeleine avant sa disparition, et à peine montré. Ce n’est qu’en 2020 que son fils et le centre d’art GwinZegal décidèrent de monter cette exposition en extrayant environ 200 photos de cette masse dont le volume avait déjà diminué d’environ 30% par suite d’un dégât des eaux dans le lieu où elle était stockée.
Les photos exposées débordent de l’empathie et la tendresse que leur auteure éprouve à l’égard des habitants de Poilley dans tous les évènements de leur rude vie de paysans bretons. On y voit les récoltes, les cochons que l’on tue, les chevaux de trait à une époque où le tracteur était rare, les matchs de football, les crêpes qu’on lance au-dessus de la poêle, les mariages, les bals, les intérieurs très modestes que l’on imagine sans eau courante ni sanitaires, les enterrements, et il y a surtout les habitants, jeunes et moins jeunes, des gamins malicieux sur une remorque pleine de pommes, des vieux à casquettes, des femmes âgées en sabots. La bouteille de cidre ou de rouge n’est jamais loin ni l’alambic tracté passant dans le village pour fabriquer « la goutte ».
Dans une des « cellule » de la prison, une vidéo récente montre les interviews de villageois, qui étaient des gamins lorsque la photographe habitait Poilley, racontant comment elle travaillait et, surtout, combien elle avait été complètement intégrée à la vie du bourg.
Bref, une tranche de vie douce et émouvante sur la rude vie d’un petit village breton à l’intérieur des terres, avant qu’il ne soit saisi par la modernité. Le catalogue de l’exposition contient des extraits du journal tenu par Madeleine de Sinéty qui fit œuvre d’ethnologie derrière son appareil comme devant sa feuille blanche.
Le visiteur découvre à cette occasion le projet astucieux de reconversion de la prison de Guingamp en lieu culturel : https://gwinzegal.com/actualites.
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Exil afghan
Comme à l’issue de chacune de ces guerres post-coloniales (Vietnam, Angola, plus anciennement Algérie) des mouvements importants de réfugiés fuyant Afghanistan sont en cours une fois annoncé le départ de ou des puissances occupantes. Les supplétifs afghans des armées occidentales craignant les règlements de compte de la part des nouveaux dirigeants essayent d’obtenir des sauf-conduits pour être exfiltrés vers ces pays. Ils ne demandent évidemment pas à partir vers le Qatar ou les pays du Golfe Persique mais vers les pays occidentaux. Bien entendu des personnages peu recommandables vont certainement se faufiler dans ces flux de migrants comme ce fut le cas lors de la crise migratoire syrienne de 2015, c’est inévitable et même les critères de sélection les plus exigeants ne pourraient les identifier quant on voit les conditions dans lesquelles se déroule cette fuite éperdue de certains Afghans de leur pays.
La vengeance des vainqueurs et l’exil des vaincus sont des conséquences vieilles comme le monde de ce type de conflits. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il ne faut pas les mener. La France, hélas, est passée par ces malheureuses étapes comme vainqueur et comme vaincue. En 1944-1945 après la défaite de l’Allemagne, une épuration extra-judiciaire aurait fait environ 10 000 morts exécutés sommairement, surtout par des résistants dont certains n’avaient de « résistant » que le nom mais songeaient plutôt à régler des comptes personnels ou à s’approprier les biens des fusillés. Pendant ce temps, en septembre 1944, le maréchal Pétain, accompagné de dirigeants vichystes, partait s’exiler à Sigmaringen, une enclave française spécialement crée en Allemagne par les Nazis pour accueillir les derniers « collabos ». En avril 1945, la défaite totale de l’Allemagne mit fin à cette fiction et Pétain se livra aux nouvelles autorités françaises. Condamné à mort par la justice républicaine il fut gracié ce qui n’a pas été le cas de nombre de ses collègues (Déat, Darnan, Luchaire…). Beaucoup d’intellectuels qui avaient pactisés avec l’ennemi choisirent aussi l’exil à la Libération, comme Céline, ou furent condamnés à mort et exécutés (Brasillach, …). Drieu la Rochelle quant à lui s’est suicidé alors qu’il allait être arrêté.
A peine dix ans plus tard la France perd sa guerre coloniale d’Indochine à la bataille de Diên Biên Phu en mai 1954 et quitte piteusement ses colonies asiatiques. Hélie Denoix de Saint Marc, ancien déporté, officier de la Légion étrangère, racontera comment ses hommes durent repousser durement leurs supplétifs Hmong qui, comprenant que les troupes françaises allaient les abandonner, s’accrochaient désespérément à leurs camions.
Et encore moins de dix ans plus tard, l’histoire se renouvelait en Algérie où la France, après sa défaite matérialisée dans les « accords d’Evian » laissa sur place une grande partie de ses supplétifs, les « harkis » qui furent massacrés par l’Algérie indépendante souvent après d’atroces tortures. La partie algérienne qui s’était engagé à ne pas mener de représailles physiques contre ces harkis n’a pas bien entendu respecté ses engagements. Les historiens estiment qu’entre 60 et 80 000 furent tués pendant qu’environ 40 000 furent accueillis en France. Ce fut d’ailleurs l’un des motifs pour lesquels des officiers comme Denoix de Saint Marc participèrent au putsch d’Alger en 1961, se refusant à abandonner une nouvelle fois ceux qui avaient combattu à leurs côtés.
Après la retraite américaine du Vietnam en 1975, les sud-vietnamiens pro-occidentaux qui n’ont pas pu émigrer aux Etats-Unis d’Amérique ont passé quelques années dans les camps de rééducation communistes dont certains n’y ont pas survécu. On se souvient des images des grappes de réfugiés accrochés aux hélicoptères US qui n’arrivaient même plus à se poser sur le toit envahi de l’ambassade américaine. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce sont aujourd’hui plus ou moins des scènes similaires que l’on voit sur l’aéroport de Kaboul.
Evidement, chacun voit midi à sa porte et est persuadé que la guerre qu’il mène est la bonne. Si peu de monde fut en faveur des puissances de l’Axe défaites en 1945 (mais il y en eut quand même), les guerres de décolonisation et post-coloniales ont entraîné des attitudes très partagées de la communauté internationale. C’est d’ailleurs peut-être la raison principale pour laquelle elles se sont toutes terminées en faveur des pays occupés par des forces étrangères, quelles que soient les raisons de cette occupation. L’expérience en cours de l’OTAN en Afghanistan, après celle des Soviétiques dans les années 1980, montre une fois encore l’inutile et dangereuse prétention qu’il y a à vouloir changer un pays contre l’avis de la majorité de sa population. Cette dernière l’emporte quasiment systématiquement, et malheur alors aux minorités !
La France doit méditer cette histoire pour son combat militaire en cours au Sahel auquel il va falloir mettre fin un jour, et le plus vite sera le mieux. Il restera ensuite le cas du Tibet occupé par la Chine mais la puissance et les méthodes de cette dernière rendent peu probable sa résolution à court terme. Il n’est toutefois pas exclu que la sinisation de cette région menée à marche forcée par Pékin échoue, un jour, face à la résistance acharnée des Tibétains.
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Vous avez aimé Saigon, vous adorerez Kaboul ! Une nouvelle défaite de l’occident en Asie.
Ça y est : le mouvement religieux des « Talibans » (voulant dire « étudiants en religion ») a pris le pouvoir en Afghanistan, quasiment sans combattre, du fait de la peur qu’ils inspirent, de la complète démotivation des forces de sécurité de ce pays aux confins de l’Asie et du soutien d’une partie de la population opposée à l’occupation étrangère du pays depuis des décennies : des anglais aux troupes de l’OTAN en passant par les soviétiques !
En réalité, l’armée afghane n’a pas vraiment combattu contre les rebelles religieux voulant réinstaurer leur pouvoir sous l’ombrelle de la « charia », la loi du Coran. La dernière occupation étrangère qui vient de se terminer a été menée par les Etats-Unis d’Amérique en 2001 après les attentats terroristes religieux de New-York qui avaient consisté à faire écraser en même temps quatre avions de ligne et leurs passagers sur le territoire américain, un sur chacune des tours jumelles du « World Trade Centrer » de New-York qui se sont effondrées sous le choc, un sur le ministère de la Défense à Washington, le « Pentagone » et le dernier qui était probablement destiné à la Maison Blanche mais qui s’était écrasé dans une forêt, sans doute suite au mouvement de révolte des passagers. Les Etats-Unis avaient alors déclenché la clause de la charte de l’OTAN prévoyant la solidarité des pays membres en cas d’attaque d’un des leurs. Les forces militaires envoyées sur place avaient alors défait assez rapidement le régime taliban qui abritaient le mouvement terroriste religieux Al-Qaïda et son chef, Ben-Laden, qui avaient commis et revendiqué cet attentat d’un nouveau genre qui a fait plus de 3 000 morts.
Les religieux talibans, outre leur soutien au terrorisme international, avaient instauré entre 1996 et 2001 dans leur pays un strict régime islamique particulièrement contraignant pour les femmes et relevant d’un autre âge : interdiction de la musique, destruction d’œuvres artistiques dont les Bouddhas monumentaux de Bâmiyân, lapidation des femmes adultères, coupages des mains de voleurs, décapitation des criminels en place publique, etc. Ils annoncent leur intention de réinstaurer rapidement ces pratiques.
Comme souvent en ces circonstances, après sa victoire militaire en 2001 l’Occident s’était alors mis en tête de « démocratiser » ce pays en y instaurant sa vision de l’Etat. Comme toujours à l’est de la ligne Oder-Neisse, cette ambition s’est révélée un fiasco et, à la fin, aboutit au retrait piteux des occidentaux. Le parallèle avec la défaite et le retrait des Etats-Unis au terme de la guerre du Vietnam est troublant.
Le plus étonnant dans ces affaires n’est pas tant la défaite idéologique mais la constance avec laquelle les pays occidentaux s’ingénient à vouloir « faire le bien » autour d’eux en diffusant leurs conceptions de l’Etat à des populations qui n’en veulent pas vraiment et qui sont à mille lieux d’en accepter les contraintes. Cela n’a pas fonctionné durant la période coloniale, ni la période dé-coloniale, et cela ne semble pas plus adapté de nos jours.
Cerise sur le gâteau, les talibans qui avaient forgé leur unité à l’aune de la lutte antisoviétique dans les années 1980 auraient informé Moscou que ses diplomates ne seront pas inquiétés après la prise du pouvoir. La Chine les avait déjà reçus en grande pompe à Pékin avant même leur installation à Kaboul. Les autres pays sont en train d’évacuer leurs ressortissants en catastrophe ainsi que leurs affidés locaux pour leur faire échapper à la vengeance talibane.
Lire aussi : https://rehve.fr/2020/03/un-accord-de-papier/
Ce nouvel échec sociétal et militaire occidental en Orient doit véritablement pousser à abandonner cette idée de croisade idéologique pour la promotion de la démocratie partout sur la planète, y compris par la force des armes. Ce qui se passe aujourd’hui à Kaboul, comme hier à Saigon et Bagdad ou en ce moment dans le Sahel, montre que cela ne marche pas, quels que soient le contexte ou le lieu. La démocratie est un mode de gouvernance européen, inventé par les Grecs, enrichi par Rousseau et Tocqueville et pratiqué en occident, majoritairement en Europe et en Amérique du Nord. La plupart des autres continents ne marquent pas un grand intérêt pour la démocratie, les élections, les droits de l’homme et tout ce qui va avec. Et même en occident certaines vieilles démocraties oublient un peu leurs principes fondateurs : partout des partis extrémistes gagnent du terrain.
Même si des minorités de ces pays, souvent éduquées en occident ou sur des principes occidentaux, marquent un intérêt pour ce système, elles n’arrivent pas à convaincre la majorité de leurs concitoyens de leur point de vue. En Afghanistan l’Union soviétique a tenté d’instaurer le communisme pendant une guerre de 10 ans, l’OTAN a essayé d’insuffler la démocratie avec une guerre de 20 ans et ce sont des religieux qui finalement emportent le morceau pour y installer la Charia. Alors pourquoi ne pas laisser faire les choses comme elles doivent se faire plutôt que de dépenser des ressources humaines et financières considérables pour aboutir à des désastres comme ce qu’il est train de se passer en Afghanistan ?
Tant que les démocraties existent en occident, qu’elles défendent leurs intérêts et répondent au besoin par les armes à toute agression venant de l’extérieur comme ce fut fait en 2001 en Afghanistan, mais qu’elles cessent de croire résoudre les problèmes des autres en leur imposant une gouvernance dont ils ne veulent pas.
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Au Grand Balcon à Toulouse
Dans les chambres de l’Hôtel du Grand Balcon erre l’âme de Saint-Exupéry dont la chambre n°32 donnait sur la place du Capitole. Mermoz occupait la n°20.
Crée dans les années 1920 par Pierre-Georges Latécoère à Toulouse, la Compagnie générale aéropostale avait pour mission de transporter le courrier aérien à travers l’Atlantique et le sous-continent sud-Américain. Ainsi naquit l’une des plus formidables aventures aéronautiques racontée, notamment, dans certains romans d’Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944), célèbre écrivain et l’un des pilotes de l’Aéropostale, mais aussi par Joseph Kessel (1898-1979), autre écrivain-aventurier, grand ami de Mermoz (1901-1936) dont il écrivit la biographie. Le Grand Balcon à Toulouse était le camp de base de cette folle épopée dont beaucoup des acteurs moururent en vol pour faire passer le courrier coûte que coûte, sous les ordres du sévère Didier Daurat (1891-1969), directeur de l’exploitation de la compagnie.
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