Le film d’horreur qui a obtenu la Palme d’Or au dernier festival de Cannes : une gamine se fait greffer un bout de titane dans le cerveau pour la sauver à la suite d’un accident d’automobile, et tout va déraper. A la recherche de son père absent elle va en trouver un de substitution qui, lui, cherche un fils disparu. Quelques assassinats plus tard, elle expire en accouchant d’un bébé moitié titane moitié humain…
Le spectateur émotif s’accroche à son siège et doit fermer les yeux lors de certains passages particulièrement dérangeants. La réalisatrice Julia Ducournau semble une femme plutôt « originale », le résultat est film primé, dérangeant et complètement « barjot ».
La Bourse du travail de Toulouse rend hommage dans son hall d’entrée à Georges Séguy (1927-2016), ex-secrétaire général du syndicat CGT. Né à Toulouse, fils de cheminot syndicaliste CGT, militant communiste, il est embauché durant la dernière guerre mondiale dans une imprimerie qui travaille clandestinement pour la résistance. Dénoncé, il est arrêté en 1944 avec tous ses collègues puis déporté à Mauthausen. Il en survit. Après sa libération il est embauché à la SNCF, adhère au parti communiste français et progresse dans la hiérarchie syndicale de la CGT dont il deviendra secrétaire général de 1967 à 1982, y compris donc durant les émeutes de l’année 1968.
A l’occasion du recrutement hier d’un fouteballeur surpayé par un club plus ou moins parisien, le PSG (Paris-Saint-Germain), le nouveau maillot aux couleurs de la recrue a été imprimé dans la nuit et mis en vente aujourd’hui pour 157,99 EUR version homme et 107,99 EUR version femme. Des citoyens ont passé la nuit sur les Champs Elysées devant la boutique commerciale du PSG pour être sûrs d’obtenir leur objet culte dans les premiers. A cette heure, l’article est déjà en rupture.
Il est rassurant, en ces temps de crise sanitaire et économique, de constater d’abord que ce n’est pas la crise pour tout le monde, et qu’il existe des admirateurs de foute capable de dormir sur le trottoir pour un maillot de pousseur de baballe. Un citoyen porteur du maillot PSG à 157,99 euros sera un citoyen heureux qui, peut-être, n’ira pas balancer des pavés dans les vitrines des banques. Quoi que…
Il s’agit du grand roman d’un auteur magnifique : Romain Gary (1914-1980) émigré russe à la personnalité flamboyante, naturalisé français en 1935, aviateur (observateur-mitrailleur sur bombardier) durant la seconde guerre mondiale, rallié au Gn de Gaulle parmi les premiers, fait compagnon de la libération, écrivain prodigue (anglophone et francophone) qui réussira à obtenir deux fois le prix Goncourt, dont une sous le pseudonyme d’Emile Ajar, diplomate français à Los Angeles, époux de Jean Seberg étoile de la Nouvelle Vague cinématographique (elle est l’héroïne du film « A bout de souffle » de Godard), fils chéri d’une mère à qui il dédiera l’une des plus belles œuvres hommage à une mère, « La promesse de l’aube », mais un homme avec sa part d’ombre qui mit fin à ses jours en 1980, moins d’un an après le suicide de Jean Seberg dont il était resté très proche malgré leur divorce. Bref, un homme aux multiples vies qui reste le héros des boomers n’ayant pas osé se rebeller ni su écrire…
Ce roman écrit en 1956 parle de l’Afrique et de la défense de la nature, celles des éléphants, plus précisément. Dans une courte préface Gary laisse à l’imagination du lecteur le soin de déterminer si les éléphants sont une allégorie de la liberté et de la tolérance ou plus simplement la cause animalière qu’il veut défendre. Qu’importe, chacun y trouvera ce qu’il cherche à travers les aventures extraordinaires de personnages typiques de ceux que l’on rencontrait encore avant les indépendances : Africains révolutionnaires, tribus ancestrales, corses mafieux, affairistes chasseurs de grand gibier, religieux prosélytes, trafiquants de tous ordres, administrateurs coloniaux et quelques originaux sans doute incapables de vivre dans leurs continents d’origine comme Morel, le héros de ce livre.
Morel s’est mis en tête de mettre fin aux chasses-massacres des troupeaux d’éléphants par des blancs venus se « détendre » et, au passage, s’enrichir du commerce de l’ivoire. L’administration coloniale le soupçonne d’utiliser la cause de la défense de ces animaux pour couvrir un combat politique en faveur des indépendances africaines. Nous sommes en 1956 et les revendications commencent à poindre. Avec la tranquille assurance de celui qui a connu les camps de travail allemands pendant la guerre de 1939/1945, Morel est passé à la clandestinité. Pour la cause il va administrer quelques leçons aux coloniaux-chasseurs et arrivera même à en convaincre certains ce qui lui permet de passer au travers des mailles du filet tendu par le gouverneur de l’Afrique équatoriale française. Son charisme et son combat séduisent, son désintéressement laisse incrédules nombre des acteurs de cette époque qui s’essoufflent à le poursuivre pour de bonnes et de mauvaises raisons.
Parmi ceux-ci, Minna, une jeune allemande, rescapée de Berlin après la reddition de la ville en 1945, prostituée par son oncle dans la cité dévastée, amoureuse d’un officier soviétique qui sera exécuté par la police politique stalinienne : elle rejoint l’Afrique pour oublier et se joint au combat de Morel comme rédemption des crimes allemands. Elle le suivra presque jusqu’au bout de ses forces physiques.
« Là où il y a les éléphants, il y a la liberté… » clame Morel pour faire valoir la légitimité de son combat face aux mirages évoqués par les coloniaux, les anticoloniaux, les administrateurs, les rêveurs, les affairistes et les trafiquants. Et il se retrouve sur ce terrain avec les tribus qui fondent l’Afrique profonde, mangent de l’éléphant pour se nourrir et ne savent même pas ce qu’est l’indépendance.
Waïtari, l’ancien député français (l’Union française instaurait « l’égalité » entre les citoyens des colonies et ceux de la métropole, et donc l’accès des « indigènes » aux postes de responsabilité politique à Paris) revenu sur son continent pour y mener le combat de l’indépendance, pétri de sa vision marxiste de l’Histoire qui le fait se heurter à l’inertie des peuples primitifs de son pays qui ne comprennent pas le concept du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ».
Fields, le photographe américain, façon Denis Hopper dans « Apocalypse Now », qui suit Morel et ses éléphants avec fascination dans l’attente de la photo ultime de son héros après celles qu’il prit en rafales des éléphants dont Waïtari lança le massacre à grande échelle dans le Kiru pour délégitimer Morel et financer sa « révolution » avec la vente de l’ivoire.
Forsythe, l’ancien militaire américain de la guerre de Corée, prisonnier manipulé par les communistes nord-coréens et considéré comme un traître dans son pays, en exil au Tchad, amateur d’Afrique et de la dive bouteille.
Gary construit son récit autour de tous ces incroyables personnages et sa connaissance de l’Afrique acquise au cours de son séjour sur ce continent durant la seconde guerre mondiale comme il le raconte dans « La promesse de l’aube » paru en 1960. Après être affecté à Bangui en avril 1941 où il croisera le Gn de Gaulle venu visiter les colonies africaines qui avaient fait allégeance au chef de la France libre, il ira à Khartoum (Soudan) puis Fort-Lamy (Tchad), les trois pays d’Afrique centrale où se déroule le roman.
Au-delà de l’aspect écologique du livre, Gary utilise ici le pouvoir de la fiction pour donner sa vision politique d’une Afrique qui s’achemine vers la période troublée des indépendances. Avec une grande finesse d’analyse il détaille toutes les contradictions qui s’emparent alors de cette Afrique colonisée tiraillée entre les idéologies actives de la guerre froide, totalitarisme et libéralisme, le mouvement naissant des « non-alignés », la défaite française en Indochine, la guerre naissante en Algérie, et les tribus locales baladées au gré des intérêts des uns et des autres. Il place dans les mots de ses personnages les positions défendues à l’époque sur le sujet colonial tout en anticipant que ce système est moribond.
Et il le fait à travers des scènes hallucinantes comme celle de la grande fuite de Morel et de sa bande, à cheval, à travers la brousse ravagée par la sécheresse, à la poursuite des éléphants venus se désaltérer dans le dernier lac où subsiste encore un peu d’eau. Celle aussi du massacre de ces éléphants autour du lac, déclenché par Waïtari pour des motifs idéologiques. La fin du roman laisse Morel partir vers son destin et poursuivre son combat, sans doute au Soudan, une croix de Lorraine accrochée autour du cou. Certains chapitres au milieu de l’œuvre ont fait allusion au procès qui s’est ensuite tenu en présence de ses compagnons mais sans que Morel eut été attrapé. On dirait que les peines n’ont finalement pas été trop sévères à l’encontre de ces révolutionnaires romantiques œuvrant au cœur de l’Afrique équatoriale française alors que le crépuscule est en train de tomber sur les empires coloniaux.
Quelle roman ! Quelle puissance évocatrice, de la nature, des idées et des sentiments ! Quel auteur mythique que ce Romain Gary dont le nom russe véritable est Roman Kacew : « Gary » signifie « brûle ! » (à la 2e personne du singulier à l’impératif) en russe. Romain Gary, un véritable héros.
Saint-Corentin fut l’un des sept saints désignés par la théorie religieuse comme fondateurs de la Bretagne catholique. Ils seraient venus du Pays de Galles et de Cornouailles aux Vème et VIème siècles.
On ne dit plus une « gare ferroviaire » mais un « pôle d’échanges multimodal » ! Vous prenez une gare SNCF de sous-préfecture, vous y accolez la station de cars qui était installée 100 mètres plus loin, vous construisez un parking à bicyclettes, vous ajoutez un WiFi gratuit et hop! le tour est joué vous vous retrouvez avec un « pôle d’échanges multimodal » pour pas cher et vos élus montrent leur constante vision pour un avenir moderne et connecté. On vit vraiment une époque formidable.
Les contestataires de la politique sanitaire ont relancé les manifestations du samedi qui avaient animé nos années 2018 et 2019, tournant régulièrement aux émeutes urbaines. Ils défilent par dizaines de milliers depuis les samedis de ce mois de juillet en criant leur opposition au vaccin, au « pass sanitaire » et à la « dictature » qui se mettrait en place en France. Au passage, avec une grande subtilité, certains taguent des croix gammées sur des centres de vaccination ou les incendient, d’autres arborent des étoiles jaunes en référence à celles imposées aux juifs durant la dernière guerre mondiale. Encore un drame de la bêtise.
Avec une régularité de métronome de nouveaux variants plus contagieux apparaissent et l’épidémie repart, en France comme ailleurs. Les chiffres montrent de façon assez logique que les foyers réapparaissent en ce moment là où se trouvent les foules sur leurs lieux de vacances. Campings et boîtes de nuit sont les endroits privilégiés où le virus se déchaîne. Il apparaît que le vaccin n’empêche pas d’attraper la maladie mais, au moins, protège de ses formes les plus graves. La loi des nombres fait que les hôpitaux se remplissent de nouveau sans que cela ne perturbe le moins du monde les râleurs. Certaines régions sont déjà débordées, évacuent des malades, rétablissent des mesures sanitaires (confinement, couvre-feu, etc.). C’est la mobilisation !
Les manifestants d’aujourd’hui, comme les émeutiers de 2019, ne répondent plus ni aux chiffres ni à la raison mais seulement à leur intérêt personnel et leur volonté de rejeter de tout ce qui vient d’un pouvoir central. Heureusement ils sont minoritaires mais, comme lors de émeutes de 2019, ils sont bruyants. Si la France était réellement la dictature dont ils se plaignent, leur sort serait vite réglé. Mais la démocratie ne sait pas vraiment gérer ce type de contestataires alors ils continuent à nuire et quelques hommes politiques à la dérive des sondages se raccrochent à ces branches inattendues pour souffler sur les braises :
En réalité, l’individualisme de cette population mériterait d’être traité en conséquence, par exemple en déremboursant les frais médicaux de traitement de la Covid si le patient n’est pas vacciné… C’est évidemment impossible, mais toucher les gens au portefeuille est généralement une méthode efficace et une excellente pratique pour leur faire assumer leurs actes.
A défaut de pouvoir réduire ces râleurs systématiques, il va falloir les supporter. Alors advienne que pourra, la France est comme elle est et, a priori, fort peu disposée à évoluer. C’est ainsi.
Un beau film de la réalisatrice chinoise Chloé Zhao (vivant aux Etats-Unis d’Amérique) sur ceux que le chagrin et le vide poussent sur la route : on suit les pérégrinations de Fern qui, après la mort de son mari et la fermeture de son usine, part crapahuter dans le pays aux commandes de son van dans lequel elle habite. C’est une histoire de « route », une histoire de fuite, une histoire d’exil… Elle croise la communauté hétéroclite de ses coreligionnaires vivant de petits boulots durant des étapes plus ou moins longues au cœur de l’Amérique profonde, mais toujours reprenant la route comme attirés par le néant magnifique des grands espaces pour absorber une peine ou, tout simplement, résoudre leur besoin de liberté, tous unis par leur slogan :
I’ll see you down the road!
Le film est lent, méditatif comme il sied à ce sujet. Les paysages américains se prêtent merveilleusement à cette balade mystique au milieu de nulle part mais où se retrouve le personnage de Fern, toujours un peu perdue dans ses pensées, bienveillante et accrochée à sa solitude, très bien interprété par Frances McDormand.
Parmi les moulte récriminations avancées par les contestataires systématiques de la politique sanitaire actuellement menée en France figure celle d’une supposée absence de pédagogie sur la nécessité de se faire vacciner contre la Covid19 qui serait préférable au fait de rendre cette vaccination obligatoire.
On se demande quelles sources d’information fréquentent ces pleureuses car il est tout de même difficile d’échapper à la communication abrutissante sur la nécessité de se faire vacciner. Il y a les messages publicitaires gouvernementaux diffusés plusieurs fois par jour et jusqu’à l’écœurement sur les radios, les débats sans fin sur la Covid occupant les chaînes de télévision d’information en continue depuis un an et demi avec des pros et des antivaccins, les interventions journalières d’au moins un ministre sur les ondes ou dans les journaux sur ce même sujet, certains d’entre eux s’expriment également sur les réseaux dits « sociaux » pour toucher une audience plus jeune… bref, il est tout de même difficile d’échapper à cette communication invasive et bêtifiante qui a tout de même tendance à prendre les auditeurs pour du bétail bon à avaler du message publicitaire, du « temps de cerveau disponible » selon la célèbre et cruelle assertion de l’ancien pédégé de TF1 après sa privatisation.
On peut être opposé au message diffusé mais il semble osé d’en critiquer l’inexistence. D’ailleurs, les citoyens refusant de se faire vacciner semblent parfaitement informés de l’incitation officielle au vaccin mais en conteste simplement la nécessité. Le message vient du gouvernement donc on s’oppose.
La recrudescence en cours de l’épidémie, la « quatrième vague », touche plus gravement les zones sous-vaccinés comme les départements d’outre-mer et la clientèle accueillie dans les hôpitaux est majoritairement non-vaccinée. Mais qu’importe les chiffres, il va être difficile de convaincre le dernier carré de ces « rebelles » de circonstance.
Un film de Verhoeven un peu voyeur, un peu provocant, un peu sanguinolent… peu intéressant, basé sur une histoire vraie est-il annoncé sur le générique du début ; nous suivons au XVIème siècle les mésaventures d’une nonne régulièrement saisie par le démon qui la plonge dans le stupre lesbien et le mensonge avant que Jésus ne la reprenne sous son aile protectrice en la ramenant au remord et à la prière. Tout y passe, les stigmates de la crucifixion, une statue de vierge transformée en godmiché, la voix de Dieu sortant de la bouche de Benedetta, les amours saphiques sous les arches du couvent, les visions d’un Dieu immaculé venu sauver la pécheresse, le bucher des sorcières, la peste rédemptrice…
On pense plus aux scènes de masturbation simulée il y a quelques années par Madonna sous un crucifix dans ses concerts sur Like a Virgin qu’à un film sur la vie austère dans un couvent italien dans les années 1500, d’autant plus que les dialogues sont parfaitement contemporains. Mais après tout, il doit arriver parfois que les nonnes pèchent ce qui est censé exciter le spectateur, du moins est-ce le pari du réalisateur. Un film dispensable.
Une abbaye construite au XIIIème siècle, entre mer et forêt, aujourd’hui en limite de la ville de Paimpol, fermée à la Révolution puis privatisée elle est finalement rachetée en 1992 par le sympathique Conservatoire du littoral, œuvrant pour préserver les côtes françaises. Ce sont 100 ha de milieux maritimes et terrestres avec des vergers, des bois, des arbres centenaires. Les moines se consacraient à la prière mais il fallait bien vivre aussi. Une cuvée de cidre est toujours pressée avec les variétés présentes de pommes anciennes. Les bâtiments subsistants de style gothique ont été restaurés mais laissés en l’état et accueillent visiteurs et évènements culturels tout au long de l’année.
Août 1944, les alliés enferrent les troupes allemandes dans la « poche de Falaise », entre Argentan et Vimoutiers en Normandie. Le débarquement a commencé sur les plages le 6 juin 1944 et les libérateurs se dirigent vers l’Est, ils atteindront Berlin presqu’un an plus tard, et vers l’ouest breton d’où ils délogeront les troupes allemandes tapies dans les derniers ports qu’elles tiennent.
Après de gros efforts et des pertes importantes, les troupes alliées sont parvenus à s’extraire des plages du débarquement. Du 6 au 13 août elles font face à une contre-offensive allemande vers Avranches pour tenter de couper les lignes américaines. C’est un échec et les allemands sont enfermés dans la « poche de Falaise » que domine la colline sur laquelle est établi le musée, la côte 262 nord sur le mont Ormel. 50 000 soldats ennemis seront faits prisonniers, 10 000 seront tués mais une partie des divisions blindées SS parviendra à s’échapper pour fuir vers la Seine. La colline est tenue par la 1ère division blindée polonaise du général Maczek qui aura un comportement héroïque et à qui est dédié ce mémorial. Ce sera le dernier gros affrontement de la bataille de Normandie. La suite mènera à la jonction des alliés avec l’armée rouge à Berlin et la reddition de l’Allemagne nazie
Le musée du Mémorial a été rénové en 2019. Les batailles sont présentées avec des animations vidéo. Un film fait parler les vétérans, y compris un ancien officier SS… Et les spectateurs terminent la visite dans une vaste rotonde qui domine les lieux où se déroula la bataille, aujourd’hui calmement occupés par les vaches dans les champs. Des photos d’époque sont exposées au pied des baies vitrées rappelant le chaos que fut cette zone bombardée jour et nuit par l’aviation et l’artillerie. On y voit un enchevêtrement de cadavres de soldat, de blindés et de matériels pulvérisés, de chevaux morts. Le passage encore ouvert dans cette nasse par lequel fuyaient les troupes allemandes fut baptisée « le couloir de la mort ». La côte 262 et les soldats polonais qui la tenaient étaient aux premières loges. Visitant les lieux, le général Eisenhower les qualifiera de « l’une des plus grandes tueries de la guerre ».
Après la guerre, la Pologne communiste retirera sa nationalité au général Maczek car il combattit les bolchéviques lorsque ceux-ci se partageront la Pologne avec les nazis en application du pacte Après la guerre, la Pologne communiste retirera sa nationalité au général Maczek car il combattit les bolchéviques lorsque ceux-ci se partageront la Pologne avec les nazis en application du pacte germano-soviétique de 1939. Il resta exilé au Royaume-Uni, ne reçut aucune rémunération/retraite de Londres, et encore moins de Pologne. Il travailla notamment, comme serveur dans un bar d’Edimbourg où certains clients se mettaient au garde-à-vous devant lui. C’est seulement en 1989, après la chute du Mur de Berlin que le dernier gouvernement polonais lui présentât des excuses publiques et le rétablit dans sa citoyenneté polonaise. Il est mort à Édimbourg en 1994 à 102 ans.
La cathédrale de Lisieux expose le parcours de Thérèse (1873-1897), l’héroïne locale, nommée en religion « sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face » et dont les écrits publiés après sa mort en ont fait une mystique reconnue par des lecteurs du monde entier avant d’être élevée au rang de sainte. Elle est la cadette d’une famille très pieuse qui aura neuf enfants dont quatre décéderont en bas âge, et les cinq restantes, toutes des filles, seront carmélites.
Supposée guérie par « le sourire de la Vierge » à 10 ans alors que son état de santé désespérait les médecins, elle va ensuite de révélation en révélation à chaque étape de sa vie de plus en plus religieuse jusqu’à son entrée au Carmel en 1888, à 15 ans à peine. Ce fut ensuite une vie entière consacrée à la prière, à l’amour de Dieu et, plus inattendu, à l’écriture de sa vie de dévotion et des états de son âme, de cantiques, d’innombrables correspondances et de poèmes.
Ses écrits vont inspirer nombre de croyants et d’intellectuels à travers le monde, son livre « Histoire d’une âme » aurait été vendu à 500 millions d’exemplaires. Elle sera nommée « docteur de l’Eglise » en 1997, un titre réservé aux hommes et aux femmes dont l’autorité est particulièrement reconnue dans le domaine de la théologie.
On reste plutôt sidéré devant une telle dévotion à une époque pas si éloignée, c’était la fin du XIXème siècle. Les photos d’elle montrent un visage plutôt angélique, corseté dans l’uniforme du Carmel. Cette conquête de l’inutile à laquelle elle a dédié chaque instant de sa courte vie semblait l’épanouir. Après tout, c’est aussi bien !
La réalisatrice ayant emporté la Palme d’Or au festival de cinéma de cannes a déclaré en recevant son prix :
[merci de] reconnaître avec ce prix le besoin avide et viscéral qu’on a d’un monde plus inclusif et plus fluide. Merci au jury d’appeler pour plus de diversité dans nos expériences au cinéma et dans nos vies.
Traduit en français, ce vocabulaire fait référence au monde LGBTQIA+[1], le « fluide », et aux minorités de tous ordres (raciale, féministe, « décolonialiste », etc.), le « inclusif ». Cette réalisatrice donne en plein dans le jargonnage à la mode « woke », anglicisme désignant la nécessité d’être éveillé et combatif face au sort peu enviable des « minorités ».
Félix/Charlie Hebdo (14/07/2021)
Le film primé, « Titane », est assez étrange semble-t-il, mêlant sexualité, machines et délires variés. On est impatient de le découvrir en salle !
[1] Lesbien-Gay-Trans-Queer-Intersexe-Asexuel-plus tout ce qui n’est pas hétérosexuel et non encore identifié ou qualifié
Les Français râleurs se distinguent ce dimanche où plusieurs milliers de personnes ont défilé dans le pays pour exprimer leur refus de se faire vacciner contre le coronavirus actuel tout en exigeant de pouvoir bénéficier des mêmes accès aux lieux publics que leurs concitoyens qui ont reçu ce vaccin. Il est question que le personnel médical soit obligé de se faire vacciner dans un projet de loi en cours de discussion, sous peine de licenciement. Par ailleurs, un « passe sanitaire » serait mis en œuvre pour accéder à certains lieux publics attestant soit de la vaccination, soit d’un test négatif pour entrer dans ces lieux. Du coup, dans les 24h qui ont suivi l’annonce de ces mesures le 12 juillet, ce sont deux à trois millions de citoyens qui se sont précipités pour prendre un rendez-vous vaccinal.
Les opposants au vaccin appartenant au corps médical défilent sur les plateaux médiatiques pour expliquer qu’ils préfèrent changer de métier plutôt que d’accepter de se faire vacciner pour continuer à exercer dans le secteur médical. C’est un chantage relativement classique entre employés et employeurs. Le futur gagnant n’est pas facile à désigner d’avance. Cela dépendra de la capacité du personnel contestataire à accéder à d’autres métiers et celle des employeurs d’établissement de santé à recruter rapidement du personnel soignant pour remplacer d’éventuels départs. Malgré le surcroit d’activité de ce personnel dû à la crise sanitaire il semble que les candidatures aux écoles d’infirmières soient largement supérieures à l’offre actuelle. Si une partie des opposants aux vaccins appartenant au corps médical décidaient de la quitter, ils devraient être remplaçables.
Tous les opposants au principe du vaccin comme à celui du « passe sanitaire » ont défilé aujourd’hui dans les rues de France pour appeler à lutter contre la « dictature sanitaire ». Certains, avec une grande subtilité, se sont référés à l’étoile jaune que portaient les juifs en France pendant l’occupation allemande… Des centres de vaccination ont été vandalisés ou incendiés.
Les Français râlent et contestent comme à leur habitude. Lorsque les vaccins n’étaient pas encore disponibles pour tous ils criaient à la « pénurie » et à « l’incompétence des gouvernants incapables de protéger la population ». Maintenant que les approvisionnements sont suffisants, ils ne veulent plus du vaccin. Peut-être faudrait-il recréer la pénurie pour convaincre tout le monde ?
En fait, comme souvent dans notre beau pays, une minorité agissante et excessive tient le haut du pavé, occupe les plateaux télévisés et emporte le soutien de politiciens à la dérive qui espèrent retrouver les suffrages d’électeurs. Tout ceci devrait passer avec le temps et une majorité de Français vont finalement être vaccinés. L’avenir dira si cela sera suffisant ou pas pour contenir une épidémie pour l’instant non maîtrisée… et les citoyens continueront à critiquer leurs gouvernants quoi qu’il se passe et à ne pas se rendre dans leurs bureaux de vote lorsqu’on leur propose de s’exprimer. Ainsi va la vie dans l’hexagone.
Nat, agent de la Couronne britannique sur le retour, se réinstalle à Londres après une vie de bons et loyaux services secrets, plutôt spécialisés dans l’endiguement du communisme. Plus ou moins orienté sur une voie de garage professionnelle, il croit pouvoir y attendre une retraite paisible en se consacrant un peu que par le passé, à sa femme avocate aux idées progressistes et sa fille idéaliste.
Que nenni, il sera rapidement aspiré dans une nouvelle affaire d’agent double anglais qui le ramènera sur les chemins troubles de l’espionnage dans un Royaume Uni en plein Brexit. Mais ayant acquis plus de sagesse et d’expérience, l’agent double en question lui rappelant l’idéalisme de sa fille et se mariant avec une ex-agent de son service au charme de laquelle il n’est pas insensible, il va les exfiltrer pour qu’ils échappent ainsi à la justice de leur pays, au moins dans un premier temps.
Les ressources humaines des espions britanniques se sont doublement trompés sur l’agent-double et sur Nat, l’idéalisme et la bienveillance ne faisant sans doute pas assez partie de leurs grilles d’analyse des personnalités recrutées…
Le Carré (1931-2020), lui-même ancien membre des services secrets, raconte toujours avec la même verve des histoires d’espions dont on suppose qu’elles puissent traduire la réalité au vu de l’expérience professionnelle de son auteur. Sans doute les vrais scénarii sont un peu moins haletants et un plus bureaucratiques, mais les combats décrits sont eux certainement réels, et sans doute éternels.
Cerise sur le gâteau, l’objet de tous ces retournements d’agents secrets dans le roman est une alliance entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni (en plein Brexit) pour couler l’alliance commerciale des pays restant dans l’Union européenne en échange d’un accord commercial préférentiel entre Londres et Washington. On ne peut pas complètement exclure qu’une telle tentative existe…
C’était le dernier d’une longue série de romans de le Carré qui décède en 2020, l’année de sa publication, d’une pneumonie à 89 ans.
Après neuf mois de crise politique, le premier ministre Hariri, qui avait été nommé pour former un gouvernement en mesure de tenter de concevoir et d’amorcer le redressement économique du Liban, se montre incapable de mener la tâche à bien. Il faut dire que ce pays soi-disant multiconfessionnel est proprement ingouvernable. Fondée sur la base d’une constitution inspirée par le mandataire français (ou, pour parler plus clair : le colonisateur français) prévoyant la répartition des postes par religion : le président doit être chrétien maronite, le premier ministre est musulman sunnite et le président de l’assemblée nationale est musulman chiite. Une constitution confessionnelle élaborée par le pays de la laïcité, ce n’est pas le moindre paradoxe de ce pays méditerranéen.
Les guerres contre Israël, les camps palestiniens depuis 1948, la montée en puissance du Hezbollah pro-iranien, moitié milice-moitié parti politique, la corruption endémique qui ravage la société, le trafic de drogue, l’explosion en 2020 du port de Beyrouth, les conseils de la France qui continue à se mêler de ce qui ne la regarde plus, la crise sanitaire en cours font de ce pays un refuge pour des forbans comme Carlos Ghosn ou Ziad Takieddine , mais un désastre pour le reste de la population et l’avenir à court terme de ce sympathique pays.
Pendant ce temps, une enquête judiciaire est ouverte en France contre le gouverneur de la banque centrale du Liban pour « blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs », beaucoup de gens se demandant comment il a pu accumuler une fortune immobilière qui se chiffre en dizaines de millions d’euros, notamment en France. Et le pays n’a toujours pas de gouvernement officiel, les différents partis religieux ne voulant rien céder de leurs intérêts particuliers pour satisfaire l’intérêt général de leur pays à la dérive en voie de paupérisation accélérée. Les organismes financiers multilatéraux comme nationaux ont sorti leurs carnets de chèques mais ne veulent envoyer des sous que dans le cadre d’un plan de relance économique concocté par un gouvernement officiel ! On en est loin.
On ne sait pas ce qui va se passer dans le futur proche. Théoriquement il faudrait mettre le pays sous tutelle mais ne n’est évidemment plus possible, pas sûr d’ailleurs que cela serait efficace tant la population divisée se réunirait rapidement pour rejeter tout proconsulat étranger. Et puis qui serait prêt à l’assurer ? Heureusement la Syrie a autre chose à faire pour le moment sinon elle aurait réenvahit le Liban sans barguigner et probablement sans rencontrer vraiment d’opposition.
Alors il faut attendre et espérer l’élan collectif d’un peuple fatigué pour identifier un sauveur parmi les leurs, capables d’oublier son appartenance communautaire, de ne pas être trop corrompu et avoir une vision de l’avenir du pays partagée par une majorité… Vaste tâche !