Des journalistes pervers

Les journalistes sont vraiment vicieux. Alors que le ministre des affaires étrangères Kouchner explique à un parterre de plumitifs que la crise avec l’Iran est grave et qu’il faut se préparer au pire, Nicolas Beytout l’interrompt et lui demande comment on se prépare au pire, Kouchner lui répond que le pire serait la guerre, hypothèse à laquelle on se prépare notamment avec des plans d’état-major. La planète média s’empare de cette pépite et diffuse en boucle les mots de Kouchner le « va-t’en guerre », avec une délectation qu’elle n’avait plus éprouvée depuis la dissolution de l’assemblée nationale prononcée par le président Chirac !

Littéralement il n’y a rien à reprocher à Kouchner : Beytout avait peut-être une autre idée de ce que peut être le pire dans la confrontation actuelle avec l’Iran ? Nous pas, le pire c’est la guerre.  En revanche, médiatiquement, Kouchner n’a pas su s’adapter à la perversité de son interviewer et à son intérêt plus marqué pour le spectaculaire que l’analyse. Il s’est fait piéger comme un débutant. Le plus navrant est que rares sont les journalistes qui se sont penchés sur le fond du débat, tous occupés à gloser sur ce faux pas plutôt qu’à nous éclairer sur leurs propres hypothèses du pire et leurs idées pour l’éviter !