Interpol – 2007/11/21 – Paris le Zénith

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Interpol est de retour au Zénith après la sortie de leur dernier disque Our Live to Admire. C’est encore la grève générale à Paris mais le Zénith est plein à craquer.

Une première partie toute en douceur avec les Blonde Redhead et leur chanteuse aux traits asiatiques, vêtue comme une inuit du grand Nord, une voix à la Jane Birkin. Emmenée par un guitariste et un batteur elle susurre des mélopées obsédantes, cachée derrière de longs cheveux, tapotant sur ses claviers qui déroulent des notes répétitives. Un groupe à découvrir. Une demi-heure de warm-up qui nous pousse doucement vers le show des new-yorkais.

Les Interpol prennent possession de la scène, tous de noir vêtus, costumes-cravates de rigueur et entament Pioneer to the Falls. La couverture de leur dernier disque, un cerf attaqué par deux lions, est projetée derrière eux. C’est une des pièces du bestiaire qui remplit la pochette de leur album, comme unique commentaire, de même que les pages de leur site web.

La voix vertigineuse de Paul Banks nous emmène dans ses graves abyssaux. Grand blond aux yeux bleus, sa Gibson est aussi noire que sa musique. Musicien romantique, compositeur urbain, chanteur tragique, il ajoute cette note d’humanité désarmante à une musique glaciale.

Daniel Kessler, musicien essentiel du combo, mangé par ses larges guitares demi-caisses, esquisse ses pas de deux, mouvant comme une anguille, marquant ses riffs de mouvements saccadés de son corps agile.

Un claviériste de rencontre ajoute des couches harmoniques aux rythmes bruts des guitares et de la batterie.

La scène reste baignée par des éclairages bleutés sur lesquels se dessinent les silhouettes fantomatiques des boys à l’assaut de Paris. De petits écrans montés sur pilonnes se colorent parfois au gré des morceaux, des fulgurances oranges qui flashent au milieu de l’obscurité. Un brin de fantaisie picturale qui ne vient pas distraire le groupe appliqué à nous décliner ses compositions et une musique caverneuse, pas vraiment optimiste, d’ailleurs il y est souvent question d’amour et de femmes.

Ce concert fut superbe de dépouillement et de subtilité, de la musique fluide qui coule et nous revêt d’une gangue de nostalgie et d’émotion. Les Interpol nous quittent, toujours l’air de planer en dehors du temps, presque indifférents, après nous avoir associé à une véritable action de grâce.