Les sauteries au FMI (suite)

Dominique Strauss-Kahn (DSK), ci-devant directeur général du Fonds monétaire international (FMI), organisation multilatérale issue de l’après-guerre pour gérer le système financier mondial, installé à ce poste par la volonté de Sarko l’agité et potentiel candidat aux présidentielles contre Sarko en 2012, donc ledit DSK a couché avec une de ses employées. L’impétrante est mariée, comme lui d’ailleurs avec Anne Sinclair, journaliste plus ou moins connue du paysage audiovisuel français (PAF).

Les Echos cette semaine ont titré : « Le FMI ébranlé » (il faut quand même l’écrire…)

Toute cette affaire d’alcôve se passe aux Etats-Unis, qui plus est dans un machin multilatéral où les querelles nationalistes sont un véritable moteur de fonctionnement. Donc cela s’est su et DSK a du publiquement présenter ses excuses à ses employés, à sa maîtresse, à sa femme et à sa famille, tel Clinton expliquant devant les télévisions du monde entier il y a quelques années la différence entre une fellation et une relation sexuelle pour finalement convenir d’un acte « approprié ».

– D’abord, je présente mes excuses et j’indique que je regrette beaucoup l’incident… [il] constitue une erreur de jugement de ma part dont je prends l’entière responsabilité

– Je crois fermement que je n’ai pas abusé de ma position. Je vais évidemment suivre les indications du conseil d’administration sur la meilleure manière de résoudre ce problème.

– Je veux présenter mes excuses à la personne concernée pour mon erreur en ayant débuté cette relation. Elle est une économiste talentueuse et une professionnelle avérée. Je reconnais la situation difficile créée pour elle. Je présente aussi mes excuses à ma femme et ma famille.

– Beaucoup d’entre vous ont la sensation que je vous ai laissés tomber et je comprends cela.

– Je vous demande aussi d’attendre que l’ensemble des faits émergent et de ne pas être distraits par des spéculations et rumeurs dans les jours à venir. Je suis déterminé à faire ce qui est juste pour l’institution et je souhaite sincèrement que le problème soit résolu aussi vite que possible.

Anne Sinclair y va aussi de son petit mot sur son blog :

Vous avez été nombreux à m’envoyer hier des messages très gentils après l’article du Wall Street Journal et l’écho qu’il a eu en France. Cela m’a touchée. Mon blog traite de l’actualité américaine mais je veux en profiter pour vous dire quelques mots de cette actualité un peu particulière. Il y a l’enquête interne au FMI. On attend sereinement sa conclusion. Cela devrait être rapide. Et il y a le reste, qui relève de notre vie privée, sur laquelle je n’ai pas l’intention de m’exprimer. Voici juste, avant que ne se propagent des rumeurs malveillantes, quelques éléments rapides : chacun sait que ce sont des choses qui peuvent arriver dans la vie de tous les couples ; pour ma part, cette aventure d’un soir est désormais derrière nous ; nous avons tourné la page. Puis-je ajouter pour conclure que nous nous aimons comme au premier jour. Voilà. Je ne reviendrai plus sur ce sujet. Et exceptionnellement, vous le comprendrez, je ne rendrai pas publics vos messages.

Et ce samedi 25 octobre le conseil d’administration du FMI, statuant sur une enquête réalisée par un cabinet externe, que DSK n’a pas abusé de sa position mais était coupable d’une grave erreur de jugement :

– The 24-member Executive Board of the International Monetary Fund (IMF) issued the following statement today:

The IMF’s Executive Board, under the chairmanship of A. Shakour Shaalan, the Dean of the Board, has today concluded its inquiry into allegations of improper conduct involving the Managing Director of the IMF, Dominique Strauss-Kahn. In reaching its conclusions, the Board reviewed the findings of an independent inquiry carried out by external counsel, as well as an analysis of the standards of conduct applicable under the contract of the Managing Director. The Board is satisfied that the inquiry has been conducted in a thorough, independent, and expeditious manner, and would like to express its appreciation to the external counsel for his careful and exhaustive effort.

In the interest of transparency, and following best practice on good governance, the Board has decided that both the external counsel’s report and the background note on applicable standards of conduct under the Managing Director’s contract should be made public.

Based on the facts established by the external counsel’s report, and the advice provided by the General Counsel and the Ethics Officer regarding the applicable standards of conduct, the Board has concluded that there was no harassment, favoritism, or any other abuse of authority by the Managing Director.

Nevertheless, the Executive Board noted that the incident was regrettable and reflected a serious error of judgment on the part of the Managing Director, as he has acknowledged and for which he has apologized. The Executive Board stressed that the personal conduct of the Managing Director sets an important tone for the institution and, as such, must be beyond reproach at all times.

The Executive Board took note of the concluding observations by the external counsel with respect to best practices, and will take them into account in the work underway in the Fund to review the standards of conduct applicable to the Managing Director, the staff, and the members of the Executive Board.

The Board would like to thank all those who have cooperated with this inquiry. It considers that this matter is now closed, and looks forward to continuing to work with the Managing Director and staff on the daunting challenges facing the membership.

Le rapport de 9 pages du cabinet externe est publié sur le site web du FMI (MD = managing director = directeur général). On imagine les prochaines réunions à présider par DSK alors que tout le FMI aura bien entendu lu ce rapport détaillant ses exploits. Et on ne parle pas de sa dulcinée partie planter ses choux à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) à Londres.

C’est affligeant, la dignité voudrait tout de même que ces grands personnages (i) ne couchent pas à tort et à travers avec leurs employés et (ii) que si malgré tout l’irréparable doit être commis, qu’ils tirent leur révérence plutôt que d’avoir à traîner ensuite de pareils boulets qui réduisent à rien leur autorité et leur légitimité.