Un syndicaliste éclairé en Guadeloupe

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Très intéressant : un texte antillais de huit pages trouvé sur Internet, le « world wide web » décidément de plus en plus sauvage. Une déclaration de 2000 du syndicat UGTG dont le nouveau patron est Elie Domota, héraut de la rébellion guadeloupéenne de ce début 2009. On y lit quelques perles qui sont frappés au coin du bon sens :

La classe politique guadeloupéenne a perpétuellement agi pour sa propre reproduction. Toute son énergie a consisté à domestiquer les masses, à contraindre les hommes à agir pour sa propre ascension, à limiter l’action politique collective à la satisfaction de ses intérêts personnels et immédiats. Elle a utilisé la division, elle a encouragé l’assimilation, elle a façonné la lâcheté et la capitulation, elle a zonbifié le peuple de Guadeloupe.

Tous prétendent que notre majorité, notre identité, notre authenticité ne pourra s’exercer sans le contrôle de la France et le financement de l’Europe. Ils poussent le ridicule jusqu’à réclamer les mêmes droits que les nations libres de la Caraïbe tout en restant Français et Européen. Ils n’ont jamais reconnu que les 50 ans de départementalisation et d’intégration à l’Europe a exclu notre pays de la Caraïbe, a anéanti la créativité, a aliéné notre peuple. Comment en effet vouloir aujourd’hui se réclamer Caribéen après avoir des années durant utilisé les difficultés des pays de la Caraïbe comme repoussoir aux idées indépendantistes, après avoir dénigré et pourchassé les peuples de la Caraïbe vivant en Guadeloupe, après n’avoir juré que par la France ?

Le développement économique de la Guadeloupe comme fondement de l’équilibre social et de l’épanouissement des hommes est un leurre si elle ne relève pas d’une stratégie politique révolutionnaire tendant à transformer les rapports sociaux, à rompre avec les liens coloniaux qui nous lient à la France et à combattre les rapports de domination capitaliste.

Nous soutenons, comme depuis décembre 1973 que : Le peuple Guadeloupéen a droit à l’autodétermination ; le droit de la Nation Guadeloupéenne à la pleine souveraineté et à l’Indépendance Nationale est inaliénable ; les intérêts de la classe ouvrière, des producteurs et des créateurs Guadeloupéens ne seront préservés que par leur engagement dans la lutte.

Lire le texte intégral : ici

S’en suivent un appel à la grève général et une liste d’objectifs à « arracher » dont certains sont légitimes comme la promotion de l’histoire de la Guadeloupe, la conception de programmes d’éducation populaire, le développement économique et néanmoins durable, etc. mais parfois aussi quelques dérapages révolutionnaires du style la production par des « entreprises réellement guadeloupéennes », « l’arrêt du génocide par substitution de notre peuple » ainsi que l’énigmatique point 15 de cette liste à la Prévert qui stipule « le financement de tous nos projets par la dette coloniale ».

Très finement Elie n’a pas mêlé de revendications autonomistes aux négociations de février 2009, il aurait pollué le débat et donné à ses adversaires la corde pour le pendre. Il lui reste maintenant à diffuser ses idées indépendantistes auprès de « ses frères », je crains que la tâche ne soit autrement plus ardue que de faire plier un préfet de la République sur des augmentations de salaire qui seront réglées par le contribuable, y compris antillais d’ailleurs.