Le Mur

20ème anniversaire de la chute du mur de Berlin. Les anciennes puissances d’occupation de l’Allemagne se réunissent sous le parapluie d’Angela Merkel pour fêter le temps qui passe. Les médias français ressortent les émouvantes archives de l’époque, et d’autres un peu moins glamour où l’on redécouvre les aspects sinistres d’une dictature communiste qui fut parmi les plus « brillantes » de sa génération, un des meilleurs élèves du grand frère soviétique. Une police politique Stasi particulièrement retorse en lavage de cerveaux, délation, flicage généralisé, répression sanglante de mouvements populaires, recyclage de vieux nazis mal dénazifiés (mais l’Occident a su faire également dans ce domaine), vente à la République fédérale d’Allemagne d’opposants contre espèces sonnantes et trébuchantes, financement de mouvements terroristes antioccidentaux souvent meurtriers, promotion de taupes et espions à tous les étages et autres perversités propres à ces institutions. Le plus fascinant dans cette affaire est que toute cette tyrannie a été le fait d’une moitié du peuple allemand et que les comptes n’ont finalement jamais été vraiment soldés. Honecker a dû être vaguement condamné avant de mourir de son cancer du foie au Chili.

On peut rester sceptique sur la capacité des peuples à absorber de telles déchirures sans procès des responsables, même symbolique. Le cas se présente aujourd’hui au Cambodge. Nuremberg à cet égard fut exemplaire : une quarantaine de dignitaires nazis ont payé pour les dérives d’un peuple qu’il convenait de ramener dans le droit chemin. Les procès de Pétain et Laval, puis plus tard de Barbie, ont également permis de marquer le coup des compromissions de la France dans les années 40. L’Allemagne réunifiée semble avoir fait preuve de générosité alors qu’il s’agit sans doute de faiblesse. Le chapitre final de l’histoire d’une Allemagne divisée a été discrètement évacué par la porte mais risque un jour de revenir par la fenêtre.