Identité nationale et confusion populaire

Le débat sur l’identité nationale continue avec son cortège de vraies questions, de démagogie et de petites phrases. Evidemment la presse à sensation insiste sur les sorties de quelques hurluberlus :

Nadine Morano demande au jeune musulman français « qu’il aime son pays, qu’il trouve un travail, qu’il ne parle pas verlan, qu’il ne mette pas sa casquette à l’envers ».

Pascal Clément : « Le jour où il y aura autant de minarets que de cathédrales en France, ça ne sera plus la France. » (propos démenti par l’intéressé)

André Valentin maire UMP de Gussainville juge qu’il est « temps qu’on réagisse, parce qu’on va se faire bouffer ». Par qui ? « Y’en a déjà dix millions, dix millions que l’on paye à rien foutre ».

Sans doute ne faut-il pas accorder trop d’importance à ces interventions mais plutôt s’interroger sur les objectifs de ce débat ? On les trouve sur le site web www.debatidentitenationale.fr/ :

Les objectifs du grand débat sur l’identité nationale :

Eric BESSON, Ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire a ouvert lundi 2 novembre 2009 un grand débat sur l’identité nationale.

L’organisation de ce débat constitue l’un des engagements souscrit par le Président de la République lors de la campagne présidentielle, repris dans la lettre de mission qu’il a adressée, avec le Premier Ministre, à Eric BESSON, le 31 mars 2009.

Ce débat répond aux préoccupations soulevées par la résurgence de certains communautarismes, dont l’affaire de la Burqa est l’une des illustrations. Au moment même où l’Union européenne franchit une nouvelle étape de son intégration, et où la crise économique et financière internationale démontre combien la mondialisation rend l’avenir des Nations interdépendant, il a pour objectif d’associer l’ensemble de nos concitoyens à une réflexion de fond sur ce que signifie, en ce début de 21ème siècle, « être Français ».

Ce débat doit tout d’abord favoriser la construction d’une vision mieux partagée de ce qu’est l’identité nationale aujourd’hui. Il doit aussi faire émerger, à partir de propositions mises en débat par les différents participants, des actions permettant de conforter notre identité nationale, et de réaffirmer les valeurs républicaines et la fierté d’être Français.

Le calendrier du débat :

Ce grand débat se déroulera sur trois mois, à compter du lundi 2 novembre 2009, et jusqu’au 31 janvier 2010, et se clôturera le 4 février 2010 par un colloque sur l’identité nationale, au cours duquel le Ministre présentera la synthèse des travaux.

Evidemment tout ceci est propice à une avalanche de beaufitudes populistes dont le peuple français, abruti par les matchs de fouteballe et les journaux de TF1, est coutumier, mais les questions abordées sont intéressantes. Après-tout à une époque de sondagite aigüe où la ménagère de moins de 50 ans est interrogée sur tout et sur rien, pour faire vendre des pots de yaourts ou préparer les élections régionales, pourquoi ne pas lui demander en plus ce qu’elle pense de sa nationalité et de la meilleure façon de la vivre ? Ce n’est pas interdit, juste délicat et demande à être mené avec doigté, qualité assez peu partagée dans le monde politique d’aujourd’hui. Un débat au niveau des intellectuels aurait eu plus de tenue mais par construction moins de racines. Voyons comment tout ceci évolue et espérons que les tenants de ce débat sauront en contenir les excès.