Les banques d’affaires et particulièrement Goldman Sachs (celle dont le patron affirmait qu’il accomplissait le travail de Dieu) sont accusées d’avoir aidé les Etats à maquiller leurs comptes. C’est certainement vrai mais le terme maquiller est sans doute inapproprié. Elles ont plus certainement simplement mis à la disposition des trésors publics les instruments financiers sophistiqués (swaps de taux, de devises, credit default swap et autres) qui ont déjà fait exploser la planète finance en 2008, sauvée grâce aux contribuables mondiaux. Ce sont des outils légaux qui respectent la lettre de la Loi et des règles comptables mais en détournent largement l’esprit. Proposés par les banquiers malins et intéressés à des Etats exsangues qui n’y comprennent pas grand-chose, ils sont discrètement mis en place et permettent de passer sous le tapis des risques ou des échéances qui immanquablement ressortent de derrière les fagots un jour ou l’autre.
On ne peut sans doute pas castrer la créativité débordante des financiers matheux, ni la recherche désespérée de ficelles par des responsables politiques impécunieux. Afin de limiter les dommages considérables de telles pratiques la voie fiscale semble la plus logique. Taper au portefeuille reste le seul langage compréhensible par ces nouveaux barbares. On pourrait imposer des normes de fonds propres plus drastiques aux banques, limitant ainsi le pouvoir de leur nouveau Dieu leverage. Il faudrait également contraindre les utilisateurs de tels instruments à passer des provisions pour risques dans leurs comptes, règle inconnue des comptabilités publiques. Mais pourquoi les puissances publiques ne seraient-elles pas aussi créatives que les barbares ? Hélas, hélas, pour le moment la puissance (et la transparence) n’est pas du côté des Etats qui agissent en ordre dispersé. Mais ne désespérons pas !