Les forbans à l’attaque

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On nous ressasse avec les marchés financiers attaquant l’euro et la Grèce, en attendant que Portugal, Espagne ou France passent également à la moulinette de ces marchés financiers. Il est toujours étrange de voir comment le monde extérieur évoque les marchés financiers comme une abstraction que l’on dirait émanant du Saint-Esprit.

Comme nous l’avons déjà fait à de nombreuses reprises dans ces lignes, rappelons quelques évidences permettant de se remettre les idées en place et de démystifier ce qui n’a vraiment pas lieu de l’être.

  • Les marchés financiers sont une bande de forbans, quelques milliers à travers la planète, qui jouent derrière des écrans d’ordinateur à être les maîtres du Monde, grassement payés par des banques et établissements financiers.
  • Ces forbans jouent avec notre argent, celui de nos petites économies placées de ci de là, et non avec le leur ou celui de leurs employeurs, et nous n’avons pas les moyens d’empêcher leurs jeux diaboliques car nous nous sommes dépossédés de cet argent en le confiant à des banques.
  • Comment peut-on attaquer une monnaie. Il suffit de spéculer à la baisse en vendant à terme aujourd’hui un euro que l’on ne possède pas encore mais dont on parie qu’il va baisser. Exemple : aujourd’hui l’euro vaut 1,35 dollar et je parie que dans un mois il vaudra 1,20 dollar, donc je vends aujourd’hui mon euro, que je ne possède pas, au cours d’aujourd’hui de 1,35 dollar avec promesse de le livrer dans un mois ; dans 29 jours je l’achète sur le marché à 1,20 et le trentième jour je le livre au prix convenu de 1,35 ; j’ai gagné 1,35 – 1,20 = 0,15 dollar.
  • Et comment peut-on attaquer un pays qui n’a plus de monnaie nationale mais l’euro, monnaie multilatérale ? Il suffit de faire monter les taux d’intérêt auquel les forbans leur prêtent nos petites économies, puisque bien entendu ce ne sont pas les leurs qu’ils prêtent à la Grèce.
  • Comment les forbans ont-ils inventé le mouvement perpétuel ? En vendant à terme l’euro, je précipite la baisse de son cours contre dollar ; plus l’euro baisse et plus je vais gagner ; et plus je vais pousser la spéculation à la baisse. On les avait vus, à l’inverse, spéculer à la hausse des produits alimentaires en 2007, alors que les stocks ne justifiaient en rien un tel accroissement des cours. Il suffisait d’acheter aujourd’hui un kilo de blé à 100 pour réception dans un mois lorsqu’il vaudrait 130.
  • Et l’on voit les forbans faire la morale au monde politique en expliquant que la Grèce est mal gérée. Alors là on tire son chapeau devant ce culot qui dépasse l’entendement, lesdits forbans ayant mis le système financier international en faillite en 2008 du fait de leur incompétence, et n’ayant survécu pour la plupart que grâce aux subsides des contribuables mondiaux. En gros, les Etats se sont endettés pour sauver les banques qui maintenant spéculent joyeusement contre ces mêmes Etats.
  • Qu’attendent les forbans ? De fourguer leur risque sur quelqu’un d’autre. En fait ils paniquent à l’idée qu’ils puissent ne pas être remboursés des prêts faits à quelques pays exotiques comme la Grèce. Le contribuable européen a réaffirmé sa volonté de soutenir la Grèce, c’est-à-dire de payer si ce pays faisait défaut et de lui imposer un régime de rigueur. Comme à leur habitude les marchés financiers encaissent les profits et nationalisent les risques mais ils arrivent par la menace à forcer un pays à rentrer dans le rang là où la politique échoue.
  • Comment arrêter les forbans ? Il faut les taxer sur les profits générés par la spéculation. Est-ce facile ? Non, mais est-il satisfaisant de voir quelques centaines de forbans mettre à bas un ou des Etats ? Pas plus, alors il faut les attaquer.
  • Est-ce que tout ceci est condamnable ? C’est surtout cocasse et symptomatique des dérèglements de notre monde où la spéculation est érigée en régulateur et seule capable d’imposer la rigueur à un pays clubmed. En ce sens ce n’est pas sain.