Crises africaines

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La gestion différenciée par la communauté internationale des crises en Libye et en Côte d’Ivoire est intéressante. Si elles n’entraînaient pas un désastre de morts et de destruction on pourrait les retenir comme un laboratoire de politiques ; en résumé, interventionnisme guerrier au nord du Sahara et laissez-faire au sud. Dans les deux cas un pouvoir en place fort peu légitime, dictatorial en Libye, refusant le verdict des urnes en Côte d’Ivoire, mais disposant de partisans locaux en nombre, relevant plus du clientélisme tribal que d’une volonté politique structurée, mais persuadé de son bon droit, se bat pour rester en place. Il en résulte une guerre civile et sa débauche de dévastations.

L’Occident fait parler ses armes en Libye et se contente de déclarations lénifiantes en Côte d’Ivoire. On est en plein action et personne ne sait lequel de ces deux pays évoluera favorablement, c’est-à-dire en restituant un tant soit peu de paix et de démocratie pour des peuples qui n’en demandent pas plus. Dans les deux cas, des tyranneaux d’opérette, louvoyant depuis des années entre la compromission et l’inadmissible, ont réussi à s’accrocher au pouvoir en donnant le minimum de gages à l’extérieur et en délivrant un maximum de répression à l’intérieur.

Aujourd’hui ils sont combattus par des opposants eux-mêmes issus d’un patchwork détonnant dont on ne sait pas grand-chose sinon la volonté de sortir des dirigeants qui ont fait preuve de leur incompétence à gouverner et à moderniser leurs pays. Des affidés désertent et passent à l’ennemi, d’autres prennent les armes pour soutenir leurs dirigeants perdus, les Etats tournent à vau l’eau et les peuples comptent les coups.

Bombardements en Libye sans militaires au sol, force onusienne sur la terre ivoirienne sans moyens aériens, la communauté internationale ne sait pas trop comment manœuvrer pour dépasser ces conflits d’un autre âge.

Les intérêts économiques s’entremêlent avec les compromissions du passé, les communicants et les affairistes se bousculent aux chevets des uns comme des autres, des services règlent leurs comptes ; les politiques jouent aux va-t-en-guerre ou aux Ponce Pilate, tournent et retournent leurs vestes, s’agitent et fermentent dans leur impuissance. Les critiquer est facile mais la décision raisonnée est impossible, alors on joue au poker en espérant qu’à la fin il en sortira quelque chose de positif (et le moins de morts possible), enfin !