L’immigration en France des populations Rom (nomades) de Bulgarie et de Roumanie dans le cadre de la liberté de circulation qui a été donnée aux citoyens de ces pays suite à leur adhésion à l’Union européenne, déclenche force commentaires et conflits politiques franchouillards devant le spectacle pathétique de ces crève-la-faim recréant des bidonvilles au hasard de leurs pérégrinations et déployant la mendicité de gamins crasseux sur les trottoirs.
La libre circulation des personnes (comme des capitaux) est un des éléments faisant partie des traités constitutifs de l’Europe, et encore est-elle limitée pour les pays non-Schengen (visa tourisme 3 mois). Si l’on veut restreindre cette liberté il faut renégocier les traités. Si l’on veut ne pas supporter les effets pervers de cette liberté, il faut sortir de l’Europe et donc aussi renoncer à ses effets bénéfiques.
Au-delà des réactions épidermiques des uns et des autres sur ce sujet, le problème de fond est d’avoir fait adhérer la Roumanie et la Bulgarie à l’Union européenne en 2005 après 10 ou 15 ans de négociations. Il était sans doute difficile d’y échapper après la dé-soviétisation de ces pays en 1989. Ces négociations sont, comme toujours, un doux mélange de vision politique (faire revenir ces pays à l’Europe occidentale qu’ils n’auraient jamais dû quitter après 1945) et de sordides intérêts commerciaux : j’accepte l’adhésion des pays de l’Est [question vitale à l’époque pour l’Allemagne] mais toi tu renonces à la puissance du Deutsche Mark pour lancer l’euro, ou tu acceptes que l’Union européenne finance et aide l’Afrique [question toujours vitale pour la France de tous temps], etc. etc. C’est la comédie humaine, comme toujours faite de nobles objectifs, de conséquences désastreuses, mais aussi sans doute d’effets bénéfiques. Nous avons fourgué des Airbus aux compagnies aériennes de ces pays, Renault a acheté Dacia, etc. Dans ce genre de construction multilatérale, les Etats ne savent plus dire non, soumis à une multitude d’intérêts contradictoires. Même l’Allemagne a finalement dû se résoudre à participer au sauvetage de la Grèce, c’est dire ! L’Histoire dira si la balance de tout ceci aura été positive pour l’ensemble de l’Union européenne comme on peut le penser.
Tant que la France est membre de l’Union européenne, la gestion des dommages collatéraux comme la question Rom doit être négociée patiemment dans les instances européennes sur une base multilatérale avec les pays d’origine. En attendant de trouver une solution un peu plus durable, la France (de droite comme de gauche) applique sa Loi et les textes européens : destruction des bidonvilles insalubres et renvoi dans leurs pays des voyageurs en situation irrégulière. Il serait plus élégant et responsable de la part de la classe politique de le faire sans trop de tambours ni trompettes, mais c’est sans doute trop en demander à des responsables accrochés à leurs comptes Twitter. Le reste n’est que caquetages de coqs sur leurs tas de fumier, à la recherche des votes de Mme. Michu, comme un troupeau de Zébus en quête de points d’eau après la migration.
Et il faudra bien trouver une solution acceptable pour tous puisqu’après la Croatie qui vient d’adhérer au 01/07/2014, d’autres pays sont sur la liste d’attente : la Serbie qui a livré ses criminels de guerre (et engagé DSK comme conseiller économique), le Kosovo sans doute un jour, la Turquie sans doute jamais, l’Albanie pour beaucoup plus tard… Mais l’Europe n’a pas encore atteint sa taille finale.