L’ancien premier ministre de la République de 1976 à 1981 Raymond Barre, qualifié à l’époque de « meilleur économiste de France », décédé en 2007 avait quelques millions d’euros (on parle de 7) cachés en Suisse. La révélation en a été faite par Le Canard Enchaîné qui explique que ses héritiers ont décidé de régler les impôts et pénalités nécessaire à l’administration française afin de régulariser cette somme frauduleuse. On ne sait pas à ce stade quelle était la source de revenus qui a permis d’accumuler ce pactole, sans doute pas les rémunérations versées par la République à ses serviteurs.
Il s’est rendu célèbre d’abord car c’est sous son règne que le dernier budget français a été voté en équilibre soit il y a plus de 40 ans, depuis, la France dépense plus qu’elle ne gagne. Il avait aussi été l’auteur de quelques sorties de légende notamment : un « si les Corses veulent leur indépendance, qu’ils la prennent », frappé au coin du bon sens, mais d’autres saillies moins glorieuses, à la toute fin de sa vie sur les juifs, ce qui prouve en tout cas que les hommes politiques ne devraient plus s’exprimer une fois leur retraite prise d’abord car ce qu’ils peuvent raconter n’intéresse plus personne et ensuite parce que l’avancée de la vieillesse peut entraîner parfois des dérèglements fâcheux dans le fonctionnement des neurones.
Raymond Barre fraudeur ! C’est une mauvaise surprise pour nombre de citoyens, tout au moins ceux qui se souviennent encore de lui tant le personnage incarnait la rigueur et l’orthodoxie économique. Il fut universitaire bien plus longtemps qu’homme politique et nombre d’étudiants en économie ont planché sur ses écrits. A priori cela ne l’a pas empêché de se laisser tenter par l’attrait de l’argent et prendre le risque de la fraude. C’est une nouvelle certitude qui s’effondre, une illusion qui s’envole. Pour un amateur de sciences économiques, apprendre que Raymond Barre était fraudeur c’est un peu comme si Christine Boutin découvrait que la vierge Marie n’était pas si vierge que ça ! Ça laisse pantois et un brin découragé.