Un « commandant » en chocolat

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On ne dit plus le « chef de guerre islamiste afghan Massoud » mais le « légendaire commandant Massoud » !

Ce guerrier (1953-2001) a toujours été encensé, en France notamment, à la suite de commentaires élogieux des Bernard-Henri Levy (BHL) et consorts. Assassiné en 2001 par l’organisation islamiste Al Qaïda, le « commandant » Massoud a gagné sa notoriété en luttant contre l’occupant soviétique dans les années 1980 au cœur de son bastion du Panchir. Après la reddition et le départ de l’armée soviétique, il va continuer la guerre, devenue « civile » pour prendre la capitale, s’alliant et se désalliant à d’autres milices de chefs de guerre au gré de ses intérêts, du sens du vent et des retournements des uns et des autres sur des motifs tribaux ou religieux, passant et désavouant des alliances successives avec les saoudiens, les iraniens, les pakistanais ou les… américains. Devenu ministre de la Défense au début des années 1990, il continue la guerre des milices qui ravage le pays et notamment sa capitale Kaboul. Cette guerre civile et l’incapacité des milices locales, plus proches de gangs mafieux que de partis politiques, a dévasté l’Afghanistan, peut-être plus encore que l’invasion soviétique et annonce l’arrivée du pouvoir Taliban, chassé en 2001 par les troupes internationales et rétablit par les mêmes en 2021.

L’Occident et BHL appréciaient M. Massoud car il était un peu moins extrémiste que les autres chefs de guerre mais il était néanmoins religieux et traditionnaliste, c’est-à-dire, l’inverse de ce qui est habituellement considéré comme nécessaire pour mener une démocratie « à l’occidentale ». Comme de plus il était anti-Taliban il n’en fallait guère plus pour devenir le héraut de l’Ouest avec le résultat que l’on sait… Son fils a pris la relève et BHL l’aime beaucoup ce qui n’est pas forcément un gage de succès pour l’avenir.

On a connu à peu près le même phénomène avec le soutien français indéfectible aux populations Touaregs depuis le XIXème siècle, glorifiées à Paris comme le « noble peuple du désert » sur ses chameaux. Nombre de films, documentaires, récits et romans ont été réalisés en France à la gloire des Touaregs insistant sur l’aspect mystique de cette ethnie au milieu de ses dunes et en passant sous silence leur tendance à l’esclavagisme et à la razzia comme modèle économique. Le « noble peuple » en question avait donné du fil à retordre à l’armée coloniale française en son temps. Depuis les indépendances africaines ils continuent à harceler les pouvoirs indépendants, majoritairement au Mali, en luttant par les armes pour leur indépendance, et en s’alliant avec les mouvements terroristes religieux, dont Al-Qaïda, celui-là même qui a assassiné M. Massoud en 2001, pour prendre le pouvoir au Mali.