Le 60ème anniversaire des Accords d’Evian marquant l’indépendance de l’Algérie

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Le 19 mars 1962 était signés les accords d’Evian marquant le cessez-le-feu entre la France et l’Algérie, mettant fin, progressivement, à une guerre sauvage et inutile entre une puissance colonisatrice et un pays colonisé, initiant des flux de migrations significatifs vers la France, les français d’Algérie appelés « pieds-noirs » mais aussi beaucoup de citoyens algériens, et le début d’une relation houleuse entre les deux pays, qui n’a jamais pu s’apaiser.

Ces accords stipulaient l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans les trois mois suivant leur signature, ce qui fut fait, et aboutit bien entendu à l’indépendance, mais aussi à ces flux de population vers la France dont l’importance n’avait pas été anticipée à ce point. Comme c’est l’habitude en la matière, une partie de ces accords n’a pas été respectée par le vainqueur et, notamment, celle qui stipulait que :

Nul ne pourra faire l’objet de mesures de police ou de justice, de sanctions disciplinaires ou d’une discrimination quelconque en raison :

– d’opinions émises à l’occasion des événements survenus en Algérie avant le jour du scrutin d’autodétermination;
-d’actes commis à l’occasion des mêmes événements avant le jour de la proclamation du cessez-le-feu.
-Aucun Algérien ne pourra être contraint de quitter le territoire algérien ni empêché d’en sortir.

On le sait, les supplétifs algériens de l’armée françaises, les « harkis », qui n’avaient pas été rapatriés en France ont été massacrés en masse, souvent dans des conditions effroyables. Les historiens estiment entre 60 et 70 000 le nombre de victimes. Des règlements de comptes sanglants ont également eut lieu entre les différentes factions du Front de libération nationale (FLN), la plupart des signataires des accords d’Evian ont rapidement été éliminés ou contraints à l’exil.

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Une autre partie de ces accords n’a pas même eu à ne pas être respectée faute de combattants : celle concernant les droits civiques à accorder par le gouvernement algérien aux « pieds-noirs », en effet, ceux-ci sont partis en France dans leur très grande majorité dès l’indépendance prononcée. Certains qui avaient pris fait et cause pour l’indépendance algérienne sont restés sur place et ont généralement pris la nationalité après l’indépendance. Ce statut particulier de « nationaux français exerçant des droits civiques algériens » na pas eu à être mis en œuvre.

L’application des articles sur la coopération économique a rapidement tourné court, notamment celle sur l’exploitation des ressources pétrolières qui devait être paritaire, ce qui était bien entendu ingérable dans le cas d’une Algérie indépendante, de même que, pour le sujet militaire, la location de la base de Mers El-Kébir pour 15 années renouvelables a été rapidement résiliée ainsi que les facilités d’utilisation accordées à la France sur des aérodromes et des sites militaires. Toutes ces illusions de coopération sereine entre les deux pays se sont rapidement révélées inapplicables et sont tombées aux oubliettes de l’histoire.

Il reste la mention de la coopération culturelle qui devait « être développée » selon ces accords, pas sûr que ce fut vraiment le cas…

L’histoire ne dit pas quelle partie proposa d’inclure dans les accords d’Evian ces articles sur la coopération économique, militaire et culturelle qui furent sans doute une façon de sauver la face de la France, chacun sachant qu’ils ne seraient pas appliqués. Ce que révèlent aujourd’hui les historiens est que le départ immédiat de tous les « pieds-noirs » n’avait pas été anticipé. Les signataires pensaient sans doute qu’une partie des Français d’Algérie resterait sur place et participerait à l’élaboration de la nouvelle nation algérienne. Leur départ en dit long sur la confiance qu’accordaient les « pieds-noirs » aux engagements du FLN… L’autre surprise, toujours d’actualité, est que les flux d’immigration de l’Algérie vers la France ont été, et restent encore aujourd’hui, très significatifs. Un fait sans doute révélateur lui aussi d’une confiance limitée des citoyens algériens en leurs dirigeants.

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