Rapatriement de français des camps de Syrie

La France semble avoir évolué dans sa stratégie du retour « au cas par cas » des citoyens français ayant rejoint le groupe terroriste religieux Etat islamique (EI) dans son combat en Syrie contre le pouvoir en place. Vaincu par une coalition internationale, l’EI a dû abandonner les territoires qu’il administrait en Irak et en Syrie. Ses combattants, quand ils ont survécu, sont plus ou moins enfermés dans des camps assez peu sécurisés, tenus le plus souvent par des mouvements kurdes dans le nord de la Syrie et objets de révoltes et d’évasions de prisonniers assez régulièrement. Les Kurdes ont quant à eux aussi d’autres problèmes à régler. Subissant les attaques de l’armée syrienne et les bombardements de l’armée turque on peut comprendre qu’ils n’accordent pas la plus extrême attention au sort de prisonniers religieux qu’ils ont combattus avec la coalition internationale. Ils demandent depuis maintenant plusieurs années aux pays dont sont originaires les prisonniers non-syriens de reprendre leurs ressortissants, et les enfants, parfois orphelins, que ceux-ci ont enfantés.

La plupart des pays européens l’ont fait. Seule la France restait un peu à l’écart en ne rapatriant, « au cas par cas », que les enfants de nationalité française résident dans ces camps. La polémique était sans fin, les organisations « droit de l’hommiste » prônant le retour de tous les français arguant que les enfants ne sont pas responsables des actes de leurs parents et que ces derniers seraient mieux surveillés en France que s’ils restaient en Syrie ; et la population française qui défendait majoritairement le thème : « ils ont voulu aller faire la guerre en Syrie, eh bien qu’ils y restent ! »

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Début juillet, les autorités françaises ont annoncé le rapatriement de 16 femmes « djihadistes » et de 35 enfants français. Les mères ont été remises dans les mains de la justice et les enfants orientés vers les services de l’aide à l’enfance. Parmi les femmes figure Emilie König, une bretonne du Morbihan, assez connue pour avoir figuré dans nombre de vidéos de propagande de l’EI, caractéristique de ces français que rien ne rattachaient ni de près ni de loin à la Syrie ou à l’Islam, qui sont partis combattre en Orient et, le plus souvent, commettre des exactions plutôt sordides au nom d’un Dieu dont ils devaient même ignorer l’existence quelques années plus tôt. Elle va rendre des comptes à la justice française.

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Le cas de ces français à la dérive en Orient est juste inextricable et il n’y a que de mauvaises solutions pour le prendre en compte. Le gouvernement français semble avoir changé de stratégie. Dans un cas comme dans l’autre ces citoyens français et les enfants qu’ils ont continué à engendrer sur place, le plus souvent avec des « maris » de circonstance, combattants morts ou disparus, resteront de potentiels dangers. On ne peut pas exclure que certains d’entre eux fassent amende honorable et veuillent réellement réintégrer la communauté nationale, mais il reste assez probable qu’une autre partie d’entre eux (minoritaire ?) continuera son combat après être passée dans les mains de la justice française. Ceux-là doivent d’ailleurs se réjouir de ce rapatriement qui leur offre des perspectives d’avenir et la clémence d’une justice démocratique délivrée par un système qu’ils combattent à mort…