Que faire avec les djihadistes français survivants ?

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Les parents de trois gamines françaises parties en Syrie rejoindre le groupe terroriste religieux Etat islamique, et actuellement détenues par les kurdes syriens, ont porté plainte contre l’Etat français sur la base de son « inaction » face à une « détention illégale ou arbitraire ». On ne sait pas bien ce que sont allé faire ces femmes sur le terrain des combats religieux moyen-orientaux. Il apparaît qu’en général les terroristes islamiques qui les recrutaient mettaient plutôt les étrangères à faire le ménage et des enfants quand les hommes étrangers pouvaient participer aux combats, massacres en tous genres et attentats terroristes le cas échéant. Mais tout est possible ; elles ont été capturées sur un terrain de guerre civile par la partie qui l’a emporté, au moins provisoirement, dans le camp de ceux qui ont perdu, tout aussi provisoirement sans doute. Le mieux aurait certainement été qu’elles restent dans leurs familles en France.

Elles ont compromis (et parfois fait des enfants) avec des terroristes religieux qui ont pris les armes contre la France et commis le pire. Elles sont maintenant aux mains de bandes armées, probablement sans foi ni loi. Bien sûr les parents préfèreraient certainement que leur progéniture soit jugée par la démocratie française plutôt que par la justice sans doute expéditive de ces bandes. On peut imaginer leur effarement face à la dérive, parfois meurtrière, de leurs enfants mais le dépôt de plainte contre l’Etat est indécent même si représentatif de notre société moderne : plus personne n’est responsable de rien ni n’assume ses actes et l’Etat (donc les contribuables) doit payer pour tout. On se souvient que le père de Mohamed Mehra avait également porté plainte contre l’Etat français depuis l’Algérie après que son fils eut tué sept personnes dont trois enfants, puis trouva lui-même la mort lors de l’assaut donné par la police dans l’appartement où il était enfermé.

Ceci étant dit la République se trouve confrontée à un véritable dilemme : que faire de ses citoyens qui ont pactisé avec des puissances ennemies, combattu sur le terrain syro-irakien et éventuellement commis des actes de terrorisme contre la France et des français. Ceux qui ont survécu aux combats souhaitent généralement revenir en France plutôt que d’être jugés par les autorités qui les détiennent. La République a déjà eu affaire à des traîtres, ce fut le cas des collaborateurs avec l’occupant allemand durant la deuxième guerre mondiale. Quelques-uns furent exécutés lors de la courte période d’épuration après la défaite nazie, nombre d’autres furent jugés et certains passèrent à travers les mailles du filet. Dans le cas des terroristes religieux français de retour au pays la situation est plus tendue car on peut craindre que ceux-ci n’aient pas abdiqué leur idéologie mortifère. Les collaborateurs de 1945, une fois leur peine accomplie ont généralement cherché à se réinsérer dans la société civile, certains y ont même très bien réussi, mais ils ont globalement admis leur défaite idéologique et plutôt cherché à passer à autre chose. Le djihadiste jugé en France, une fois sa peine accomplie, risque de reprendre les armes contre ses concitoyens : djihadiste un jour, djihadiste toujours ? Quant à ceux qui seraient jugés dans les pays où ils commirent leurs forfaits, eux aussi sortiront de prison dans quelques mois ou années, ils resteront un facteur de risque élevé pour encore longtemps.

Il faut travailler à tarir les vocations au djihadisme de citoyens français, cela passe par de l’éducation et du développement socio-économique, mais c’est une œuvre de plusieurs générations En attendant les premiers résultats il faudra bien vivre avec les risques que font porter à la société française ses enfants perdus, et le faire avec les voies et moyens de notre Etat de droit. Ce sera l’honneur de notre démocratie de s’imposer face à la déraison religieuse.

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