La France a quitté le Niger

C’est un bon accomplissement, la France a rapatrié ses derniers militaires stationnés au Niger et fermé son ambassade sans autre forme de procès. L’évacuation de l’armée française est conforme à la demande des autorités locales souveraines ; on espère que tout le matériel militaire a pu être aussi évacué ou a alors été détruit. La clôture de l’ambassade est tout aussi logique. Il est probable qu’elle rouvrira un jour mais elle n’est plus d’une grande utilité en ce moment tant les relations diplomatiques entre Paris et Niamey sont dégradées. Il n’est pas non plus nécessaire de délivrer des visas français à des citoyens locaux pour le moment. Une autre ambassade sera certainement désignée pour représenter les intérêts français en assurant le service minimum.

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Bien heureusement, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui avait fait entendre des bruits de bottes, menaçant d’envoyer des troupes au Niger pour rétablir « l’ordre constitutionnel » ne s’est pas exécutée. Personne n’a d’ailleurs vraiment cru qu’une telle initiative puisse être exécutée, la CEDEAO a sans doute perdu là une bonne occasion de se taire. Dans les faits, elle a laissé prospérer la junte de galonnés ayant pris le pouvoir par la force, reléguant le président Bazoum et sa famille en résidence surveillée. Il semble que celui-ci refuse toujours officiellement de démissionner, marquant ainsi un courage certain d’autant plus qu’il est d’origine arabe, c’est-à-dire d’une ethnie minoritaire dans le pays. Il est un peu de dindon de la farce nigérienne, considéré comme un collaborateur de l’Occident et de la France, hélas pour lui. Sa vie ne serait pas en danger mais sa liberté est sérieusement entravée.

Alors que les troupes françaises qui étaient présentes au Mali, au Burkina-Faso et au Niger vont désormais être réemployées dans des tâches certainement plus conformes aux intérêts de la France il est temps maintenant de s’attaquer sérieusement à l’un des derniers vestiges de la françafrique, celui du franc CFA qu’il a déjà été convenu de démanteler en 2019 sans que ce projet n’ait beaucoup avancé depuis. Il prévoyait à l’époque un nouveau nom pour une devise commune, l’ECO, mais le maintien de la garantie d’un cours fixe avec l’euro, offerte par la France et ses contribuables. Ce lien atténue très fortement l’intérêt pour l’Afrique de passer à une devise nationale, qu’elle soit commune à plusieurs pays ou pas d’ailleurs. Il faut casser cette garantie pour redonner aux pays actuellement membres de la zone CFA leur véritable souveraineté monétaire, quitte à ce qu’ils s’organisent en zone monétaire commune s’ils le souhaitent.

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On ne comprend pas bien pour le moment ce qui freine Paris pour mener à bien ce projet qui a été mis sur pieds par la France et les pays de la zone monétaire il y a déjà quatre ans. Peut-être les derniers soubresauts de la françafrique pourtant bien moribonde mais pas tout-à-fait à terre ?

Il semble que l’ambassade du Niger en France et ses deux consulats à Lyon et Marseille continuent de fonctionner normalement. Il conviendrait probablement d’examiner leur utilité en de telles circonstances et d’envisager leur fermeture le cas échéant.