Lors des dernières élections européennes du 9 juin les électeurs français, du moins ceux qui s’expriment dans les urnes, ont mis un pied dans la porte en donnant le leadership à la droite populiste. Ils comptent transformer l’essai lors des scrutins législatifs des 30 juin et 7 juillet des élections législatives provoquées par la dissolution de l’assemblée nationale prononcée ce 9 juin au soir par le président de la République.
La perspective d’une arrivée au pouvoir du parti Rassemblement National (RN, ex-Front National) n’étant plus à exclure, la France est fébrile. La gauche a bricolé rapidement une alliance électorale baptisée « Nouveau Front Populaire » (NFP) qui va de LFI d’inspiration trotskiste (son premier responsable, M. Mélanchon, est entré en politique via l’Organisation communiste internationale [OCI]), aux socialistes de la gauche-caviar, en passant par un Parti communiste longtemps stalinien. On a même vu récemment Dominique Strauss-Kahn (75 ans) et Lionnel Jospin (86 ans), des vieilles ganaches du Parti Socialiste (PS), sortir de leur retraite pour apporter leur soutien au NFP. Un programme a été conclu sur le papier insistant sur les obsessions habituelles de la gauche : faire payer les riches, augmenter les salaires des autres, revenir à la retraite à 60 ans et reconnaître l’Etat de Palestine.
Une seule priorité pour le gouvernement du Nouveau Front Populaire dès son installation : répondre aux urgences qui abîment la vie et la confiance du peuple français. Nous en finirons avec la brutalisation et la maltraitance des années Macron. Nous adopterons immédiatement 20 actes de rupture pour répondre à l’urgence sociale, au défi climatique, à la réparation des services publics, à un chemin d’apaisement en France et dans le monde. Pour que la vie change dès l’été 2024.
Programme NFP « Contrat de législature »
A l’autre bout de l’échiquier politique, la droite populiste RN alliée avec quelques membres de Les Républicains (LR) propose ses objectifs usuels : mettre fin à la « submersion migratoire », baisser les prix de l’énergie pour tout le monde et endiguer « le laxisme judiciaire » pour faire baisser délinquance et criminalité dans le pays.
Dès ma nomination comme Premier ministre, j’apporterai des réponses concrètes aux préoccupations de nos concitoyens en matière de qualité de vie, de sécurité et d’immigration.
Programme 2024-06 « Bardella premier ministre
Cette droite a plus de mal à cacher ses origines extrêmes, que Jean-Luc Mélanchon ses origines trotskystes, car elles sont plus récentes et pas encore passées complètement aux oubliettes de l’histoire, pour ceux qui la suivent. Le patriarche Le Pen qui assumait ses blagues antisémites graveleuses et son révisionnisme est encore vivant, même sous tutelle, alors que Lambert ou Benny Lévy sont morts et enterrés depuis longtemps et que l’assassinat de Trotski par les tueurs communistes de Staline, ou le déchaînement de barbarie de l’armée rouge créée par Trotski durant la guerre civile russe au début du XXe siècle sont oubliés depuis très longtemps. Le peuple a la mémoire courte, c’est d’ailleurs une de ses caractéristiques principales.
Au centre, le parti présidentiel qui a réussi à se mettre beaucoup de monde à dos, semble un peu dépassé par les évènements pourtant provoqués par son inspirateur. Ce mouvement et les LR se sont tellement haïs depuis quelques années, alors que leurs programmes étaient largement compatibles pour peu qu’ils mettent leurs égos sous le tapis de l’intérêt de la France, qu’ils n’arrivent pas à faire programme commun et laissent les populistes cavaler en tête.
Pour le « peuple de gauche », largement soutenu par le monde intellectuel et artistique, l’horreur serait l’arrivée du FN au pouvoir. Pour « le peuple conservateur », l’abomination serait une majorité large ou absolue gagnée par le NFP. « Entre la peste et le choléra »… Alors ces formations politiques rivalisent d’assauts verbaux sur leurs stratégies électorales respectives : qui se désistera pour « faire barrage à… », qui donnera des consignes de vote pour empêcher « la catastrophe », etc. ? En réalité ces tactiques relèvent d’un autre âge désormais. Il est assez peu probable que les électeurs suivent aujourd’hui des consignes de vote qui seraient contraires à leurs propres convictions. Ils risquent même d’être agacés par d’éventuels désistements pour « faire barrage à… » qui reviennent à vouloir leur forcer la main pour voter dans un sens décidé par les appareils politiques mais pas par forcément par eux-mêmes.
En cas de choix manichéen à faire entre « la peste ou le choléra » le mieux est de laisser choisir l’électeur par lui-même ce qui encore la meilleure solution pour qu’il assume ensuite la responsabilité de son vote. Et pour ceux qui ne veulent pas choisir les extrêmes il reste toujours le vote blanc. L’avenir sera ce qui se décidera dans les urnes. Les plus optimistes considèrent que les institutions de la République résisteront à la tempête le cas échéant et offriront aux électeurs la possibilité de revenir en arrière s’ils le veulent. Les pessimistes craignent le contraire. Ce qui semble sûr c’est que sauter sur son canapé en criant « tout sauf le RN, tout sauf le RN, tout sauf le RN !!! », ou accumuler des tribunes dans le journal Le Monde ne sert plus à grand-chose au point où nous en sommes. Pour calmer ses angoisses sur l’avenir politique du pays il faut voter et, éventuellement, militer si l’on souhaite inverser un résultat « non satisfaisant » pour la prochaine fois.