Retour aux urnes

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A l’issue du score peu reluisant de la majorité présidentielle aux élections parlementaires européennes le président de la République a annoncé ce soir la dissolution de l’assemblée nationale française et l’organisation de deux tours d’élections législatives les 30 juin et 7 juillet, forçant ainsi les partis à une précipitation certaine pour préparer un programme et le choix des candidats en trois semaines. Les élections européennes ont permis au Rassemblement national de marquer un score de plus de 30%, 37% même si l’on ajoute les votes apportés à la liste présentée par le parti d’Éric Zemmour. Fort de ce succès il est imaginable que ce parti fasse aussi la course en tête aux législatives prochaines, voire qu’un de ses représentants entre à Matignon comme premier ministre d’une incertaine « cohabitation ». On voit mal le parti présidentiel redresser la barre d’ici la fin du mois tant le président Macron déclenche le rejet de la majorité et la haine du plus grand nombre. La gauche propalestinienne reste aussi en embuscade avec un fort soutien populaire.

Bref, cette décision inattendue va probablement amener les partis extrêmes au pouvoir. Voilà plusieurs années qu’ils s’en rapprochent sérieusement alors le réveil le 8 juillet au matin risque d’être agité. On ne connaît pas bien les motivations présidentielles qui ont poussé M. Macron à se lancer dans une telle incertitude, peut-être le désir de mettre les citoyens face à leurs responsabilités : « Vous voulez être dirigés par les extrêmes ? Eh bien c’est le moment de vous décider et de sauter le pas ! ». Sans doute est-il bien plus machiavélique ? Ou alors le président, simplement fatigué d’être sans arrêt contesté par tous, quoi qu’il fasse, veut laisser les « clés du camion » à un autre conducteur et advienne que pourra ? Dans ce dernier cas il aurait sans doute été plus efficace d’opter pour la démission plutôt que la dissolution.

La plupart des partis d’opposition ont réclamé cette dissolution à un moment ou à un autre depuis le début de l’actuel quinquennat, et souvent pour des raisons diamétralement opposées. Ils viennent de l’obtenir, il va bien falloir qu’ils s’en débrouillent maintenant. Le peuple contestataire et parfois brailleur va aussi devoir faire avec ce qu’il a provoqué. L’heure de la responsabilisation, des dirigeants comme des citoyens, a sonné.