En route vers Paris, les indépendantistes calédoniens passent par Canossa

Devant l’effondrement économique provoqué, entre autres, par les émeutes de mai 2024 et les destructions considérables qui en ont résulté, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie mené par son président indépendantiste Louis Mapou se voit obligé d’aller à Canossa en venant quémander à Paris les financements publics nécessaires à la reconstruction du tissu économique de l’archipel consciencieusement mis à bas par la révolte des populations « kanaks » qui ne voulaient pas entendre parler de changement dans la constitution du corps électoral. Celui-ci est en effet gelé pour les élections locales depuis 1998, ce qui veut dire, par exemple, qu’une personne qui se serait installée sur le territoire en 1999 ne peut pas voter pour les élections provinciales depuis cette date, notamment bien entendu en cas de référendum sur l’indépendance. Comme ce sont très majoritairement des non-kanaks qui émigrent vers la Nouvelle-Calédonie, cette mesure visait à donner progressivement la majorité aux populations kanaks pour leur permettre d’emporter les référendums sur l’indépendance puisqu’elles sont censées croître plus rapidement que les populations non-kanaks. Hélas, les choses ne se sont pas passées comme prévu et les trois scrutins organisés en 2018, 2020 et 2021 ont donné des majorités à la dépendance envers la France.

Alors voir aujourd’hui un gouvernement indépendantiste demander à Paris des financements à hauteur de 4,2 milliards d’euros pour son « plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction », ou PS2R, c’est un peu Vercingétorix déposant les armes devant César après la défaite d’Alesia ! Heureusement Louis Mapou devrait connaître un sort moins funeste que celui du chef gaulois qui aurait été étranglé dans les geôles de César. Il va d’ailleurs très certainement repartir dans le Pacifique avec ses sous bien que ce ne soit pas le meilleur moment compte tenu de la situation déplorable des finances de la République et la multiplicité des revendications en cours de toutes les corporations qui exigent « plus de moyens » en métropole comme dans tous les confettis de l’Empire.

On pourrait imaginer que le gouvernement calédonien indépendantiste soit gêné de venir ainsi demander aux contribuables métropolitains de financer la reconstruction de l’économie calédonienne dévastée par ses propres soutiens mais en réalité l’imaginaire kanak considère que la France est responsable de ce chaos politique et économique et qu’il est donc normal qu’elle paye pour en sortir. C’est une nouvelle fois la démonstration par l’absurde de l’absence totale d’espoir d’une solution autre que l’indépendance à long terme. La visite récente à Nouméa des présidents de l’assemblée nationale et du sénat en ce mois de novembre n’a évidemment abouti à rien sinon que ces deux personnalités ont soutenus le PS2R et les dépenses publiques qu’il nécessite…

Une visite qui ne va sans doute pas marquer l’histoire de la Nouvelle-Calédonie

La route vers l’indépendance est aujourd’hui coupée, mais il est nécessaire pour toutes les parties de la réparer et de s’y engager de nouveau. Tout est aujourd’hui détruit, l’économie comme l’espoir. Il semble que des départs définitifs de non-kanaks se produisent vers les pays avoisinants et la métropole, ce qui va dans le bon sens pour une évolution du corps électoral vers l’indépendantisme. Dans le même temps le Palika (parti de libération kanak), seul parti qui ose revendiquer ouvertement l’indépendance et auquel appartient M. Mapou, vient de se mettre « en retrait » du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) jugé non crédible pour « avancer dans le cadre de la décolonisation ». Des choses bougent (un peu) et du chaos ne peut sortir que la vision pour une Calédonie enfin indépendante.