Capacité de nuisance comorienne

Le ministre des affaires étrangères a répondu aujourd’hui à une question d’un parlementaire l’interrogeant sur des rumeurs de dîners en villes laissant penser que la République se préparerait à modifier le statut départemental de Mayotte pour tenter d’endiguer le flot irrépressible des migrants illégaux en provenance des îles des Comores. Une telle orientation aurait pour avantage de déférer à plusieurs recommandations de l’ONU demandant à la France d’accélérer le processus de négociation avec le Gouvernement comorien en vue de rendre rapidement effectif le retour de l’île de Mayotte dans l’ensemble comorien. Elle aurait par ailleurs comme résultat de mettre fin à la fiction de ce statut de département français qui n’a pas fini de faire souffrir.

Le ministre a expliqué également que l’Union des Comores refusait désormais de réadmettre ses citoyens, illégalement émigrés à Mayotte, département de la République française, et expulsés du territoire français. Cette situation montre par l’absurde qu’il n’est pas toujours facile d’expulser des personnes résidant illégalement en France, malgré les grandes envolées des conseilleurs conservateurs Macron-Le Pen et assimilés. Lorsque le pays d’origine ne veut pas reprendre ses ressortissants il est difficile de lui imposer. On se souvient des fameux « charters Pasqua », en 1986, du nom du ministère de l’intérieur du même nom qui dans un premier temps a fait rentrer les expulsés par des compagnies régulières, puis, lorsque celles-ci ne l’ont plus voulu car cela nuisait au confort de leurs passagers réguliers, sur ces compagnies charters avec des avions complets affrétés pour ce faire, puis, lorsqu’à leur tour les compagnies charter ont décliné, sur des avions de la République avant que l’un d’entre eux ne soit pris d’assaut et sérieusement endommagé par des citoyens maliens sans doute largement téléguidés par leurs dirigeants. Comme le ministre Pasqua n’a pas envisagé de parachuter les expulsés, ces expulsions ont été arrêtées et une négociation ouverte avec le gouvernement malien pour trouver une solution consensuelle.

Dans le cas des Comores, la France vient de décider de stopper la délivrance de visas aux citoyens comoriens voulant se rendre en France. C’est sans doute une façon de montrer ses muscles pour démarrer une négociation mais il ne va pas être facile de trouver un terrain d’entente, pourtant les deux parties auraient intérêt à rendre Mayotte à l’Union des Comores, sauf… les mahorais.

Madame la Députée,
J’ai déjà eu l’occasion de dire dans cet hémicycle que la rumeur sur la communauté d’archipels des Comores était sans fondement. Je vous le redis ici une nouvelle fois, très solennellement. Je regrette qu’un certain nombre d’acteurs continuent de répéter ces rumeurs par voie de presse. Nous ne transigerons pas sur le statut de Mayotte au sein de la République française, je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, je vous le redis.
Nous avons aussi été amenés à condamner ici et publiquement les mesures qui ont été prises par les Comores le 21 mars dernier pour interdire les reconduites de Comoriens entrés illégalement à Mayotte. Ces pratiques sont inacceptables.
Face au blocage que nous avons pu constater sur la réadmission depuis le 21 mars et face à la poursuite des arrivées de migrants irréguliers à Mayotte, nous avons décidé de suspendre la délivrance des visas demandés par les Comoriens vers la France depuis le 4 mai dernier, jusqu’à nouvel ordre.
Ceci n’empêche pas le dialogue et la discussion avec les autorités comoriennes – que je poursuis moi-même directement – afin que ce dialogue permette de lutter conjointement et efficacement contre les filières d’immigration illégale, et que nous puissions aboutir à des actions concrètes de développement aux Comores.
J’espère que la confiance et le dialogue que nous souhaitons permettront d’aboutir à ces résultats le plus rapidement possible.
Sachez que nous ne transigerons pas sur le statut de Mayotte au sein de la République française.

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