Sortie : 1947, Chez : Gallimard.
La relecture de « La Peste » d’Albert Camus est de circonstance alors que la planète Terre est en train de gérer une pandémie sans précédent. Le romancier situe son histoire dans la ville d’Oran en Algérie en 194?. Il semble que des épidémies de peste aient effectivement eut lieu en Algérie en 1944 à Alger et en 1945 à Oran, mais que Camus réfléchissait à ce sujet avant l’apparition de ces maladies.
Le Dr Rieux est le héros du roman. Il habite en ville avec sa vieille mère alors que son épouse a quitté la ville pour soigner sa tuberculose dans un sanatorium. Généraliste bienveillant, il soigne ses patients avec engagement et affection lorsqu’il constate des morts mystérieuses, d’abord des rats qui envahissent la ville puis des habitants qui y résident, sur lesquelles il va assez rapidement poser le diagnostique de la peste, maladie effrayante pour la population et l’administration.
Il lui faudra convaincre les autorités de la ville de la réalité de cette épidémie, qui à leur tour devront ensuite en référer à Alger. Et puis la décision arrive : il faut fermer la ville jusqu’à nouvel ordre. C’est ce qui est fait et le Dr Rieux, avec son dévouement naturel se consacre à ses concitoyens avec lesquels il partage la souffrance, la mort et, parfois, l’espoir. Fin observateur de la comédie humaine il découvre le meilleur comme le pire qui sied à ce genre de drame humain. On apprendra au dernier chapitre que le Dr Rieux est le rédacteur de cette chronique d’un désastre et que sa femme ne reviendra pas à Oran car elle est décédée dans son sanatorium. Il croque avec douceur les comportements des hommes face à l’enfermement et le risque vital. Il y a bien sûr ceux qui profitent de la situation, ceux qui compromettent avec l’ennemi, ceux qui se battent contre lui et ceux qui meurent.
Comme toujours le style de Camus est lumineux et profond. Avec minutie et tendresse il observe et restitue les comportements des hommes. Avec hauteur et subtilité il en tire une philosophie sur l’Humanité.
Quelques années après sa parution il a suggéré que « La Peste » était peut-être une allégorie sur l’occupation allemande dont la France sortait à peine lors de sa parution. On peut aussi lire ce roman à l’aune de cet éclairage, le rapprochement n’est pas mal choisi. Il est par contre fort peu question dans le roman des populations arabes de cette ville…, « La Peste » pourrait aussi être interprétée comme une métaphore de la colonisation ! Quoi qu’il en soit elle nous dit ce que nous sommes face au mal, et c’est une leçon universelle.